AZF : nouveau procès pour lever le doute

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avec agences , modifié à
Le procès en appel de la catastrophe AZF s’ouvre jeudi à Toulouse pour quatre mois.

4 mois de procès, 2.700 parties civiles, 180 témoins, 50.000 pages de dossier d'instruction. Le procès en appel de la catastrophe AZF s'ouvre jeudi à Toulouse, deux ans après la relaxe au bénéfice du doute du directeur de l'usine Serge Biechlin et de la société Grande Paroisse, filiale du groupe Total, poursuivis pour homicides involontaires par négligence ou manquement à une obligation de sécurité.

Repartir de zéro

Pour lever le doute sur les causes de l'explosion qui a fait 31 morts et des milliers de blessés le 21 septembre 2001, la cour d'appel va repartir de zéro et tout réexaminer, la sécurité de l'usine, la piste chimique, mais aussi celle de l'acte volontaire, écartée par le tribunal en première instance.

La thèse privilégiée par la justice est un accident chimique lié à des négligences, mais certains ex-salariés proches de la défense feront valoir que la piste criminelle a été trop rapidement écartée, appelant même à la barre l'ancien juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière.

En première instance, le tribunal a relevé "les défaillances organisationnelles de l'exploitant". Il a dit sa "conviction que les experts judiciaires (approchaient) de la vérité" en expliquant l'accident par l'apport malencontreux d'un produit chloré sur le tas de nitrate d'ammonium (engrais ou explosif minier) stocké dans le hangar qui a explosé. Mais il a relaxé les prévenus, le directeur de l'usine Serge Biechlin et la société Grande Paroisse, filiale du groupe Total, en l'absence de preuve matérielle du mélange, estimant qu'"en matière pénale, il faut un lien de causalité certain" entre la faute et le dommage.

L'espoir que "la cour soit lucide"

Les audiences dureront quatre mois. "J'attends de ce procès une confirmation de la relaxe de mes clients" a déclaré Maître Daniel Soulez-Larivière, l'un des avocats des prévenus. "En principe, il ne devrait rien y avoir de nouveau dans ce second procès. Mais s'il peut faire progresser cette affaire, il aura été utile" a t-il ajouté.   
     
Me Stella Bisseuil, avocate d'une des principales associations de familles de victimes, espère une autre analyse du dossier AZF. "C'est vrai qu'il n'y a pas de choses vraiment nouvelles dans le dossier mais nous espérons que la cour sera lucide et clairvoyante sur la stratégie souvent grossière de la défense" a-t-elle confié, à la veille de l'ouverture du procès en appel.