Plagiat de Marine Le Pen : "la polémique met en relief un discours qui serait passé inaperçu"

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Dans son discours de Villepinte, le 1er mai, Marine Le Pen a plagié plusieurs extraits d'un ancien discours de François Fillon. © Lionel BONAVENTURE / AFP
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Anaïs Huet , modifié à
Si sur le plan juridique, Marine Le Pen ne risque absolument rien après son plagiat du discours de François Fillon, qu'en est-il au plan politique ?

Mot pour mot. Lundi, lors de son meeting de Villepinte, Marine Le Pen a copié-collé au moins quatre passages d'un discours prononcé mi-avril par François Fillon, le candidat de la droite et du centre éliminé au premier tour de l'élection présidentielle. C'est Ridicule TV, l'équipe web de l'ancien Premier ministre, qui s'est rendu compte du plagiat, et l'a immédiatement dénoncé sur les réseaux sociaux, au moyen d'une vidéo qui ne laisse aucune doute quant à cette accusation.

"Un clin d'œil assumé". Très vite lundi soir, plusieurs ténors du Front national, comme Florian Philippot, Louis Aliot ou David Rachline, se sont précipités dans les médias pour assurer que ce plagiat n'était en fait qu'un "clin d'œil assumé à un bref passage touchant d'un discours sur la France" de la part "d'une candidate de rassemblement qui montre qu'elle n'est pas sectaire". Même son de cloche, et mêmes éléments de langage chez Gaëtan Dussausaye, directeur national du FNJ, interrogé sur CNews lundi soir. Mardi matin, Nicolas Bay en remet une couche. Interrogé par Sud Radio/Public Sénat, le secrétaire général du Front national évoque à son tour "un clin d'œil assumé, un petit emprunt". La stratégie de communication est en place.

La pirouette du Front national. Pour Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l'université Panthéon-Assas, "certes, ils ont été pris les doigts dans le pot de confiture. Mais cela aurait été beaucoup plus gênant, voire même carrément ridicule, s'ils avaient fait un mea culpa". Là, le Front national réalise une pirouette : rendre acceptable, et même utile, un plagiat pourtant bien peu déontologique. Et finalement, cette pirouette pourrait même profiter à la candidate frontiste. Pour Arnaud Mercier, "la polémique permet à Marine Le Pen de donner du relief à un discours qui, sans ça, serait passé inaperçu". "C'est 'l'effet Streisand'", précise-t-il, c'est-à-dire mettre en lumière quelque chose que l'on n'aurait pas vu sans la controverse. 

Un plagiat calculé, vraiment ? Mais peut-on vraiment croire au fameux "clin d'œil" à l'électorat filloniste ? À l'origine des deux discours, on retrouve le même homme : Pierre-Marie Couteaux. Cet ancien soutien de François Fillon a rejoint l'équipe de Marine Le Pen après l'échec de son candidat au premier tour de l'élection présidentielle. "Les discours, il y en a tellement, qu'être certains que les gens vont repérer le copier-coller me parait assez douteux. Celui qui a écrit ce discours a certainement pensé qu'il était bien, que ça plaisait à l'électorat de Fillon, donc qu'on pouvait se permettre de le reprendre", avance le spécialiste de la communication politique.

Un "épiphénomène" de la campagne. Dans une campagne électorale aux multiples rebondissements, et à la veille du débat télévisé de l'entre-deux tours, difficile d'imaginer un quelconque chambardement côté FN. "C'est un épiphénomène. Ça fait le buzz, mais ça n'aura pas d'incidence sur la fin de la campagne", assure Arnaud Mercier. Marine Le Pen, bien que visée par une enquête, n'a jamais souffert de la défiance de ses supporters. Ce plagiat, "épiphénomène de cette campagne", selon Arnaud Mercier, ne risque aucunement de faire basculer les électeurs : ceux qui la détestent continueront à la critiquer, et ceux qui l'aiment continueront à la soutenir.