Droizy Capture d'écran Google Maps 3:52
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Paul Girod, 88 ans, est maire de la commune de Droizy, dans l'Aisne, depuis 1958. Et cet ancien vice-président tentera de décrocher un douzième mandat à l'issue des prochaines municipales. Au micro de Matthieu Belliard sur Europe 1, il raconte son parcours, son état d'esprit et sa vision de la politique.
INTERVIEW

Pour beaucoup, les élections municipales des 15 et 22 mars ressemblent à une épreuve mais pour à ses yeux, le scrutin a tout de la routine : Paul Girod, maire de la commune de Droizy depuis 1958, se représente pour tenter de décrocher un douzième mandat qui le conduirait à être à la tête de cette petite commune du département de l'Aisne jusqu'en 2026. Au micro Europe 1 de Matthieu Belliard, lundi matin, cet homme politique de 88 ans raconte avoir encore quelque chose à apporter à son village.

Lorsqu'il a accédé pour la première fois au fauteuil de maire, Paul Girod avait 26 et René Coty était président de la République, quatrième du nom. "Le poste de maire était devenu vacant, par presque tradition, le gros cultivateur du village du maire, parce qu'il avait le temps, des relations et une voiture. C'était celui qui avait le plus de moyens d'avoir des relations extérieures", raconte-t-il.

Une France et un village transfigurés

Depuis, les mandats se sont succédé, même enchaînés. Et si la France a sans conteste subi des bouleversements majeurs, il en est de même pour Droizy. "Beaucoup de choses qui ont changé : autrefois, le village vivait sur lui-même, il y avait trois exploitations agricoles, la plupart des maisons étaient occupées par des maisons d'autres fermes, il y avait deux artisans, deux petits bistrots. Maintenant, ce n'est plus du tout ça : les habitants de Droizy sont des gens qui travaillent à l'extérieur, pour la plupart", compare l'édile de cette commune d'environ 70 habitants.

Paul Girod aurait aussi pu passer la main, lui qui a été sénateur de l'Aisne pendant trente ans, avec six ans à la vice-présidence de la chambre haute du Parlement. Mais non, la flamme est toujours là, presque intacte. "C'est un honneur quand on est récepteur d'une telle confiance", confie-t-il, "et il y a toujours quelque chose à faire. Le bon Dieu m'a laissé une santé convenable, alors c'est très bien."

Il déteste la proportionnelle

Mais l'ancien parlementaire a aussi profité de ces nombreuses années à la mairie de Droizy et au palais du Luxembourg pour analyser les changements de la vie politique. "Il faudrait arrêter l'invasion généralisée de la proportionnelle dans les élections. J'ai été une fois élu à la proportionnelle pour des régionales, je m'en suis pas vraiment remis. Lorsqu'un homme se présente seul face aux gens, il se fait élire seul sur nom et ce qu'il est", défend Paul Girod.

"Je déplore beaucoup le retour en force des partis politiques, surtout avec le mode de fonctionnement qu'ils ont maintenant, où ce sont des écuries de concurrents", poursuit l'élu. Rien de tout ça à Droizy, où huit personnes sont candidates pour sept postes. Et dans ce contexte plus que favorable pour lui, Paul Girod n'exclut pas la fin de son mandat : "À mon âge, ce serait compréhensible que les gens disent que ça va bien comme ça, mais ils ont la gentillesse de ne pas me le dire."