Macron, le solitaire devenu rassembleur

Emmanuel Macron est de moins en moins seul à mesure que la présidentielle approche.
Emmanuel Macron est de moins en moins seul à mesure que la présidentielle approche. © AFP
  • Copié
, modifié à
Isolé au moment de sa déclaration de candidature en novembre 2016, le fondateur d’En Marche ! est désormais un candidat très soutenu et très entouré.

Parti en solitaire dans l’aventure de la présidentielle, Emmanuel Macron n’en finit plus d’enregistrer des soutiens à l’approche de l’échéance. Entouré à l’origine de plusieurs poids lourd du secteur économique mais d’une poignée de parlementaires seulement, et pas forcément les plus identifiés, voilà le fondateur d’En Marche ! désormais porté par des personnalités politiques de plus en plus nombreuses, ce week-end encore. A ce rythme quasi-quotidien, l’ancien ministre de l’Economie peut décidément voir grand dans moins de deux mois.

A l’origine, Gérard Collomb bien seul
A la mi-novembre 2016, alors qu’Emmanuel Macron se déclare officiellement candidat après plusieurs semaines de vrai-faux suspense, il faut bien chercher pour trouver des politiques de premier plan qui le soutiennent ouvertement. En fait, seul Gérard Collomb, le sénateur-maire de Lyon, est de ceux-là. Les autres, comme les députés Richard Ferrand, Christophe Castaner ou Arnaud Leroy sont, et ce n’est pas leur faire offense, nettement moins connus du grand public. Pendant plusieurs semaines, ce premier cercle reste bien seul. Avant un premier tournant, en janvier.

Des ralliements politiques, stratégiques et... médiatiques
Car alors que les sondages montrent que la bulle Macron n’explose pas, contrairement à de nombreuses prédictions, le candidat suscite de plus en plus d’intérêt. Et enregistre au cours du mois de janvier, alors même que la campagne de la primaire à gauche bat son plein, un train de ralliements impressionnants. Ce n’est pas tant l’identité des soutiens que leur nombre qui interpelle et qui fait parler, ce qui est sans doute le but.

Côté politique, Corinne Lepage, présidente de Cop21 et ancienne ministre de Jacques Chirac, et Jean-Marie Cavada, ancien président de Radio France et eurodéputé centriste, le rejoignent, tout comme Laurent Degallaix, député-maire UDI de Valenciennes. Côté stratégique, Emmanuel Macron enregistre entre autres les soutiens de l’avocat Jean-Pierre Mignard, ami proche de François Hollande, et de l’économiste Jean Pisani-Ferry, jusqu’alors directeur du très influent organisme  rattaché au Premier ministre France Stratégie.

Enfin côté médiatique, le soutien de Laurence Haïm, journaliste du groupe Canal correspondante aux Etats-Unis, est indiscutablement le plus commenté. Même s’il n’est sans doute pas, sur le plan opérationnel, le plus important.

L’apport décisif de Bayrou
Les ralliements s’enchaînent aussi en février. Le 22 février, François de Rugy, candidat écologiste à la primaire socialiste, annonce ainsi son soutien à l’ex-ministre de l’Economie. Mais le vrai coup de tonnerre arrive quelques heures plus tard. A la surprise quasi-générale, François Bayrou propose une alliance à Emmanuel Macron. Le président du MoDem insuffle là un nouveau souffle au fondateur d’En Marche ! en difficulté après deux propos polémiques, sur la colonisation française en Algérie et sur la Manif pour tous. Un timing parfait.

Un soutien qui en outre se traduit dans les intentions de vote. Depuis, Emmanuel Macron a en effet creusé l’écart avec François Fillon, même s’il reste derrière Marine Le Pen. Dans un sondage publié dimanche par Kantar-Sofrès, il émarge ainsi à 25% d’intentions de vote, alors que le candidat de la droite est à 20%. L’avenir le dira, mais le geste du maire de Pau pourrait donc avoir été un tournant décisif dans la campagne.

Et maintenant ?
Rien ne dit que la source des soutiens est en train de se tarir. Dimanche, le député Christophe Caresche, ancien soutien de Manuel Valls, a ainsi fait son "coming out" macroniste. Il pourrait être suivi par d’autres mardi à l’issue d’une réunion des réformistes du PS. Des ténors pourraient aussi franchir le Rubicon. Ségolène Royal a donné beaucoup de signaux dans ce sens en janvier. La ministre de l’Ecologie  hésite encore à franchir le pas. En janvier, il se murmurait aussi que Bertrand Delanoë était tenté. L’ancien maire de Paris réserve encore sa réponse, mais s’il soutenait Emmanuel Macron, ce serait assurément un énorme coup. Un de plus pour un homme dont la candidature n’a décidément plus rien d’une aventure personnelle.