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Alexis Delafontaine avec AFP // Crédit photo : Laetitia Notarianni / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Doublement interdit de conférence la semaine dernière à Lille, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon s'est exprimé lundi soir à Sciences Po Paris devant un public d'étudiants acquis à sa cause. Dans un grand amphithéâtre plein à craquer, il a été applaudi à de nombreuses reprises, notamment quand il a évoqué la situation à Gaza.

"J'ai été choqué" par ces annulations : doublement interdit de conférence la semaine dernière à Lille, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon s'est exprimé lundi soir à Sciences Po Paris devant un public d'étudiants acquis à sa cause. Dans le grand amphithéâtre Emile Boutmy plein à craquer où il a été applaudi à de nombreuses reprises, notamment quand il a évoqué la situation à Gaza, le triple candidat à la présidentielle a salué "l'attitude ouverte et respectueuse de cet établissement", dénonçant par contraste ceux "qui ont cédé aux pressions" et "se sont mis à genoux".

Une référence à sa conférence annulée jeudi dernier à Lille par l'université. Les Insoumis avaient alors voulu relocaliser l'évènement dans une salle privée, mais il avait été aussi annulé, cette fois par la préfecture du Nord. "L'ennemi n'est pas seulement l'extrême droite (...) mais c'est l'immense chaîne des lâchetés de ceux qui cèdent avant d'avoir combattu", a asséné le tribun de 72 ans, appelant à "briser la chaîne du légal pour passer à la chaîne du légitime".

Des étudiants de collectifs de droite manifestent contre la venue de Mélenchon

À Science Po, le fondateur de LFI a aussi développé des concepts de sciences politiques, en les illustrant par des questions d'actualité. Citant notamment les écrivaines Christine de Pizan et Colette Audry, il a en tout cas adopté un ton plus apaisé que la semaine dernière - quand il s'en était pris aux "délateurs, ceux qui aiment aller susurrer à l'oreille du maître" et avait dressé un parallèle entre le président de l'université de Lille et le responsable nazi Adolf Eichmann.

Alors que ses adversaires politiques fustigent les "provocations" de l'ancien sénateur socialiste, la comparaison a également fait grincer des dents à gauche. "C'est indéfendable, ce qu'a dit Jean-Luc Mélenchon, indéfendable", a affirmé lundi matin le patron des communistes Fabien Roussel, dénonçant des "propos excessifs qui discréditent tout le reste".

Devant les locaux, des dizaines d'étudiants de collectifs de droite ont également donné de la voix pour s'opposer à la venue du leader de La France insoumise. "La France insoumise, ça reste le parti qui a eu des ambiguïtés vis à vis de l'antisémitisme. C'est le parti qui refuse de condamner clairement le Hamas, c'est le parti qui a tenu plusieurs fois des propos anti-France", s'alarme Yvain, responsable de l'association Uni, au micro d'Europe 1.

"Apologie du terrorisme"

"Aucun d'entre nous n'a la moindre tentation d'apologie du terrorisme", a également déclaré depuis Sciences Po le responsable de la gauche radicale, en réaction à la convocation par la police pour "apologie du terrorisme" de la candidate aux européennes Rima Hassan, septième sur la liste des Insoumis pour le scrutin du 9 juin. "Il paraît qu'il y a toute une liste de gens qui seraient poursuivis pour apologie du terrorisme. Voilà maintenant une incrimination qui n'a pas le début du commencement de la moindre démonstration", a-t-il assuré.

Rima Hassan a de son côté annoncé qu'elle allait participer à une conférence mercredi à Sciences Po Saint-Germain en Laye sur "La Palestine et Gaza".

"Mobilisation de la jeunesse"

Prévue de longue date, la conférence de Jean-Luc Mélenchon à Sciences Po était une nouvelle étape de sa tournée des universités, commencée il y a plusieurs semaines et qui l'a déjà amené à Nantes, Créteil, Nanterre ou Clermont-Ferrand. Une conférence de l'ancien sénateur socialiste à l'université de Bordeaux avait été annulée en octobre et une autre à Rennes l'a également été il y a deux semaines.

"La mobilisation de la jeunesse étudiante est un de nos objectifs. On sait que si on veut faire un bon score il faut amener à l'élection des gens qui en général ne viennent pas, comme les jeunes ou les quartiers populaires", expliquait récemment le député Matthias Tavel, directeur de la campagne de la tête de liste Manon Aubry pour les européennes.