L'ibuprofène potentiellement nocif pour la fertilité masculine

L'ibuprofène est un anti-inflammatoire en vente libre sous de nombreuses appellations dont Advil, Antarène ou Nurofen. Image d'illustration.
L'ibuprofène est un anti-inflammatoire en vente libre sous de nombreuses appellations dont Advil, Antarène ou Nurofen. Image d'illustration. © JACK GUEZ / AFP
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avec AFP , modifié à
Selon une étude franco-danoise, la prise importante d'ibuprofène peut provoquer un dérèglement dans le fonctionnement des testicules. 

Des prises très régulières d'ibuprofène, un médicament répandu contre la douleur ou la fièvre, pourraient être nocives pour la fertilité masculine, avance une étude menée notamment auprès de sportifs et publiée par la revue américaine PNAS.

Une étude sur des sportifs. "Attention à la prise soutenue d'ibuprofène chez l'homme", concluent des chercheurs français (de l'Inserm) et danois, qui ont examiné 31 sportifs âgés de 18 à 35 ans. L'ibuprofène est un anti-inflammatoire non stéroïdien en vente libre dans de nombreux pays, sous de nombreuses appellations dont Advil, Antarène ou Nurofen. Il est prisé de nombreux sportifs, qui cherchent dans cette substance autorisée un effet antidouleur. Mais il peut être nécessaire pour certains patients comme les arthritiques.

Dérèglements des testicules. Près de la moitié (14) des hommes suivis dans l'étude ont pris ce médicament quotidiennement, et les autres (17) un placebo. "La prise prolongée à des doses importantes d'ibuprofène (1200 mg/jour pendant six semaines) exerce chez les jeunes hommes des effets perturbateurs endocriniens sévères conduisant à un état appelé 'hypogonadisme compensé'", ont affirmé les chercheurs dans un communiqué de l'Inserm. L'hypogonadisme compensé est un dérèglement dans le fonctionnement des testicules : un déficit en testostérone est contrebalancé par la suractivité d'autres hormones venues de l'hypophyse située à l'intérieur du crâne.

Des "bénéfices pas prouvés". "Le but n'est pas d'alarmer la population. Il est de dire que des hommes jeunes, qui prennent beaucoup d'ibuprofène sur de longues périodes, méritent de savoir que cela provoque des déséquilibres hormonaux", a expliqué Bernard Jégou. "Les bénéfices, par exemple pour un marathonien qui va en prendre avant et après l'épreuve, ne sont pas prouvés sur la performance ni sur la résistance à la douleur. En revanche, les risques pour sa santé sont avérés", a-t-il ajouté.

"Continuer à en prendre". L'étude laisse toutefois quelques questions importantes en suspens : l'effet persiste-t-il si la prise d'ibuprofène s'arrête ? Et chez un sujet sain et jeune, l'ibuprofène perturbe-t-il sur le long terme la production de spermatozoïdes ? Un professeur britannique d'andrologie cité par Science Media Centre, Allan Pacey, a estimé que si l'étude avait des mérites, le lien avec une potentielle baisse de la fertilité restait "actuellement de l'ordre de la spéculation". "J'exhorterais les hommes qui ont besoin de prendre de l'ibuprofène à continuer", a-t-il dit. Bernard Jégou l'a reconnu. Selon lui, "il y a besoin de pousser les études pour savoir si ces effets commencent à des doses moins élevées, ce qui serait ennuyeux, et quelle incidence ils auraient sur la fertilité".