Primaire de la gauche : un débat pour rien

  • Copié
Antonin André, chef du service politique d'Europe 1 , modifié à
Avec un premier débat de la primaire organisée par le PS sans confrontation réelle, le match attendu entre les sept candidats n’a pas vraiment eu lieu.

Tout le monde s’est neutralisé lors du premier débat de la primaire de la gauche, dans un grand oral ou chacun passe tour à tour, sans échange direct. Il y a une explication évidente : éviter le piège de l’exercice, et ne pas se fracasser, se fracturer puisqu’il faudra se rassembler. Mais au-delà, et c’était frappant en comparaison du premier débat de la primaire de la droite qui était beaucoup plus énergique, il n’y avait ni souffle, ni intensité jeudi soir. On avait le sentiment de prétendants résignés, d’une absence d’enjeu.

Un débat entre zombies. Le débat d’hier, c’était la série Walking Dead, des zombies qui avancent sans se presser vers la défaite. À droite, tous étaient habités par l’idée que le vainqueur de leur primaire serait - à tort ou à raison, la suite le dira - le prochain président. Jean-Luc Bennahmias, dans le rôle du bouffon, a joué son rôle, celui de dire par l’humour des vérités irrévérencieuses : "Nous sommes sept petits candidats".

Manuel Valls prend l'avantage. Dans ce non-débat, comparativement Manuel Valls conserve l’avantage statutaire. Le Premier ministre sortant a un taux de crédibilité présidentielle évident. Il maîtrise les sujets, fait preuve d’autorité et d’expérience. D’autant qu’il n’a pas été attaqué ou très peu. Il a même bénéficié de dix minutes d’hommage unanime sur la sécurité et la gestion des attentats.

Face à lui Arnaud Montebourg et Benoît Hamon ont tenu leur rôle sans que l’un ou l’autre ne fasse la différence. Match nul entre les deux. Ils défendent chacun dans leur style une alternative de gauche, le revenu universel pour l’un, le plan de relance pour l’autre. On voit qu’ils ont travaillé, mais c’est parfois un peu technique, un peu compliqué.

Vincent Peillon, trop professoral. Quant à Vincent Peillon, c’est un bon pédagogue. Il est un formidable professeur, philosophe, historien, habile avec les concepts et les références, mais un débat de la primaire n’est pas une chaire universitaire. L’ancien ministre de l’Education nationale donnait l’impression d’être seul sur le plateau tant il ne prêtait pas attention à ses concurrents. Finalement, on a le sentiment d’avoir eu un débat, certes de bonne tenue, mais sans enjeu, sans échange : un débat pour rien.