Terrorisme, blocages, manifestations : Beauvau sous pression

Bernard Cazeneuve doit gérer un climat social tendu et l'approche de l'Euro de football.
Bernard Cazeneuve doit gérer un climat social tendu et l'approche de l'Euro de football. © FRANÇOIS GUILLOT / AFP
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M.B. et Antonin André
SÉCURITÉ - Au ministère de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve doit gérer une multitude de dossiers brûlants, de la sécurité de l'Euro aux risques d'embrasement du conflit social.

Nuit debout au ministère de l'Intérieur. Bernard Cazeneuve ne dort plus et son cabinet ne le fait que d'un œil. Entre les violences des "Black Blocs", qui ciblent la police pendant les manifestations anti-loi Travail, le bras de fer avec la CGT qui se poursuit et engendre, jeudi, des mobilisations dans toute la France, Beauvau est sous pression. Les déblocages de raffineries et de dépôts de carburant, voire des centrales nucléaires, sont venus s'ajouter, cette semaine, à des missions à risque déjà nombreuses. Embrasement, incident, bavure, policiers blessés... Le ministère de l'Intérieur craint des dérapages.

Risques liés à l'Euro. Sans compter que ces incidents récents ne font pas disparaître les tâches quotidiennes qui incombent aux forces de l'ordre et du renseignement, notamment la surveillance de la menace terroriste et la gestion des migrants de Calais. À partir du 10 juin, avec le coup d'envoi de l'Euro, Beauvau s'apprête même à connaître l'enfer et le purgatoire. "Les rapports quotidiens des policiers chargés du renseignement doivent donner la migraine à Bernard Cazeneuve", glisse un dirigeant de syndicat de police, qui voit arriver la compétition de football avec appréhension.

De fait, dans un contexte de conflit social, l'Euro est un cauchemar pour des forces de l’ordre exsangues. Depuis les attentats du 13 novembre, les heures supplémentaires accumulées dans la police se chiffrent en millions. Pour "nécessité de service", les fonctionnaires de police sont priés d'éviter de prendre des congés entre le 10 juin et le 24 juillet. Car, outre l'Euro, il ne faut pas oublier que le Tour de France doit être sécurisé.

Cazeneuve, révélation du quinquennat. Cette pression est un enjeu politique pour Bernard Cazeneuve. Le patron de Beauvau est, selon François Hollande, "l'une des révélations, si ce n'est la révélation" du quinquennat, plus encore qu'Emmanuel Macron. Aux Affaires européennes, au Budget comme à l'Intérieur, le ministre n'a pas commis d'erreur. Même la droite loue sa compétence et vote ses lois sur la sécurité. Inconnu avant 2012, Bernard Cazeneuve est aujourd'hui l'homme en qui le président a le plus confiance dans son entourage direct. Plus encore que Manuel Valls, ce qui en fait un premier ministrable.

Différence de style. La plupart des proches de François Hollande considèrent en effet que le ministre de l'Intérieur ferait un excellent Premier ministre en fin de mandat pour calmer le climat social. Tout l'opposé de Manuel Valls. Le bras de fer entre l'exécutif et la CGT est d'ailleurs l'occasion d'observer la différence de style entre les deux hommes. La tâche de Bernard Cazeneuve est rendue très délicate car, pendant qu'il fait tout pour éviter l'embrasement, le Premier ministre, lui, n'hésite pas à lancer des bidons d'essence sur un syndicat déjà en fusion.