11-Novembre : Emmanuel Macron enjoint les dirigeants internationaux à "faire le serment de placer la paix plus haut que tout"

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Anaïs Huet , modifié à
Près de 70 chefs d'Etat et de gouvernement se sont réunis dimanche à Paris pour célébrer le centenaire de l'armistice de la Grande Guerre, un rassemblement hors norme qu'Emmanuel Macron a voulu mettre à profit pour vanter le multilatéralisme dans les relations internationales.

Donald Trump, Angela Merkel, Vladimir Poutine, Benjamin Netanyahou, Recep Tayyip Erdogan, Justin Trudeau, Mohammed VI… Près de 70 chefs d'Etat et de gouvernement de tous les continents se sont réunis dimanche à Paris pour célébrer le centenaire de l'armistice de la Grande Guerre. La cérémonie a démarré à 11 heures, heure à laquelle le cessez-le-feu a été officiellement déclaré le 11 novembre 1918.

Une cérémonie hors norme que vous avez pu suivre en direct avec Wendy Bouchard et tous nos correspondants sur place, dès 10 heures sur Europe 1.

Les principales informations à retenir :

  • Environ 70 dirigeants internationaux ont commémoré dimanche le centenaire de l'armistice aux côtés d'Emmanuel Macron
  • Trois Femen ont réussi à tromper la sécurité et ont fait irruption devant le convoi américain sur les Champs-Elysées
  • Dans son discours, le président français a souligné qu'entre 1914 et 1918, "l'Europe a manqué de se suicider" et que "l'histoire menace parfois de reprendre son cours tragique".

Du Palais présidentiel aux Champs-Elysées

Entre 9 heures et 9h45, les dizaines de dignitaires sont arrivés à l'Elysée. Contrairement à ce qui était annoncé, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s'est bien rendu à l'Elysée. Il a été accueilli vers 9h40 sur le perron du palais présidentiel par Emmanuel Macron et son épouse Brigitte. Le président Recep Tayyip Erdogan et son épouse sont quant à eux arrivés vers 10h10 à l'Elysée. La chancelière allemande Angela Merkel a été la dernière dirigeante internationale à arriver, à 10h30. Pour des raisons de sécurité, Vladimir Poutine et Donald Trump se sont rendus directement sur les Champs-Elysées avec leurs propres véhicules.

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La marche des chefs d'Etats sur les Champs-Elysées. À 11 heures, la majorité des dirigeants internationaux sont partis ensemble, dans des bus spécialement affrétés, vers l'Arc de Triomphe, en haut de la célèbre avenue des Champs-Elysées, sous lequel gît le Soldat inconnu et brûle perpétuellement sa flamme du souvenir, rappelant l'ampleur d'un conflit aux 18 millions de morts. Ils ont parcouru les cent derniers mètres à pied, rappelant l'image d'unité qu'ils affichaient au même endroit, le 11 janvier 2015, lors de la marche en hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo.

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Vladimir Poutine - dont l'avion avait du retard - et Donald Trump sont arrivés quelques minutes plus tard et ont pris place dans la tribune abritée, installée au pied de l'Arc de Triomphe, dans laquelle étaient déjà installés les dirigeants internationaux. 

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L'hommage aux soldats. Après La Marseillaise, Emmanuel Macron, le Premier ministre Edouard Philippe et Florence Parly, ministre des Armées, ont passé en revue les troupes sous une pluie battante.

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Le célèbre violoncelliste américain Yo-Yo Ma a interprété la Sarabande de la Suite n°5 pour violoncelle en do mineur de Jean-Sébastien Bach. Des lycéens ont ensuite lu des lettres de soldats et de femmes de soldats datant de 1918, en anglais, en allemand, et en français. La chanteuse Angélique Kidjo a elle rendu hommage aux troupes coloniales avec le titre Blewu, composé par la chanteuse togolaise Bella Bellow en langue mina. Il s'agit d’un chant de gratitude pour le dévouement d’autrui et aussi de célébration du vivre ensemble.

Dans son discours, Emmanuel Macron appelle à la vigilance et à l'unité pour l'avenir

À 11h45, Emmanuel Macron a commencé son discours en rendant hommage aux soldats "héroïques" tombés pendant la Grande Guerre. "Le 11 novembre 1918, à 11 heures du matin, il y a cent ans, jour pour jour, heure pour heure, à Paris, comme dans toute la France , les clairons ont retenti. C'était l'armistice, la fin de quatre années de longs combats meurtriers", a-t-il déclaré. "Durant ces quatre années, l'Europe manqua de se suicider", a-t-il poursuivi.

"Aux larmes des mourants succédèrent celles des survivants. Sur le sol de France, le monde entier était venu combattre. Les millions de témoins de toutes les nations racontèrent l'horreur des combats, la puanteur des tranchées… Beaucoup de ceux qui sont rentrés avaient perdu leur jeunesse, leurs idéaux, leur goût de vivre. Beaucoup étaient défigurés, aveugles, amputés. Vainqueurs et vaincus furent plongés pendant longtemps dans le même deuil", a affirmé Emmanuel Macron.

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"L'histoire menace parfois de reprendre son cours tragique. Que ce jour anniversaire soit le jour où se renouvelle l'éternelle fidélité à nos morts", a noté le président français, qui a appelé à la vigilance sur le repli identitaire. S'adressant aux dirigeants internationaux installés de part et d'autre, Emmanuel Macron a enjoint : "Faisons ce serment de placer la paix plus haut que tout. Nous tous, dirigeants politiques, nous devons réaffirmer devant le peuple notre véritable, notre immense responsabilité, celle de transmettre le monde dont les générations d'avant ont rêvé. (…) Additionnons nos espoirs au lieu d'opposer nos peurs."

Le discours, qui a duré un peu plus de 15 minutes, s'est achevé par le Bolero de Ravel, joué par The European Union Youth Orchestra.

La flamme ravivée. Le Président de la République, les dignitaires étrangers et les lycéens présents dans la tribune officielle ont enfin rendu hommage au Soldat inconnu. Emmanuel Macron, tenu par l'épaule par les lycéens, a ravivé la flamme.

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La cérémonie s'est terminée peu après 12h30. Les dirigeants internationaux ont ensuite rejoint les bus pour rentrer à l'Elysée où ils ont déjeuné aux côtés d'Emmanuel et Brigitte Macron.

Un dispositif de sécurité important

1.500 personnes réunies contre Trump à Paris. Plus d'un millier de personnes ont protesté dans le calme dimanche à Paris contre la présence du président américain aux commémorations du 11-Novembre, lors d'un rassemblement place de la République. Pendant près de trois heures, les manifestants ont dénoncé sa venue dans la capitale, rassemblés sous un ballon géant représentant Donald Trump comme un bébé grincheux en couche-culotte. Sous haute surveillance, l'événement s'est déroulé "sans aucun incident", selon la préfecture de police. Les autorités s'attendaient à des "débordements" et avaient mis en place un important dispositif de sécurité. Elles craignaient la participation de "200 à 400 activistes violents" en marge des commémorations. 

Trois Femen forcent un passage de sécurité. Avant cette manifestation, trois militantes Femen sont parvenues dans la matinée à forcer la sécurité au passage de la berline de Donald Trump dans le convoi officiel des chefs d'État sur les Champs-Élysées, mettant à mal l'important dispositif déployé par les forces de l'ordre pour les commémorations. L'incident a été diffusé en direct pendant un événement mondial sur fond de menace terroriste persistante alors que près de 10.000 policiers, gendarmes et pompiers ont été déployés pour sécuriser la capitale. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a réagi à cet incident en assurant que "la sécurité du cortège et du président des États-Unis n'a été en rien menacée". Les trois militantes étaient "sans arme et sans menace", a-t-il précisé. 

Le Forum sur la paix, dernière étape du marathon

À la Grande halle de la Villette, dans l'est parisien, chefs d'Etat et de gouvernement, mais aussi représentants d'ONG, entrepreneurs, membres de la société civile, se sont retrouvés pour débattre de la gouvernance mondiale, avec là encore un message politique clair en faveur du multilatéralisme, ce socle idéologique des relations internationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après une brève prise de parole d'Emmanuel Macron, qui a rappelé que ce forum "a vocation à se reproduire chaque année, pour promouvoir des actions concrètes" pour la paix, la chancelière allemande a inauguré le Forum

"Le projet de paix européen remis en question". "La paix que nous avons aujourd'hui, qui nous paraît parfois par trop évidente, cette paix est loin d'être une évidence, et il faut que nous nous battions pour elle (...) Nous voyons bien que la coopération internationale, et même le projet de paix européen sont de nouveau remis en question, car certains sont prêts à faire prévaloir leurs intérêts propres, fût-ce par le recours à la violence", a souligné Angela Merkel, ajoutant que sur la seule journée de samedi 222 conflits violents ont été dénombrés à travers le monde.

Rappelant que la "Première Guerre mondiale nous a montré les conséquences funestes de l'isolationnisme", la chancelière allemande a vanté les mérites des Nations unies et prôné une "action commune" pour "combattre la menace" que représente selon elle la montée du nationalisme et du populisme. "Je ne me fais pas d'illusions, ce sera un chemin ardu, mais si on peut s'y atteler tous ensemble, nous devons saisir cette chance", a-t-elle appelé de ses vœux.

Donald Trump n'assiste pas au Forum. Donald Trump a de son côté choisi de ne pas assister au Forum et s'est rendu dimanche après-midi au cimetière américain de Suresnes, où il a rendu hommage aux "courageux Américains qui ont donné leur dernier souffle" en combattant pendant la Première Guerre mondiale.