Hollande : "j’ai le cuir solide"

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POLITIQUE - Le chef de l'Etat a voulu faire montre d'autorité et de solidité face aux difficultés.

Parmi tous les sujets économiques, sociaux ou internationaux abordés jeudi soir, François Hollande n’a pas oublié de faire de la politique. L’affaire Cahuzac, la mise en examen de Nicolas Sarkozy et ses suites, les couacs des ministres, sans oublier sa propre impopularité… Le chef de l’Etat a abordé plusieurs points sensibles, et mis les points sur les "i".

L’impopularité ? "Et alors ?". Confronté à une impopularité inédite pour un président de la République en exercice, François Hollande a demandé à être jugé sur les résultats. "Je serai jugé sur un seul critère : est-ce que j'ai fait réussir la France ? Est-ce que je lui ai permis d'avancer ? Est-ce que je lui ai donné confiance en elle-même ? (...) Est-ce que j'ai pu faire diminuer le chômage ? Si je ne l'ai pas fait, je connais la sanction", a-t-il affirmé. "Une partie du pays ne m’apprécie pas, et alors ? Moi, j’aime tous les Français et j’aurai besoin de tous."

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Les critiques ? "J’ai le cuir solide". Souvent critiqué pour son manque d’autorité, François Hollande a voulu se poser en leader. "Ce que j'ai à faire, c'est à mobiliser le pays... On est en bataille. Je suis en ordre de bataille, je suis le chef de cette bataille", a-t-il affirmé. Quant aux critiques, dont l’une des dernières, celle du député  socialiste Pascal Cherki, a fait couler beaucoup d’encre ? "Pour être arrivé là où je suis, j'en ai essuyé des coups, j'en ai enduré des attaques", a rétorqué le président de la République. "J'ai le cuir solide et j'ai les nerfs tout à fait froids, de sang-froid, mes nerfs ne sont pas à vif. Si je veux faire réussir la France, je ne dois pas,  au premier avis de tempête, me demander comment je vais changer de cap..."

Les couacs ? Un "avertissement" aux ministres. Alors que les premiers mois du gouvernement Ayrault a été marqué par de nombreux couacs ministériels, François Hollande a laissé entendre qu’à la prochaine sortie fracassante d’un ministre, la sanction pourrait tomber. "Je leur ai dit : ‘Vous ne pouvez pas, quand c’est dur pour les Français commettre la moindre erreur, la moindre imprudence, la moindre expression malheureuse’", a-t-il assuré. " Ce que je dis est une forme d’avertissement. C’est trop dur pour les Français."

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Cahuzac ? Sacrifié sur l’autel de "l’exemplarité". François Hollande est évidemment revenu sur la démission, le 19 mars, de l’ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac, soupçonné de blanchiment de fraude fiscale. Pas un désaveu, a-t-il assuré. "C'est l'exemplarité que je voulais réaffirmer : chaque fois qu'il y a un membre du gouvernement qui est dans une procédure, il n'est plus membre du gouvernement", a affirmé le chef de l’Etat, tout en maintenant sa confiance à l’ancien ministre.  "J'ai confiance en sa parole", a assuré François Hollande. "Quand il y a eu les premières révélations, il m'a dit qu'il n'avait pas de compte, il l'a répété devant l'Assemblée nationale", a dit le président.

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Sarkozy mis en examen ? "Il est présumé innocent"…  Interrogé sur  la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt, François Hollande a d’abord refusé de condamner son prédécesseur. "Nicolas Sarkozy, il est présumé innocent", a-t-il commenté. "Ce n'est pas parce qu'il a été président de la République ou qu'il pourrait demain, je ne sais pas, être de nouveau candidat - c'est à lui de le dire, le moment venu d'ailleurs -  qu’il devrait être accusé avant même qu'un juge ait prononcé un verdict", a-t-il détaillé.

…Mais "les juges doivent être respectés". Pour autant, le chef de l’Etat a condamné les commentaires qui ont mis en cause la probité du juge Gentil, à l’origine de la décision de mise en examen de Nicolas Sarkozy. "Les juges doivent être respectés pour leur indépendance. J’en suis le garant. Donc, chaque fois que quiconque met en cause un magistrat, je me dois d’agir", a-t-il rappelé. "C’est pourquoi j’ai demandé à la garde des Sceaux de saisir le Conseil supérieur de la magistrature par rapport à des propos tenus à l’égard du juge Gentil."

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Et le non-cumul ? "Avant la fin du mandat". Voilà pour finir un sujet qui fâche jusque dans la majorité. Pour le coup, François Hollande a ménagé la chèvre et le chou. "La semaine prochaine en Conseil des ministres, il y aura l'inscription de ce projet de loi. C'est une réforme attendue, qui n'est pas punitive, qui vise à renouveler, à aérer, je pense que les Français y sont très attachés", a-t-il d’abord estimé, avant de rassurer les réfractaires sur le calendrier. "Ça sera la semaine prochaine au Conseil des ministres, au Parlement le plus vite possible et appliqué avant la fin du mandat", a-t-il résumé. Soit avant 2017. En clair, la réforme ne sera sans doute pas appliquée pour les municipales de 2014. Les députés-maires et sénateurs-maires peuvent souffler.