La stratégie de Nicolas Sarkozy pour gagner la primaire de la droite et du centre

© ALAIN JOCARD / AFP
  • Copié
Antonin André avec M.S. , modifié à
L'ancien président de la République, discret après s'être fait voler plusieurs de ses idées par ses rivaux, ne se tient pas pour battu.

Une dernière apparition publique qui remonte au 20-Heures de France 2 le 7 décembre, des vœux à Noël et pour le nouvel an sur Facebook : le président des Républicains s’est montré très discret ces dernières semaines. Son espace politique est extrêmement réduit.
 
Répit forcé. C'est que Nicolas Sarkozy s'est littéralement fait piller sur le plan des idées. Il y a le virage sécuritaire de François Hollande au lendemain des attentats du 13 novembre, à droite toute avec la déchéance de nationalité. Nicolas Sarkozy ne peut qu’approuver cette orientation, car il l’a défendue. Cette semaine, son principal rival dans la primaire de la droite et du centre Alain Juppé a dégainé ses propositions sur la sécurité et l’immigration : l’abandon de l’espace Schengen, le durcissement du regroupement familial, le rétablissement des peines planchers, etc. Du Nicolas Sarkozy dans le texte, mais c’est bien Alain Juppé le modéré qui revendique ce programme. Dépecé par ses adversaires, l’ancien chef de l’Etat est donc réduit au silence.

Victoire idéologique. Malgré ce répit forcé, rien n’est perdu pour 2017. Les victoires politiques se gagnent par les idées. C’est la théorie que défendait le penseur marxiste Antonio Gramsci au début du 20ème siècle. Nicolas Sarkozy l’a faite sienne : François Hollande et Alain Juppé promeuvent les mesures qu’il défend depuis des mois, voire des années ? Il présume en retirer le bénéfice politique et le crédit de l’opinion.

Des militants sur qui compter. Le parti est le second pilier de l’ancien président de la République dans cette bataille. Deux chiffres éclairent cette stratégie. L’UMP de Jean-François Copé comptait 124.000 adhérents en juin 2014. Chez Les Républicains de Nicolas Sarkozy, on dénombrait 230.000 adhérents en janvier 2016. Le patron des Républicains soigne particulièrement ses troupes. Il recevra ainsi un millier d'adhérents pour son premier discours de rentrée samedi. Ces soldats, revenus pour lui, pèseront lourd dans la primaire.

Joue-la comme Chirac. Le pire ennemi de Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, est finalement devenu son modèle. Le Chirac de janvier 1995, au fond du trou, largué dans les sondages par Edouard Balladur et qui a sillonné le pays sans casquette RPR, sans banderoles ni élus, à la rencontre des Français… C’est exactement ce genre de campagne dans laquelle va se lancer Nicolas Sarkozy dans les semaines qui viennent. Avec une primaire prévue en novembre, il lui reste onze mois pour une reconquête. Rien n’est joué.