Comment les députés sont-ils placés à l’Assemblée ?

Les sièges de l'Assemblée nationale vont bientôt trouver preneur
Les sièges de l'Assemblée nationale vont bientôt trouver preneur © LIONEL BONAVENTURE / AFP
  • Copié
, modifié à
Les 577 députés élus à l’issue des législatives vont bientôt prendre place dans l’Hémicycle. Mais ils ne choisiront pas forcément leurs pupitres. 

Mardi 27 juin débutera officiellement la nouvelle législature, sous l’ère du président Macron. A cette occasion, les 577 députés élus ou réélus lors des élections législatives pénètreront solennellement dans l’Hémicycle, certains pour la première fois. Ils se placeront pour la seule et unique fois par ordre alphabétique intégral, et la séance sera présidée par l’élu des Républicains Bernard Brochant, doyen de l’Assemblée nationale, âgé de 79 ans. Ensuite, tout changera. Le président de l’Assemblée nationale sera élu, les groupes seront constitués. Et surtout, les députés seront dispatchés selon un nouvel ordre. Avec des places plus prisées que d’autres. Mais tous ne seront pas logés à la même enseigne.

  • Omnipotents présidents de groupe

La première étape, c’est l’attribution des places de chaque groupe parlementaire. Cela à une logique bien ancrée dans la tradition républicaine : la gauche à la gauche du président de l’Assemblée, la droite à la droite, le centre au centre. Pour la première fois, c’est ce dernier groupe qui sera le plus imposant.

" Ça se fait à l’arbitraire total "

Ensuite, c’est à l’intérieur de ces groupes que se décident les places. "Dans la pratique, c’est le président de groupe, assisté du secrétaire général administratif du groupe, qui décide", explique à europe1.fr Pouria Amirshahi, député des Français de l’étranger de 2012 à 2017. "Et en vérité, ça se fait à l’arbitraire total", poursuit cet ex-frondeur. Ce qui explique que le président de groupe est généralement choyé par ses collègues pendant quelques jours. Evidemment, il y a dans ce cas-là les flatteurs et les flattés, c’est d’une effrayante banalité", poursuit Pouria Amirshahi.

  • Les places les plus prisées

Si les députés se battent ainsi pour les places, c’est que certaines sont jugées plus favorables que d'autres. "Ce qui motive les gens, le plus souvent, c’est des trucs de chacal, c’est près des caméras. C’est là qu’on retrouve les suce-micros", grince Pouria Amirshahi. Pour la même raison, les places les plus basses, près des bancs des ministres, sont également les plus demandées.

"Il y’a aussi les places près des travées, pour sortir le plus vite possible", poursuit le député. Pour ne pas gêner ses confrères en cas d’envie naturelle pressante ? "Non, pour aller répondre le plus vite possible à la presse", répond l’ancien député, qui ne semble pas vraiment cautionner de telles pratiques. "Franchement, c’est ridicule, c’est du niveau de cour de récréation", estime-t-il.

" Il y a aussi des gens sains d'esprit chez les députés "

Cela dit, tous ne sont pas aussi obnubilés par les caméras. "Il y a aussi des gens sains d’esprit chez les députés", rigole Pouria Amirshahi, qui pronostique que nombre de nouveaux députés ne se mettront pas dans les pas de leurs devanciers. "Beaucoup de primo-arrivants vont être tellement intimidés par les lieux, tellement heureux d’être là, qu’ils se mettront avec plaisir là où on leur dit de se mettre", espère-t-il.

Et pour l’avenir, Pouria Amirshahi préconise deux solutions. D’abord que les caméramen de France 3 - qui filment les questions au gouvernement - changent fréquemment d’angle, afin que les députés ne sachent pas où il faut se placer. Ensuite, "Il faut que les places, à l’intérieur des groupes, soient attribués au tirage au sort, y compris pour les présidents de groupe. Ce serait le plus démocratique", plaide l’ex-député.

  • Les non-inscrits se partagent les restes

Tous les députés ne sont pas membres de groupe parlementaire. Pour ceux-là, il faut s’asseoir là où il reste des places. Au fond, généralement. "Attention, la cohérence politique est conservée", explique Pouria Amirshahi. Les députés plutôt à gauche se placent donc derrière la gauche, et inversement. Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen, les deux députés FN entre 2012 et 2017, étaient ainsi placés tout en haut à droite. Pouria Amirshahi, lui, a fait l’expérience des non-inscrits, quand il a quitté le groupe parlementaire socialiste en mars 2016. "Je me suis retrouvé au fond de la classe, à la lisière de la droite", sourit-il aujourd’hui. "Mais ça m’allait très bien. J’ai ainsi pu nouer une vraie sympathie avec Jean Lassalle, qui était à côté de moi."