Législative partielle : le FN a ses chances

Marine Le Pen était venue soutenir le candidat FN à Villeneuve-sur-Lot, consciente des chances de son parti d'emporter une troisième circonscription.
Marine Le Pen était venue soutenir le candidat FN à Villeneuve-sur-Lot, consciente des chances de son parti d'emporter une troisième circonscription. © EUROPE 1/STEPHANE PLACE
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Le Front national pourrait l’emporter lors de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot.

Y’aura-t-il un troisième député frontiste à l’Assemblée nationale à la fin du mois de juin ? La réponse à cette question sera connu le 23 juin au soir, après le deuxième tour de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot, le fief d’un certain Jérôme Cahuzac. Le jeune candidat du FN Etienne Bousquet-Cassagne, 23 ans, pourrait profiter de circonstances favorables pour aller s’asseoir aux côtés de Gilbert Collard et de Marion Maréchal-Le Pen

C’est la crise. En période de difficultés, c’est un fait entendu que les extrêmes prospèrent. Dans un département rural et paupérisé tel que le Lot-et-Garonne, où le taux de chômage atteint 11,9%, un record en Aquitaine, le Front national évolue donc dans un contexte favorable. Et ne se prive pas de l’exploiter. "Les services publics ferment, les écoles, les bureaux de poste et même les commerces", répète ainsi à l’envi Etienne Bousquet-Cassagne. Dans ce département producteur de céréales et de fruits et légumes, "les agriculteurs subissent le joug de l'Union européenne, toutes les directives qui les empêchent de travailler. Ils sont assommés par la réglementation", poursuit celui qui avait reçu la visite de Jean-Marie Le Pen lors de sa campagne en mai 2012.

 

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Le jeune homme n’oublie pas non plus les thèses de base du FN. "Les gens veulent préserver leur culture. Ils se sentent menacés par les cultures étrangères, celles des minorités de plus en plus visibles", assure le candidat.  Avec ces arguments, le FN n'aurait plus ici qu'à se pencher pour "ramasser les fruits" de sa campagne autour de la ruralité, estime aussi Jérôme Fourquet, directeur du département opinion publique de l'Ifop. Dans ces territoires, "les gens se sentent trop riches pour être aidés et trop pauvres pour bien vivre. Il y a un sentiment d'exclusion sociologique et géographique", dit-il.

Un FN bien implanté. Autre avantage pour le Front national : son implantation dans le département ne date pas d’hier.  Dans le Lot-et-Garonne, ce succès s'explique par le fait que cette vallée est un "axe de circulation", où se sont installés depuis des décennies des immigrés venus d'Italie, d'Espagne ou du Maghreb. Avec une particularité en plus : ici sont aussi venus de nombreux harkis, un électorat parfois proche du FN. Pour l'ensemble de l'Aquitaine, c'est d'ailleurs dans Le Lot-et-Garonne que le FN avait réalisé en 2012 son meilleur score aux législatives, avec 17,9% des suffrages pour Etienne Bousquet-Cassagne dans la deuxième circonscription. Et lors de la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen y avait obtenu 18,91% des voix, arrivant devant Jacques Chirac et deux points au-dessus de sa moyenne nationale.

Et à encore le parti d’extrême droite, la dynamique existe encore. On compte aujourd'hui 600 adhérents au FN dans le département, alors qu'en 2011, nous en avions 200", a ainsi assuré Etienne Bousquet-Cassagne, 23 ans. "Et parmi les nouveaux militants, il y a beaucoup de jeunes et toutes les strates de la population."

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La gauche à terre. Aux constantes locales s'ajoute la chute nationale de Jérôme Cahuzac, mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale et alimentant le discours sur les élites pourries "de l'UMPS", cher au Front national. Pour le candidat PS Bernard Barral, qui a la lourde charge de faire oublier l’ex-ministre du Budget, la mission s’annonce donc quasiment impossible. D'autant que la gauche n'a pas été capable de s'unir, présentant, parmi les 17 candidats, un du Front de Gauche et un des Verts. En outre, selon le journal L'Opinion, Jérôme Cahuzac jouerait contre son camp en critiquant la campagne du candidat PS Bernard Barral auprès des militants qui lui sont restés fidèles et affaiblissant encore davantage les socialistes.

Autant d’éléments qui font d’un duel UMP-FN au second tour une hypothèse plus que probable. D’ailleurs, même tardivement, les ténors du PS ont bien senti le danger. Harlem Désir, premier secrétaire du PS, s’était déplacé voici quelques semaines. Samedi dernier, deux ministres, Stéphane Le Foll (Agriculture) et Manuel Valls (Intérieur), ont fait le déplacement pour soutenir Bernard Barral. Mais cela risque bien de ne pas suffire.

 

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La droite pas au mieux. A l’UMP aussi, les grandes figures sont mobilisées pour l’emporter dans cette circonscription si symbolique. Jean-François Copé en personne tient meeting vendredi soir à Villeneuve-sur-Lot. Signe que, malgré son statut de favori, Jean-Louis Costes, candidat du parti, n’est peut-être pas si serein. L’homme se rappelle sans doute avoir réalisé le plus mauvais score de la droite dans le département lors des législatives de juin, avec seulement 38,52% au second tour. Il sait aussi que plusieurs autres candidatures à droite, notamment le conservateur Benoît Frison-Roche, pourrait lui grappiller des voix.