Faut-il interdire les crèches dans les lieux publics ?

© SEBASTIEN NOGIER / AFP
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M.B.
DÉBAT - L'association des maires de France recommande de bannir les crèches des mairies, mais certains élus, notamment à droite, ne l'entendent pas de cette oreille.

La polémique, quasiment annuelle, a été relancée par l'Association des maires de France (AMF). Dans un guide de bonne conduite laïque, cette dernière a jugé que "la présence de crèches de Noël dans l'enceinte des mairies n'est pas compatible avec la laïcité", tout en reconnaissance qu'un flou juridique subsiste.

Une connotation culturelle. Franck Margain, vice-président du Parti Chrétien-Démocrate (PCD), s'offusque des directives données par l'AMF. "Les crèches, comme les sapins, représentent Noël, explique-t-il au micro d'Europe 1. Va-t-il falloir, dans quelques années, interdire Noël ?" Pour lui, comme pour Dominique, auditeur athée d'Europe 1, la crèche "a plutôt une connotation culturelle". "La laïcité n'est pas l'absence de culture, et notre culture est chrétienne", tranche Franck Margain. Installer ou non une crèche dans une mairie devrait donc relever de la seule décision de la municipalité.

Séparer le religieux du politique. Un argument balayé par Mathias Leboeuf, journaliste et philosophe. "La laïcité, c'est la garantie de l'espace public, qui doit être neutre", juge-t-il. Pour lui, "l'espace public reste neutre" et il est nécessaire de séparer le politique du religieux. Damien, maire (LR) catholique d'une petite commune du Loir-et-Cher, partage son avis : "Il n'y aura jamais de crèche dans un lieu républicain, qui représente la mairie commune. Ce serait une petite provocation."

A la recherche d'une jurisprudence. Au niveau juridique, les décisions se suivent et ne se ressemblent pas. L'année dernière, le tribunal administratif de Nantes avait interdit l'installation d'une crèche dans l'enceinte du Conseil départemental de Vendée. Mais en octobre, la cour administrative a cassé cette décision, jugeant que la crèche était plus culturelle que religieuse. Pour trancher définitivement, l'AMF en a appelé au ministre de l'Intérieur, l'exhortant à légiférer sur le sujet.