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Nicolas Beytout
Mercredi commence le 35ème jour de grève suite à l'annonce de la réforme des retraites. Il n'y a toujours pas d'issue qui se dessine entre les acteurs de ce dossier et tout semble désormais tourner autour de l'âge pivot de départ à la retraite. Surtout, entre l'Elysée et Matignon, une première désynchronisation est apparue selon l'éditorialiste d'Europe 1 Nicolas Beytout.
EDITO

35 jours de grève, des négociations qui stagnent, un compromis qui semble s'éloigner. Ainsi commence l'année 2020 pour le gouvernement français au sujet de sa réforme des retraites. Il n'y a toujours pas d'issue qui se dessine entre les acteurs de ce dossier et tout semble désormais tourner autour de l'âge pivot de départ à la retraite. Et pour l'éditorialiste d'Europe 1 Nicolas Beytout, une première dissension est apparue entre Emmanuel Macron et son premier ministre Edouard Philippe. Tout semble maintenant tourner autour de l'âge pivot.

L’autre sujet qui fâche, la fin des régimes spéciaux, n’est plus au cœur du débat. En réalité, c’est acté, l’opinion publique soutient majoritairement cette suppression et le gouvernement pense avoir les moyens de tenir sur cet aspect de la réforme. Reste donc un gros point de fixation : le financement des retraites et la résorption des déficits par le passage d’un âge légal de départ à la retraite de 62 ans à un âge pivot de 64 ans. Ce que refuse fermement la CGT.

Lors des précédents épisodes de négociations, le leader de la CFDT, Laurent Berger, avait lui demandé la suppression de l’âge pivot mais accepté pour la première fois de parler financement des retraites, par exemple dans le cadre d’une grande conférence, ou ce que l'on appelle parfois un "Grenelle". Cela permet de repousser les problèmes dans le temps. Décidé à se montrer ouvert, le premier ministre avait écarté les bras, affiché son plus grand sourire et dit "ok" à la grande conférence.

L'âge pivot est devenu le symbole de la réforme

 

Et tout le monde d’en conclure que les événements prenaient une tournure nouvelle, que Laurent Berger avait fait un pas, qu'Edouard Philippe en avait fait un à son tour. La porte du compromis s’entrouvrait, tout pouvait se passer. Sauf que le premier ministre s’est fait immédiatement claquer cette porte sur les doigts. Pas de compromis sans retrait de l’âge pivot, a cinglé mardi la CDFT.

Cet âge est devenu le symbole de la réforme, donc du réformisme d'Edouard Philippe et de son gouvernement. S’il lâche là-dessus, c’en est fini de l’ambition de transformation du pays par cette majorité.

"Un moment très important dans cette crise sociale"

Quant à Emmanuel Macron, il avait demandé au premier ministre de trouver "un compromis rapide". C’est clair qu’à l’Élysée, on voudrait vraiment en finir avec ce conflit. Et la pression monte un petit peu. On voudrait sentir un peu plus de flexibilité du côté d’Edouard Philippe, pour procéder par exemple en deux temps : les principes de la réforme tout de suite, et les modalités qui fâchent plus tard. C’est la première fois, depuis le début de la bataille sur les retraites, qu’on peut glisser un peu plus qu’une feuille de papier cigarette entre les deux hommes.

C’est donc un moment très important dans cette crise sociale. A surveiller de près, car c’est toujours ce genre de désynchronisation entre le président et son premier ministre, qui peut déboucher sur une reculade du pouvoir. Ça n’est pas inéluctable, mais lorsque ça se produit, ça laisse forcément des traces entre les deux têtes de l’exécutif.