Selon Aymeric Chauprade, Marine Le Pen a demandé aux eurodéputés FN d'embaucher des assistants à leur place

D'après Aymeric Chauprade, Marine Le Pen a affirmé aux nouveaux eurodéputés FN que "les élus ne seront pas tenus de reverser une partie de leurs rémunérations au parti".
D'après Aymeric Chauprade, Marine Le Pen a affirmé aux nouveaux eurodéputés FN que "les élus ne seront pas tenus de reverser une partie de leurs rémunérations au parti". © AFP
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avec AFP , modifié à
Dans une interview à "L'Express" parue vendredi, l'ancien chef de la délégation des eurodéputés FN explique comment Marine Le Pen a géré l'affaire des assistants parlementaires. 

Aymeric Chauprade, eurodéputé ex-FN, assure à L'Express que Marine Le Pen a demandé en juin 2014 aux nouveaux eurodéputés FN de lui "donner une délégation pour embaucher des assistants parlementaires" à leur place, des emplois qui font l'objet actuellement d'une information judiciaire.

Une logique "d'emplois fictifs".D'après cet élu, qui a quitté le FN avec fracas en novembre 2015, Marine Le Pen, lors d'une réunion au Parlement européen à Bruxelles, a affirmé aux nouveaux eurodéputés FN que "les élus ne seront pas tenus de reverser une partie de leurs rémunérations au parti". "Mais c'est à une condition", aurait dit Marine Le Pen, d'après Aymeric Chauprade: " 'Vous n'avez pas besoin de plus d'un assistant dédié à vos tâches parlementaires, explique-t-elle. Vous allez me donner une délégation pour embaucher des assistants' qui, clairement, serviront directement au parti".

"Tout le monde comprend, quand on a un minimum de culture générale, que l'on est dans une logique d'emplois fictifs, même si ce n'est pas dit explicitement", ajoute cet ex-proche de Marine Le Pen, qui l'a conseillée pendant plusieurs années sur les affaires internationales.

"Une discipline quasi-stalinienne" au FN. Lors d'une réunion suivante, le 30 juin à Strasbourg, à l'occasion d'une plénière, Marine Le Pen demande aux députés de remettre à son collaborateur Charles Van Houtte une procuration qui permet de recruter des assistants au nom des députés (...). Certains ont grincé des dents, mais il y a une discipline quasi-stalinienne dans ce parti", accuse encore Aymeric Chauprade. "Deux députés vont alors refuser ce système: Jean-Luc Schaffhauser et moi-même. C'est après, en tête-à-tête, que je dirai à Marine que je n'accepte pas ce principe-là. De mon point de vue, c'est illégal. Mes assistants seront dédiés à mon activité parlementaire. Elle l'accepte", poursuit celui qui soutient désormais François Fillon.

"Si on m'avait demandé une délégation, j'aurais refusé". "Marine Le Pen ne m'a jamais demandé une délégation" de ce type, a indiqué Jean-Luc Schaffhauser, qui assure aussi n'avoir pas de "souvenir" de la réunion évoquée par Aymeric Chauprade. "C'était pas une question de refuser de rentrer dans une combine, c'est plutôt que je ne suis pas membre du parti, donc je suis libre" à propos du choix de ses assistants parlementaires ou de son tiers-payant, chargé de rémunérer les assistants parlementaires européens locaux avec les fonds de l'UE, a insisté Jean-Luc Schaffhauser. "Si on m'avait demandé une délégation, j'aurais refusé, vu le règlement du Parlement européen", remarque-t-il.

Témoin de "blagues sur l'Holocauste". Aymeric Chauprade accuse par ailleurs Frédéric Chatillon, ami de Marine Le Pen et homme-orchestre de l'organisation logistique des campagnes de Marine Le Pen, d'avoir "une lecture de l'Histoire complètement antisémite, qu'il maquille par de l'antisionisme".

"J'ai été témoin de blagues sur l'Holocauste dans les fêtes, dans les soirées" assure-t-il au sujet du groupe des "gudards", les ex-dirigeants ou proches du syndicat étudiant d'extrême droite GUD, Frédéric Chatillon ou Axel Loustau, conseiller régional FN francilien. "Aymeric Chauprade a quitté le FN juste avant d'être viré suite à son implication dans l'évasion des pilotes d'Air Cocaïne. Rien de politique," a répondu Frédéric Chatillon sur Twitter.