Cantonales : 2012 dans le viseur

Jean-François Copé, Martine Aubry et Marine Le Pen ont déjà l'esprit tourné vers 2012.
Jean-François Copé, Martine Aubry et Marine Le Pen ont déjà l'esprit tourné vers 2012. © REUTERS
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avec agences , modifié à
"Première pierre", "tour de chauffe" ou "première étape" : chaque camp pense déjà à la présidentielle.

Les partis le savent bien. Les cantonales sont le dernier rendez-vous avec le suffrage universel avant la présidentielle, en 2012. Mais tous ne donnent pas à ces élections la même importance. La droite insiste sur la dimension locale du scrutin, alors que la gauche veut en faire un "vote-sanction" et un socle pour la grande bataille à venir. Le Front national, lui, en fait un test pour sa nouvelle patronne, Marine Le Pen, comme le Parti de gauche avec Jean-Luc Mélenchon.

"L’UMP est modeste et frileuse"

A l’UMP donc, on commence, déjà, à minimiser la portée de ces élections. "Bien sûr qu'il y aura une interprétation nationale, nos adversaires tenteront de donner cette interprétation", a prévenu Alain Juppé lundi lors d’un déplacement à Bordeaux. "Mais aujourd'hui, on est dans la campagne, on est dans les programmes (...) locaux", a martelé le ministre des Affaires étrangères. Sentant le vent du boulet, la droite semble faire le minimum. "L'UMP est modeste et frileuse comme si elle avait fait l'impasse sur cette élection. C'est une campagne sans mot d'ordre, sans thématiques nationales susceptibles d'irriguer les cantons", notait lundi Frédéric Dabi, de l’Ifop, qui ne perçoit pas de "mobilisation pré-présidentielle.

Pourtant, Jean-François Copé a admis que cette élection était un "tour de chauffe" pour l’élection présidentielle. "La mission qui est la mienne, c'est d'organiser, d'ici à l'élection présidentielle de 2012, la levée en masse", a déclaré le secrétaire général de l’UMP lors du seul meeting d’importance organisé par son parti, le 9 mars à Marseille. Les élections seront aussi l'occasion de voir "qui n'a pas honte de porter haut et fort l'étendard de nos valeurs et aussi de notre parti l'UMP, et ceux qui ont un peu plus de mal à le mettre en haut de l'affiche", a-t-il prévenu dans un message adressé aux candidats discrets sur leur appartenance au parti présidentiel, impopularité de Nicolas Sarkozy oblige.

"Une façon de dire à Nicolas Sarkozy"

La gauche, à l’image de François Hollande, n’a pas maqué de railler cette discrétion des candidats de l’UMP. "Je parcours toute la France dans un seul but : chercher un candidat de droite", a ironisé l’ex-premier secrétaire du PS lors d’un meeting à Toulon. Les socialistes dénoncent aussi la discrétion de leurs adversaires. "La droite fait comme si cette élection n'existait pas, elle fait tout pour faire oublier ce rendez-vous électoral", a déclaré Martine Aubry le 9 mars à Meyzieu, dans le Rhône.

Pour la première secrétaire du PS, l’enjeu est simple : faire du scrutin un "vote-sanction" à l’encontre de Nicolas Sarkozy et capitaliser sur ce résultat en vue de l’élection présidentielle. Faire des élections une "première pierre" vers 2012, selon Christophe Borgel, le monsieur élection du PS, joint par Europe 1.fr. Voter en mars c'est une "façon de dire à Nicolas Sarkozy que l'impasse dans laquelle il mène notre pays, qui est une impasse économique et sociale, mais aussi une grande crise morale, on ne la supporte plus", a estimé la maire de Lille à Meyzieu.

Le Pen en appelle aux électeurs UMP

Point de "vote-sanction" au Front national, mais plutôt un "vote-promotion". Fraîchement élue présidente du Front national, Marine Le Pen mise beaucoup sur les cantonales. Elle avait présenté à la mi-février le scrutin comme une "première étape" dans "la longue marche vers le pouvoir", c’est-à-dire vers 2012, où la présidente frontiste, seule vraie tête d’affiche de son parti, compte créer la surprise.

Auréolée de deux sondages qui la plaçaient en tête du premier tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen a peu à peu pris confiance au cours de la campagne électorale. Insistant sur l’un de ses thèmes fétiches, l’immigration, la patronne du FN a même lancé vendredi "un appel aux électeurs de l'UMP afin qu'ils nous rejoignent", en marge d’une réunion publique à Perpignan. Si en raison du relèvement du seuil de maintien au second tour de 10 à 12,5%, le FN aura du mal à exister, Marine Le Pen a d’abord l’objectif de réaliser un score à deux chiffres à l’échelle nationale.

Enfin, de l’autre côté du spectre politique, Jean-Luc Mélenchon s’est montré encore plus direct, en présentant les cantonales comme "le premier tour de l'élection présidentielle". "C'est une élection qu'on veut politiser, (...) avec un premier objectif, c'est de faire payer cher au président de la République sa réforme des retraites pour commencer", a déclaré le président du Parti de Gauche au début du mois de mars. "Ensuite, évidemment pour nous c'est un effort d'implantation, d'apparition, du Front de Gauche, avec l'objectif de sortir de cette campagne avec un score à deux chiffres, qui vaudra largement tous les sondages."

>> DOSSIER SPECIAL - Les cantonales 2011