Laïcité : nouvelle bataille entre Sarkozy et Hollande

La laïcité s'invite dans la campagne présidentielle : Hollande passe à l'offensive, Sarkozy prône "le consensus".
La laïcité s'invite dans la campagne présidentielle : Hollande passe à l'offensive, Sarkozy prône "le consensus". © Reuters
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avec AFP , modifié à
Hollande veut inscrire la laïcité dans la Constitution quand Sarkozy plaide pour "un consensus".

La laïcité est-elle en train de devenir un nouvel enjeu de campagne pour la présidentielle ? Lors des vœux aux autorités religieuses mercredi, Nicolas Sarkozy n'a pas hésité à dénoncer le projet de son rival socialiste, François Hollande, d'inscrire dans la Constitution, la loi de 1905 de séparation des églises et de l'Etat. Le président de la République accuse le candidat du PS de "menacer un consensus vieux de près d'un siècle".

"La France est comme, chacun le sait, une République laïque et sociale, ce principe est d'ailleurs inscrit noir sur blanc dans le préambule de notre Constitution", a déclaré le chef de l'Etat. Puis, il s'en est pris à son adversaire du PS, sans le nommer : "certains seraient bien inspirés de relire de temps en temps le texte de notre loi fondamentale. Cela leur éviterait de se donner la peine de chercher à y faire inscrire ce qu'elle contient déjà ! Sauf à vouloir mettre un terme au statut particulier de l'Alsace et de la Moselle hérité d'une histoire douloureuse".

Hollande : la laïcité une valeur "qui libère"

Une attaque en règle envers François Hollande qui, lors de sa première grande réunion publique au Bourget dimanche, a annoncé son intention d'inscrire "la loi de 1905, celle qui sépare l'église de l'Etat, dans la Constitution". "Présider la République, c'est être viscéralement attaché à la laïcité", avait-il lancé, la laïcité "est une valeur qui libère et qui protège".

Signe de l'importance accordée à cette thématique : selon les informations recueillies par Europe 1, le verbatim du nouvel article que François Hollande voudrait inclure dans la Constitution figurera tel quel dans le texte de la plateforme qu'il doit présenter jeudi.

Le président de la République a réaffirmé de son côté sa volonté de ne pas toucher à ce texte fondateur. Cette loi stipule que "la République assure la liberté de conscience" et "garantit le libre exercice des cultes" (article 1), mais "ne reconnaît, ne salarie et ne subventionne aucun culte" (article 2). Pourquoi prendre le risque de raviver une querelle religieuse qui a divisé les Français pendant des décennies jusqu'à menacer la République elle-même ?", s'est interrogé mercredi le président de la République.

Richert : "une annonce destinée à l'islam"

Les propos du candidat du PS avaient déjà alimenté des craintes à droite sur l'avenir du régime dérogatoire du Concordat, qui permet à l'Alsace et à la Moselle, depuis leur retour sous le giron français en 1918, de ne pas appliquer la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des églises et de l'Etat.

Le président UMP du conseil régional d'Alsace et ministre des Collectivités territoriales, Philippe Richert y voit une remise en cause du Concordat et des usages locaux. "Cette idée d’introduire la loi de 1905 dans la constitution a pour objectif de donner satisfaction aux tenants d’une laïcité forte. On a l’impression que cette annonce est destinée prioritairement à l’islam", a-t-il déclaré au journal L'Alsace. Tandis que pour Roland Ries, le maire PS de Strasbourg qui fait partie de l'équipe de campagne d'Hollande, "il va de soi que cette intégration ne remettra pas en cause les dispositions particulières du Concordat en Alsace-Moselle, qui ne contreviennent en rien au principe de laïcité."

Depuis son élection, le chef de l'Etat a à plusieurs reprises suscité la polémique en développant son concept de la " laïcité positive" et en insistant sur les "racines chrétiennes de la France", notamment lors d'un fameux discours prononcé en 2007 dans la basilique romaine de Saint-Jean-de-Latran.