Pêche 0:54
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Zoé Pallier, édité par Solène Delinger
Le Royaume-Uni a accordé 23 licences supplémentaires aux pêcheurs français, a annoncé samedi un porte-parole du gouvernement britannique, au lendemain d'une date-butoir fixée par Paris pour résoudre le conflit des droits de pêche post-Brexit. Un "geste de bonne volonté" loin des attentes des pêcheurs français qui attendent encore au moins 81 licences.
DÉCRYPTAGE

Les pêcheurs ne sont pas satisfaits du "geste de bonne volonté" de Londres demandé par Paris. Le Royaume-Uni a "seulement" accordé 23 licences supplémentaires aux pêcheurs français, alors que Paris en demandait 104. Au micro d'Europe 1, Jean-Luc Hall, directeur général du Comité National des Pêches, a jugé ce chiffre "insuffisant". 

Des pêcheurs "excédés"

"On est loin du compte", s'est-il désolé. "On avait identifié 103 entreprises très dépendantes des eaux britanniques. On va nous en livrer à peine un quart donc le compte n'y est pas. Mais on ne veut pas baisser les bras. La commission avait indiqué qu'elle irait au contentieux et c'est ce que nous souhaitons. On a quelques pêcheurs qui se demandent s'ils ne vont pas mettre en place des mouvements. Je ne sais pas si on va arriver à retenir nos pêcheurs, qui sont vraiment excédés", a-t-il prévenu.

Des actions contre les importations de produits britanniques

Jonathan, pêcheur à Boulogne-sur-Mer, se dit d'ores et déjà "prêt à se battre" pour obtenir des licences. "Mon frangin n'en a pas, le bateau de ma mère n'en a pas non plus", confie-t-il au micro d'Europe 1. Les pêcheurs des Hauts-de-France on d'ailleurs annoncé des actions prochaines contre les importations de produits britanniques, se disant "délaissés par la Commission européenne". Ces professionnels "s’interrogent sur la pertinence de la politique communautaire, les principes d’autorité et de respect étant pour le moins aléatoires dans les hautes sphères bruxelloises", écrit le comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) des Hauts-de-France dans un communiqué.

 

Les négociations "doivent continuer"

"Des mouvements seront à prévoir (…), mouvements qui viseront l’importation des produits britanniques" et s’inscriront "dans la continuité des blocages des ports bretons, normands et du nord de la France qui ont eu lieu le 26 novembre", avertissent-ils encore. Ce jour-là, des pêcheurs avaient mis en place des blocages dans les ports de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), Calais (Pas-de-Calais) ou encore Ouistreham (Calvados). Ils avaient également bloqué l’accès du tunnel sous la Manche pendant environ deux heures.

Pour les autorités françaises, les négociations doivent continuer pour atteindre l'objectif de 1.027 licences. Londres, de son côté, estime que cette nouvelle étape clôt la séquence de pourparlers intensifs de ces dernières semaines. Le sujet sera en tout cas au cœur du Conseil européen, qui réunit aujourd'hui et demain les ministres de l'Agriculture et de la Pêche.