VIDÉOS - Affaire Benalla : l'audition de Gérard Collomb à l'Assemblée en six déclarations

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Gérard Collomb a notamment expliqué qu'il ignorait, jusqu'au 2 mai, qu'Alexandre Benalla était un conseiller d'Emmanuel Macron. © GERARD JULIEN / AFP
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Romain David avec AFP , modifié à
Le ministre de l'Intérieur à répondu lundi aux questions des députés de la commission des lois sur l'affaire Benalla, impliquant un proche conseiller d'Emmanuel Macron pour des violences commises sur des manifestants le 1er mai.

Les vidéos montrant Alexandre Benalla, un proche collaborateur d'Emmanuel Macron, en train de frapper et malmener des manifestants le 1er mai à Paris n’en finissent plus d’agiter la classe politique. Lundi, le ministre de l’Intérieur était invité à s’expliquer devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, alors même qu’Alexandre Benalla a été mis en examen la veille pour "violences en réunion, usurpation de fonction publique, port sans droit d'insignes réglementés, recel de détournement d'images de vidéosurveillance et recel de violation du secret professionnel". Devant les députés, le locataire de la place Beauvau s’est défendu de tout manquement personnel dans la gestion de cette affaire, déjà qualifiée par l’opposition de "scandale d'Etat". Europe 1 vous liste les déclarations marquantes de Gérard Collomb pendant l'audition à l'Assemblée. 

"Je n'ai jamais été informé" de la présence d’Alexandre Benalla aux côtés des CRS le 1er mai 

Gérard Collomb a assuré ne pas avoir été prévenu avant le 1er mai de la présence d'Alexandre Benalla, mais aussi de Vincent Crase, un réserviste salarié de La République en marche et ponctuellement employé par l’Elysée, comme observateurs aux côtés des forces de l'ordre déployées pour gérer la manifestation du 1er mai. "Je n'ai jamais été informé. Je n'ai constaté qu'a posteriori qu'effectivement les deux observateurs [...] étaient présents sur les lieux et s'étaient rendus ensuite, d'ailleurs de manière à mon avis inopportune, dans la salle de commandement où j'étais allé regarder avec le préfet de police la suite des opérations", a déclaré le ministre de l'Intérieur.

"J’ignorais sa qualité de conseiller du président de la République"

Chargé d’assurer la sécurité d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, Alexandre Benalla est devenu par la suite adjoint au chef de cabinet du président de la République. "Je l’avais rencontré, mais j’ignorais sa qualité de conseiller du président de la République. La dernière fois que j’ai croisé Alexandre Benalla devait être à l’occasion de la Coupe du monde de football", a plaidé Gérard Collomb. "Je croyais même qu'il faisait plutôt parti des services de police", a-t-il reconnu. 

Alexandre Benalla aurait en effet été chargé "de la logistique des bagages" lors du retour des Bleus à Paris, à en croire des déclarations de Christophe Castaner à BFM TV.

"J’ai pris connaissance le 2 mai de la vidéo enregistrée"

Le ministre de l’Intérieur a expliqué n’avoir été informé de l’existence d’une vidéo accablant Alexandre Benalla pour sa participation aux événements du 1er mai que le lendemain, "en début d’après-midi", par l’entremise de son directeur et de son chef de cabinet. "La personne qui aurait averti mon directeur de cabinet est le chargé de mission des réseaux sociaux à l'Élysée, qui a vu la vidéo", a-t-il encore précisé. Gérard Collomb indique n'avoir appris qu'à cette occasion "la qualité" du conseiller d’Emmanuel Macron.

"Ce n'est pas au ministre qu'il appartient" de saisir la justice

"Je considère que c'est à ceux qui sont en responsabilité dans leurs administrations, au plus près du terrain, de recueillir les éléments permettant de justifier la transmission d'un signalement au titre de l'article 40 de le faire", a justifié Gérard Collomb, soulignant qu’Alexandre Benalla ne relevait pas de la responsabilité du ministère de l'Intérieur, et que le cabinet du président de la République avait été aussitôt informé.

Il est reproché au ministre un manquement à l'article 40 du Code de procédure pénale, qui dispose que "toute autorité constituée" doit signaler auprès de la justice "un crime ou d'un délit" dont elle a eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions. "Je m’inscris dans la lignée de mes prédécesseurs qui ne l’ont pour la plupart utilisé que pour des délits relatifs à la loi de 1881 sur la liberté de la presse", a fait-valoir Gérard Collomb.

Alexandre Benalla autorisé à porter une arme "par le préfet" et non par le ministère 

Alexandre Benalla a été autorisé à porter une arme "par un arrêté du préfet de police", sans que le cabinet du ministre de l'Intérieur "n'en ait été avisé", a déclaré Gérard Collomb. "Monsieur Benalla a sollicité à plusieurs reprises les services du ministère de l'Intérieur pour obtenir une autorisation de port d'arme, la première fois en 2013, en janvier 2017 - donc avec mes prédécesseurs - et enfin en juin 2017 auprès de mon cabinet", a déclaré le ministre de l'Intérieur. Des demandes qui ont toutes été refusées car il "ne remplissait pas les conditions requises - l'exposition à des risques exceptionnels d'atteinte à sa vie -, pour se voir délivrer une telle autorisation ministérielle", a poursuivi Gérard Collomb.

"Toutefois, par un arrêté du préfet de police du 13 octobre 2017, monsieur Benalla s'est vu délivrer une autorisation de port d'arme sur un autre fondement du Code de la sécurité intérieure, sans que mon cabinet n'en ait été avisé. Je l'ai découvert mercredi dernier", a-t-il assuré.

Gérard Collomb a parlé de l’affaire "le moins possible" avec Emmanuel Macron

Réputé très proche du président de la République, Gérard Collomb aurait déjeuné samedi avec ce dernier et la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, selon des informations d’Europe 1. "Ai-je rencontré le président dans le week-end ? Oui. Avons-nous parlé de l’affaire ? Le moins possible. Nous avons surtout discuté de la réforme constitutionnelle", a rapporté le ministre de l’Intérieur lors de son audition. Une réponse qui n’a pas manqué de susciter des rires chez les députés de la commission des lois.