Marine Le Pen reste confrontée au plafond de verre

© JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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Si un tiers des Français se déclarent d’accord avec les idées du FN, une large majorité de Français restent opposés à l’accession au pouvoir de sa présidente, selon une étude publiée par Le Monde. 

En 2017 comme en 2015, le Front national pourrait se cogner à ce faux plafond de verre qui bloque depuis quelques années son accession au pouvoir. Certes, selon l’enquête* annuelle Kantar - Sofres-OnePoint pour Le Monde et Franceinfo, publiée mardi, la part des Français convaincus par ses idées restent certes importante, et son socle électoral se solidifie. Mais une large majorité a encore une image négative du parti frontiste et de sa présidente, Marine Le Pen.

  • Un "danger" et une défiance

Selon cette étude, 58% des personnes interrogées estiment que le FN représente "un danger pour la démocratie en France". 36% pensent l’inverse. Mais c’est surtout l’évolution qui interpelle. Il y a trois ans, après une décennie de lente décrue, les réponses à cette même question étaient équilibrées : 47% contre 47%. La dégradation récente de l’image du parti frontiste est donc patente. Preuve que la stratégie de dédiabolisation n’est pas totalement efficace.

Autre signal négatif pour le Front national et pour sa présidente : l’attitude à l’égard du vote. 64% des sondés répondent ainsi qu’ils n’ont jamais voté pour le FN et qu’ils n’envisagent pas de le faire. Là encore, c’est un score en hausse, de deux points par rapport à il y a un an. En face, 12% n’ont jamais voté pour le mouvement mais l’envisagent, alors que 17% des personnes interrogées admettent avoir déjà voté pour lui et être prêt à le refaire. Là encore, le rapport de forces est très net en faveur de ceux qui ne veulent pas voir Marine Le Pen remporter la présidentielle en mai prochain.

  • Une image négative

Sur l’image renvoyée par Marine Le Pen, la dédiabolisation touche là encore ses limites. La présidente du FN est bien perçue comme volontaire (80% des personnes interrogées), capable de prendre des décisions (69%) ou encore comme pouvant comprendre les problèmes des Français (49%), mais seules 42% des personnes interrogées pensent qu’elle peut rassembler au-delà de son camp. Elles sont 36% à penser qu’elle a de nouvelles idées pour résoudre les problèmes de la France, 35% seulement là jugent sympathique et chaleureuse, et 28% estiment qu’elle est honnête, qu’elle inspire confiance. Enfin, et c’est peut-être là le plus grave pour elle, 24% seulement des sondés pensent qu’elle ferait une bonne présidente de la République.

Ce n’est pas tout. Alors que depuis plusieurs années, les caciques du FN refusent de voir le mouvement être qualifié d’extrême droite, 49% des Français ne suivent pas, puisqu’ils estiment que Marine Le Pen représente une extrême droite nationaliste et xénophobe. 41% des personnes interrogées la voient en représentante d’une droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles.

  • Des idées qui s’implantent

Tout n’est pas négatif cependant pour le Front national dans cette étude. Plusieurs idées portées par le parti depuis plusieurs années sont désormais largement soutenues par l’opinion. C’est le cas de la déchéance de nationalité pour les djihadistes binationaux (72%), du rétablissement du service militaire (70%), de  la défense des valeurs traditionnelles (66%), d’un pouvoir accru à la police (59%). Enfin, et c’est bon signe pour Marine Le Pen, 51% des personnes interrogées estiment qu’il y a trop d’immigrés en France.

En revanche, la proposition de réserver en priorité un emploi à un Français plutôt qu’à un étranger en situation régulière, l’une des mesures phares du programme présidentiel de Marine Le Pen, est rejetée par 76% des sondés.

  • Un socle solide

Mais le vrai facteur de satisfaction pour le FN, c’est que sa base électorale est de plus en plus solide. Depuis que Marine Le Pen en a pris les rênes, en 2011, le nombre de Français d’accord avec ses idées est globalement constant, autour de 33%. Et parmi les sympathisants du FN, nombreux sont ceux qui plébiscitent les propositions de la candidate. Exemple sur la sortie de l’euro, soutenus par 64% des sympathisants FN, contre 11% pour ceux des Républicains, et 14% pour ceux de gauche.

Cela signifie que Marine Le Pen, donnée aux alentours de 25% dans les sondages d’intentions de vote, peut en fait espérer mieux. Cela confirme l’hypothèse annoncée depuis de longs mois, celle d’une présence de la présidente du FN au second tour. En revanche, pour remporter l’élection présidentielle le 7 mai, cela semble, au regard de l’étude publiée mardi, beaucoup plus compliqué. Il faudrait pour cela la conjugaison d’une très large mobilisation de l’électorat du FN et d’une abstention massive. Peu probable, mais pas impossible.

*Sondage effectué du 23 au 27 février 2017 sur un échantillon de 1.006 personnes, représentatif de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus.