Primaire PS : un deuxième débat plus animé

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Après un première soirée poussive et moyennement suivie, les candidats à la primaire se sont affrontés dimanche soir. Les échanges ont cette fois été plus nombreux et le débat plus réussi. 

Ils ont redressé la barre. Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Vincent Peillon, Sylvia Pinel, François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias, candidats à la primaire organisée par le PS, ont participé dimanche au deuxième des trois débats organisés avant l'élection. Et ce grand oral a sans doute, en grande partie, fait oublier un premier débat jugé poussif, au cours duquel aucun candidat ne s'était vraiment distingué. Manuel Valls a souvent été la cible de critiques même si, sur les grands principes, le consensus domine. 

>>> Retrouvez les temps fors du débat : 

20h45. Place aux conclusions. Les candidats ont une minute pour conclure. Pour Vincent Peillon, "la gauche est confrontée à un moment historique. On peut être balayée ou être au rendez-vous de notre histoire. Pour cela, il faut une gauche qui soit capable de gouverner, en même temps bien ancrée dans ses valeurs, qui ne laisse plus de progressistes en route. Je veux incarner cette gauche", conclut l'ancien ministre de l'Education. Jean-Luc Bennahmias défend son idée "d'arc progressiste, de grande alliance de Mélenchon à NKM, en passant par, évidemment, Emmanuel Macron (...) Vivement dimanche prochain !", lance-t-il, déclenchant quelques sourires. 

Benoît Hamon met, lui, en garde contre la droite et l'extrême droite, "beaucoup plus dangereuse". "Je souhaite que cette primaire contribue à désigner un homme ou une femme de gauche qui ne clivera pas la gauche, qui incarne une gauche totale face à une droite totale", assure l'ancien ministre. Sylvia Pinel, qui a encore eu du mal à exister, livre une conclusion à l'avenant de sa prestation. "Présider la France, c'est conduire toute une Nation vers l'épanouissement, la réussite individuelle et collective, mais c'est aussi regarder et aimer son pays tel qu'il est", explique-t-elle. François de Rugy explique, lui, avoir constaté que "la société française est souvent très en avance sur la classe politique", et veut ouvrir la voie du "progrès par l'écologie". 

"Etre le président des Français, c'est tracer la vision du futur", affirme de son côté Arnaud Montebourg. "Il ne nous fait pas peur ce monde qui est en train de surgir. Nous avons l'obligation de le regarder en face et de l'apprivoiser pour décider ce que nous allons en faire. Rien n'est impossible, il suffit de décider de le faire. Cela commence dimanche prochain". Enfin, c'est Manuel Valls qui, hasard du tirage au sort, conclut la soirée. Et il met en avant son expérience. "J’ai l’expérience pour faire face aux grands défis de la planète. Pour faire face au terrorisme, pour discuter avec les dirigeants de ce monde. J’ai aussi l’énergie. Je veux, grâce à la primaire, porter le rassemblement de la gauche pour, demain, rassembler les Français", conclut l'ancien Premier ministre.

20h29. Sur la laïcité, la loi de 1905 saluée. Grand spécialiste de la question, Vincent Peillon entame le débat sur la laïcité. Là encore, les candidats sont dans l'ensemble plutôt d'accord. L'ancien ministre de l'Education en profite pour égratigner François Fillon, qui s'est revendiqué chrétien. "Quand il prétend qu’il veut mener des politiques en fonction de sa confession, nous sommes avant 1905", lâche-t-il. Manuel Valls et Sylvia Pinel glissent, eux aussi, un petit tacle aux candidats de la droite. 

Mais c'est surtout la loi de 1905 qui fait consensus. Tous pensent qu'il n'est pas utile de la retoucher, et qu'il faut revenir à ses fondamentaux. Arnaud Montebourg propose même de la constitutionnaliser. Sylvia Pinel propose quant à qu'elle qu'elle fasse l'objet d'un enseignement à l'école. 

20h11. Leurs solutions pour l’école. C’est, traditionnellement, à les entendre, la priorité des candidats à la présidentielle : l’école de la République. Pas de grandes dissonances sur ce sujet, mais des propositions originales que chacun veut mettre en avant. Benoît Hamon veut plafonner le nombre d’élèves par classe et "un service public d’aide au devoir". Vincent Peillon, satisfait de ce qui a été fait pendant le quinquennat sur la primaire et le collège, veut mettre l’accent sur le lycée et l’université et insiste sur la formation des maîtres. Arnaud Montebourg, lui, propose la création d’un "poste de maître des savoirs fondamentaux", qui suivrait chaque élève sur plusieurs années. 

Manuel Valls est plus général. "Si la gauche doit s’identifier à quelque chose, c’est l’école. Il faut continuer à mettre le paquet dans l’école", assure le Premier ministre, qui propose de créer un grand service public d’accueil de la petite enfance". François de Rugy et Sylvia Pinel s'en tiennent aussi à de grands principes généraux. C'est aussi le cas pour Jean-Luc Bennahmias, qui veut que le lycée prépare mieux à l'entrée en université. 

19h53. Respect du vainqueur. À droite, la question du respect du résultat de la primaire et du soutien au vainqueur avait déclenché quelques débats, notamment lorsque Jean-Frédéric Poisson avait sous-entendu qu'il ne se soumettrait pas à cette règle. À gauche, tout le monde est beaucoup plus sage. Interrogés sur le sujet, les sept candidats assurent que "oui", ils se rangeront derrière le gagnant du scrutin. "C'est pour ça que je n'ai pas d'autre choix que de gagner", lance aussi Arnaud Montebourg, déclenchant les rires.

19h47. De Rugy flingue le 49.3 citoyen. La proposition de Benoît Hamon d'un "49.3 citoyen" est loin de faire l'unanimité. François de Rugy, notamment, lâche ses coups. "Cela m'étonne beaucoup que la gauche puisse donner la possibilité aux lobbies de bloquer un texte", explique-t-il. De fait, ce "49.3 citoyen" doit permettre de mettre une loi en discussion au Parlement dès lors qu'1% du corps électoral la signe. "Heureusement que cela n'existait pas au moment de la loi sur l'IVG", en 1975, glisse François de Rugy.

19h38. L'ombre de François Hollande. Interrogé sur l'héritage du quinquennat, Manuel Valls dit être "fier d'avoir gouverné". "Quand on donne la chance à la gauche dans des moments aussi difficiles, on assume ses responsabilités. Je suis convaincu que la gauche et la France ont toujours une belle histoire à écrire ensemble", complète-t-il. Avant de préciser qu'il "faut respecter le choix du président de la République" de ne pas se représenter. Benoît Hamon, lui aussi, salue ce choix. Et explique qu'il peut "faciliter les choses en [leur] permettant de tourner la page du quinquennat".

19h15. Valls isolé sur la légalisation du cannabisBenoît Hamon et Sylvia Pinel sont tous deux favorables à la légalisation du cannabis. "Est-ce que le tout répressif a amené à une baisse de consommation de cannabis ? Non", assène l'ancien ministre de l'Éducation nationale. Selon lui, il faut "légaliser la distribution du cannabis pour consacrer les 535 millions d'euros qui vont à la répression à la santé et la lutte contre les addictions". Sylvia Pinel, quant à elle, veut "encadrer la distribution de cannabis en pharmacie". Et en profiter pour "redéployer les forces de l'ordre [qui étaient chargées de lutter contre ce trafic] sur d'autres missions, et notamment les autres trafics de stupéfiants".

Arnaud Montebourg comme Vincent Peillon, eux, préfèrent promettre une grande conférence nationale plutôt que de prendre une position tranchée. Manuel Valls, en revanche, pense que "la prévention reste la priorité". "Il faut des interdits dans une société, des règles. Je ne suis pas d'accord" avec la légalisation du cannabis, "et encore moins la dépénalisation". Fidèle à lui-même, Jean-Luc Bennahmias fait le show, confiant que "oui, ça [lui] est arrivé" de fumer des joints. "Mais pas ce soir..." Rires.

18h56. L'environnement s'invite dans les débats. Après l'Europe, les candidats abordent le sujet de l'environnement. François de Rugy promet une baisse de 25% de la facture énergétique des ménages en l'espace de cinq ans. Pour cela, il compte aider les Français à faire un diagnostic pour "faire de bons travaux", puis débloquer des fonds pour leurs financements. Arnaud Montebourg, lui, revient sur le nucléaire. Selon lui, on ne peut pas s'en passer à court terme. "On a besoin du nucléaire pour réduire l'addiction au charbon", explique-t-il. En revanche, il promet de fermer les centrales qui doivent l'être selon l'autorité de sûreté nucléaire (ASN). Souvent critiqué pour avoir envisagé l'exploitation du gaz de schiste quand il était ministre, Arnaud Montebourg réplique. "Il était normal que mon ministère fasse des recherches. La recherche n'est pas interdite, cela ne veut pas dire l'adhésion."

Sylvia Pinel s'attire ensuite les foudres de François de Rugy pour avoir dit que "le nucléaire est un gage d'indépendance énergétique de la France". "L'uranium vient à 100% de l'étranger", réplique le président du Parti écologiste. "Et on continue à dire que c'est l'indépendance énergétique de la France ?" Selon lui, seules les énergies renouvelables permettent d'assurer une production 100% française. Une position "totalement" partagée par Benoît Hamon. "C'est une affaire de choix politiques. Dans ce domaine-là, il ne faut pas avoir la main qui tremble."

18h51. Les tensions se poursuivent. L'échange devient vif entre Vincent Peillon et Manuel Valls. "Je voudrais dire à Manuel Valls que quand on critique ses discours, on ne critique pas la France, on critique une politique qui a été menée au nom de la France", lance le premier, puis évoquant un discours à Munich : "Il y a eu une gêne, même du président de la République". "Ah bon ?", s'étonne Manuel Valls, qui rappelle qu'il parlait bien au nom de la France, puisqu'il était Premier ministre. "Nous nous sommes engagés sur 30.000 (réfugiés à accueillir, Ndlr), nous en sommes à 5.000, mais nous sommes parmi les premiers. C’est difficile. Il faut parler avec les maires, avec les associations." Vincent Peillon n'en démord pas. "La France aurait pu faire autrement", tranche-t-il.

Et comme si ça ne suffisait pas, Arnaud Montebourg embraye sur un autre sujet. "Il est une chose où elle n’a rien fait. Et ce n’est pas faute de l’avoir demandé. La directive sur les travailleurs détachés. C’est du dumping social. C’est inadmissible."  En avance en termes de temps de parole, Manuel Valls ne peut pas répondre. Séquence difficile pour le Premier ministre. 

18h43. Valls attaqué sur l'accueil des migrants. Vincent Peillon s'en prend très clairement à Manuel Valls sur l'accueil des migrants. "Nous avons un profond désaccord", lance-t-il. "Il a dit 30.000, pas plus. Nous en sommes à 5.000. J’ai le sentiment que dans ce moment, les Français étaient plus généreux que leurs dirigeants", a attaqué l'ancien ministre de l'Education. Pour Arnaud Montebourg aussi "le volontariat existe" en France.

Manuel Valls s'agace. "J’en ai assez qu’on mette toujours en cause la France. Sans la France, le Mali aurait été déstabilisé et on aurait eu une crise migratoire. C’est l’honneur de la France d’avoir tenu ses frontières. Quand on gouverne et quand on discute avec les autres responsables européens, il faut être sérieux, déterminé, avec de la générosité, mais de la maîtrise", répond le Premier ministre. Réplique de Benoît Hamon : "C’est l’honneur de la France que de faire vivre ses valeurs, notamment à l’égard des migrants et des réfugiés. Et ce n’est pas en donnant le sentiment d’avoir été l’un des pays qui, dans l’accueil, était parmi les moins volontaires." 

18h25. "Ouvrir les hostilités" avec l'Europe. Les candidats sont invités à dire ce qu'ils feront vis-à-vis de l'Union européenne s'ils sont élus. Sans surprise, Arnaud Montebourg estime qu'il faut changer les choses. "Cette Europe-là est en train d’être rejetée par les peuples et c’est vis-à-vis d’elle qu’il va falloir ouvrir les hostilités", explique l'ancien ministre du Redressement productif. Pour Vincent Peillon, il faut exiger des contreparties à la limite du déficit. "Nous allons suivre une stratégie de finances sérieuses et nous allons réduire notre dette. En contrepartie, vous ferez votre part du chemin, vous accepterez un grand plan d’investissements."

Manuel Valls, qui a visiblement choisi de parler de lui, déclare : "L’Europe est menacée de dislocation. Il y a urgence. Si nous ne sommes pas capables de réagir, si nous n’écoutons pas les peuples, alors l’Europe peut mourir. Et parce que je suis Européen, je ne veux pas de cela". Il répond aussi à Benoît Hamon, qui propose un visa humanitaire pour les migrants et estiment que "nous n’avons pas été à la hauteur quand on en a accueillis si peu". "L’Europe, ce sont des frontières. Si nous ne sommes pas capables de protéger nos frontières, alors c’est l’espace Schengen qui sera menacé", prévient le Premier ministre. Enfin, Jean-Luc Bennahmias se dit d'accord avec Arnaud Montebourg pour un "protectionnisme gradué européen".

18h14. Une Europe plus forte face à Trump. Interrogés sur l’accession de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, les candidats s’entendent pour reconnaître qu'il s'agit là d'une nouvel ordre mondial et réclament une plus grande coopération européenne. "Notre pays doit discuter avec le président Trump et le président Poutine. Ce n’est pas parce qu’on discute qu’on est d’accord sur tout. On sera d’autant plus fort si l’Europe est forte", dit Jean-Luc Bennahmias. "Trump, c’est une incertitude", embraye Vincent Peillon. "Il faut comprendre que la réponse à toutes ces questions, c’est plus d’Europe, c’est une défense européenne et une politique étrangère commune." Arnaud Montebourg abonde : "Autant se méfier des cyber attaques russes que des écoutes de la NSA. Ce sera l’occasion de construire l’alliance militaire européenne."

"Dans un monde dur et incertain, j’ai une stratégie pour la France, qui repose sur deux principes : l’indépendance de notre pays et être à la hauteur du monde nouveau. Avec un grand principe, c’est l’Europe, qui doit être forte", assure de son côté Manuel Valls. François de Rugy approuve, alors que Sylvia Pinel insiste sur le couple franco-allemand. 

17h57. Les candidats sont en place. Ce deuxième débat de la primaire du PS et de ses alliés peut commencer. 

17h29. Hamon le plus recherché sur Twitter. Est-ce un signe ? Deux heures avant le débat, c'est Benoît Hamon qui faisait l'objet du plus de recherches sur Google, devant Manuel Valls et Arnaud Montebourg. Après un effet de curiosité suite au premier débat, où il s'est fait remarquer, Jean-Luc Bennahmias est retombé à la cinquième place, derrière Vincent Peillon. 

17h14. Les sept candidats sont arrivés au studio Gabriel, dans le huitième arrondissement de Paris, où se déroule le débat. Ils reconnaissent tour à tour le plateau. 

Les questions de société à l'ordre du jour. Au menu de ce nouveau rendez-vous qui doit durer 2h30 : la santé, l'environnement, la lutte contre la délinquance et l'éducation. Les candidats devront en outre s'exprimer sur la question "quel président de gauche?", l'exercice du pouvoir et leur "ligne politique". Chaque concurrent aura une minute pour répondre à la question posée et une minute pour répondre à un de ses concurrents. 

Un premier débat jugé poussif. Lors de leur premier débat télévisé, jeudi, les candidats ont réuni devant le petit écran 3,8 millions de téléspectateurs, soit nettement moins que les 5,6 millions de la première joute des candidats de droite le 13 octobre. La quasi-totalité de la presse avait raillé un débat sans saveur. Les candidats étaient restés très policés, se gardant d'attaquer frontalement leurs adversaires et apparaissant mal à l'aise face au bilan du quinquennat de François Hollande.

Avec un calendrier très resserré et plusieurs candidatures de dernière minute liées au retrait de François Hollande, la primaire initiée par le PS peine d'ailleurs à passionner. Ses organisateurs attendent d'ailleurs beaucoup moins de votants les 22 et 29 janvier que les 4,6 millions qui ont désigné en novembre François Fillon candidat. Selon un sondage Elabe diffusé par BFMTV samedi, 56% des Français s'en désintéressent.  

Aucun vainqueur jeudi dernier. À l'issu du premier débat, Benoît Hamon était apparu comme le plus convaincant des candidats, à en croire un sondage Harris Interactive publié vendredi. Benoît Hamon est parvenu à convaincre 23% des personnes interrogées, Arnaud Montebourg 22% et l'ancien Premier ministre Manuel Valls 21%. Chez les sympathisants de gauche, Benoît Hamon avait même convaincu 47% des personnes interrogées, arrivant loin devant les autres, toujours selon Harris.

Mais un autre sondage (Elabe) publié juste après le débat avait donné, lui, Arnaud Montebourg vainqueur à 29% contre 26% pour Manuel Valls et seulement 20% pour le défenseur du revenu universel d'existence. En revanche, auprès des sympathisants de gauche, c’est Manuel Valls qui est arrivé en tête avec 28%, devant Benoît Hamon (27%) et Arnaud Montebourg (23%), selon Elabe. Un résultat serré, donc.