En fâcheuse position, Benoît Hamon contraint de réagir

Benoît Hamon arrive depuis près d’une semaine systématiquement en cinquième position dans les sondages d’intentions de vote.
Benoît Hamon arrive depuis près d’une semaine systématiquement en cinquième position dans les sondages d’intentions de vote. © HELENE VALENZUELA / AFP
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La campagne du candidat socialiste n’en finit plus de piétiner. Le voilà cinquième homme des sondages, et contraint de durcir le ton pour sortir de la nasse. 

Benoît Hamon ne parvient pas à sortir du marasme. Depuis plusieurs semaines, sa campagne ne prend pas. Pire, à un mois du premier tour de l’élection présidentielle, sous l’effet conjugué de la montée en puissance de Jean-Luc Mélenchon, et du vote utile en faveur d’Emmanuel Macron, voilà même le candidat socialiste qui recule dans les sondages. Le voici désormais donné cinquième homme, dépassé par le candidat de La France insoumise, et contraint de durcir le ton pour se sortir de l’étau. Sous peine de voir ressurgir des appels à l’unité avec son adversaire de gauche qui aurait tous les airs d’appels au désistement.

  • Le "combattant" ne veut pas déposer les armes

La barre fatidique des 10%. Benoît Hamon arrive depuis près d’une semaine systématiquement en cinquième position dans les sondages d’intentions de vote. L’écart avec Jean-Luc Mélenchon reste certes faible, autour de 1 ou 1,5 point, donc dans la marge d’erreur. Mais autour du candidat PS, l’inquiétude existe. "Ça devient compliqué, le risque d’un dévissage fatal existe", prévient ainsi un cadre de sa campagne dans Le Monde. Donné à 11% et 11,5% dans deux sondages publiés dimanche, Benoît Hamon s’approche surtout de la barre fatidique des 10%. Passer en-dessous de ce seuil pourrait être le symbole de trop pour le député des Yvelines, surtout si dans le même temps le candidat de La France insoumise continue de creuser l’écart.

La fin du pacte de non-agression ? Alors Benoît Hamon tente de durcir le ton. Le 19 mars à Bercy, il avait déjà tenté de relancer sa campagne en lançant quelques piques à Jean-Luc Mélenchon. Le rendez-vous avait été une incontestable réussite, mais il lui avait coûté en énergie. Et il avait pesé sur sa performance, le lendemain soir, lors du grand débat sur TF1.

Dimanche au 20-Heures de France 2, il a donc continué à s’affranchir du pacte de non-agression décidé à la fin du mois de février avec son adversaire de La France insoumise. "Trois candidats à l'élection présidentielle, M. Fillon, M. Mélenchon et Mme Le Pen expriment de la fascination pour M. Poutine qui vient d'arrêter 700 opposants", a lâché Benoît Hamon au cours d’une interview très offensive.

"Calme-toi, prends une tisane". Ce n’est certes pas la première fois que des désaccords sur la politique étrangère affleurent entre les deux adversaires. Mais là, le tacle est particulièrement appuyé. "Calme toi, prends une tisane, fais ta campagne et de grâce respecte l'accord que nous avions : pas de coups sous la ceinture", lui a répondu Alexis Corbière, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, lundi matin sur RTL. Les positions pourraient encore se durcir dans les prochains jours si Benoît Hamon décidait de poursuivre dans cette voie. L'homme n'hésite plus à se revendiquer comme "combattant", bravant les vents contraires. "J’irai jusqu’au bout, car je serai au second tour de la présidentielle", a-t-il encore déclaré dimanceh soir.   

  • Des appels à l’unité réapparaissent

L'objectif premier de cette stratégie est d’abord de repasser devant Jean-Luc Mélenchon, mais aussi de rendre improbable des appels à l’unité qui ne l’arrangeraient guère. Le refrain, qui s’était tu depuis plusieurs semaines, est à nouveau entonné. Faiblement pour l’instant, mais il pourrait prendre de la force. Et alors qu'à l'époque, il s'agissait d'appeler au désistement du moins bien placé qu'était Jean-Luc Mélenchon, la donne a cette fois changé. 

Peillon ouvre la brèche. Dimanche, c’est Vincent Peillon lui-même qui a ouvert une brèche. "Cette question, normalement, va se poser dans les jours qui viennent", a jugé le conseiller politique de Benoît Hamon sur France Inter. "Je souhaite que nos dirigeants politiques, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, retrouvent le chemin du dialogue et puissent faire cette proposition politique", a insisté l’ancien ministre de l’Education. Qui ne parle certes pas de désistement, mais n’ignore tout de même pas que son candidat pourrait durablement être le moins bien placé des deux. Avec la conséquence que cela impliquerait en cas d’alliance.

Dray veut un rapprochement Macron-Hamon-Mélenchon. Lundi, Julien Dray est même allé plus loin. "Je lance un appel au rapprochement Hamon-Macron-Mélenchon. Je pense que c’est possible. Les électeurs veulent un rassemblement", a estimé le responsable socialiste sur BFMTV, égratignant la stratégie de son candidat. "Le Parti socialiste, c’est une synthèse, et ça a toujours été comme ça. Je pense que Benoît Hamon devrait distinguer entre la droite extrême, la droite radicalisée et M. Macron qui est au centre", a-t-il insisté. 

Mais qui dit alliance dit forcément désistement de l’un des deux candidats. Si Jean-Luc Mélenchon est le mieux placé dans les sondages, il aura toute légitimité pour réclamer le renoncement en sa faveur. Or, pour le Parti socialiste, l’hypothèse de ne pas présenter de candidat à la présidentielle est tout bonnement inenvisageable. Déjà élagué sur sa droite par Emmanuel Macron, le PS acterait là sa scission en deux blocs, et quasiment sa mort clinique. Benoît Hamon n’a donc d’autre choix que de continuer la lutte. Même si sa campagne prend des airs de chemin de croix.