Peau visage crème cosmétique 4:24
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Benjamin Lévêque, édité par Romain David
Rougeurs, irritations, boutons, tâches... une peau abîmée est bien souvent une peau dont la principale barrière naturelle contre les agressions extérieures est en mauvais état. Cette barrière, c'est "le microbiote cutané", une flore microbienne qui recouvre notre épiderme et participe à son renouvellement. De plus en plus de marques de soins travaillent à sa préservation.
DÉCRYPTAGE

On parle souvent du microbiote qui vit dans nos intestins, mais plus rarement des 10.000 milliards de micro-organismes qui colonisent notre peau, c’est-à-dire du "microbiote cutané". On y retrouve des moisissures, des levures, des acariens et des bactéries. Bref, un agglomérat de charmantes bestioles qui pèserait à lui seul entre 2 et 3 kilos, donc plus que notre cerveau ! Mais derrière cet aspect peu ragoûtant, le microbiote joue un rôle essentiel dans la préservation de notre peau, à tel point qu'il intéresse de plus en plus les fabricants de cosmétiques et de soins de la peau, qui y voient une pierre angulaire de la lutte contre le vieillissement.

Ce microbiote représente la première ligne de défense de la peau. "Le microbiote vit en parfaite intelligence, en parfaite synergie avec la peau. Les bonnes bactéries vont se nourrir de nos sécrétions de sébum ou des déchets de cellules. Et en échange, elles vont nous défendre contre les mauvaises bactéries, mais aussi nous aider à cicatriser, à avoir une barrière cutanée vraiment intègre et plus forte", explique auprès d'Europe 1 Sophie Stobel, responsable scientifique pour la marque Paula’s Choice, spécialisée dans les soins de la peau.

Comment se détériore le microbiote cutané ?

Ce microbiote cutané est présent dès la naissance, mais il ne va cesser d'évoluer au cours de la vie. Il est notamment soumis à de nombreux facteurs de déséquilibre, comme la pollution ou les UV. Le tabagisme, le stress, les antibiotiques, les produits ménagers, ou encore les solutions hydroalcooliques que nous utilisons quotidiennement avec la crise du Covid-19, peuvent également impacter sa composition. Toutes ces agressions extérieures vont créer des failles dans la flore cutanée et donc la rendre moins efficace.

Et c’est là que les mauvaises bactéries vont prendre le dessus, ce qui va se traduire par l'apparition de boutons, de tâches et de bien d’autres imperfections.

Peut-on facilement rééquilibrer son microbiote cutané?

Depuis quelques années des laboratoires cosmétiques travaillent sur ce problème, mais contrairement au microbiote intestinal, où il suffit de manger des aliments fermentés, comme des yaourts, pour recoloniser nos intestins avec de bonnes bactéries, il n'est pas possible d'intégrer des bactéries vivantes dans la composition des soins de la peau et des produits de beauté. 

Depuis peu, on trouve néanmoins des crèmes avec des prébiotiques, qui sont la nourriture des bactéries que l'on va chercher à préserver. "En gros, c'est comme si la bonne bactérie était un peu bec sucré et quand on lui apporte des probiotiques, qui sont souvent des sucres complexes, on la nourrit préférentiellement, ce qui lui permet de se développer au détriment des mauvaises bactéries", résume Sophie Strobel. On retrouve ces prébiotiques dans des sérums, des crèmes de jour ou de nuit, des lotions, bref des soins cosmétiques qui ont vocation à rester longtemps sur la peau.

L'autre avantage de ces prébiotiques, c’est qu’ils évitent d'ajouter des conservateurs dans les compositions. "Ils ont des capacités d'auto-conservation des formules, ce qui nous permet d'éviter les conservateurs synthétiques dont on sait aujourd'hui qu'ils ont un effet négatif sur la peau. Ils sont notamment impliqués dans le développement des allergies et de la sensibilité cutanée", pointe, également auprès d'Europe 1, Pascale De Lomas, la-co-fondatrice de la marque Biosme.

Comment l'entretien du microbiote prévient les problèmes cutanés plus sévères ?

Résultat : moins de boutons, moins de tâches, et surtout une peau plus saine, ce qui peut, par voie de conséquence, conduire à lutter contre certaines maladies de peau comme l’eczéma. "Beaucoup de dermatoses inflammatoires, c'est-à-dire de maladies inflammatoires de la peau, peuvent être en partie liées à un dérèglement de la flore cutanée. Certains micro-organismes ou certaines bactéries, en devenant prédominantes, entretiennent ou aggravent l'inflammation cutanée", explique la dermatologue Marie Jachiet. "En restaurant l'équilibre du microbiote cutané, on va pouvoir diminuer l'inflammation et donc améliorer les maladies inflammatoires de la peau, comme l'eczéma et le psoriasis." 

Quels sont les réflexes à adopter au quotidien pour préserver le microbiote cutané ?

Pour préserver le microbiote cutané, il faut d'abord ne pas se laver à l'excès, et surtout utiliser des produits lavant avec un pH neutre. "Ils auront le moins d'impact possible sur votre microbiote cutané. À l'inverse, les savons naturels doivent être utilisés avec parcimonie parce qu'ils ont souvent un pH très élevé", recommande Pascale de Lomas. "Autre chose qu'il faut éviter, ce sont les produits dans lesquels il y a trop d'alcool. L'alcool est un puissant antibactérien, il détruira les bonnes bactéries que vous avez sur la peau."

Il faut également bannir l’eau très chaude qui perturbe la flore cutanée, ne pas abuser des gommages et renoncer aux démaquillants trop détergents.