Elisabeth Borne Gabriel Attal 1:01
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avec AFP / Crédit photo : JULIEN DE ROSA / AFP , modifié à
Ce lundi, la Première ministre et son ministre de l'Éducation participeront à la minute de silence prévue à 14h pour rendre hommage à Dominique Bernard, professeur de français tué ce vendredi lors d'un attentat islamiste. L'événement se déroulera au collège Samuel Paty, lui aussi assassiné dans un attentat islamiste il y a trois ans jour pour jour.

Trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, la France rend hommage lundi au professeur tué par un ex-élève radicalisé et dont le collège-lycée a été évacué dans la matinée en raison d'une alerte à la bombe. Au collège-lycée d'Arras (Pas-de-Calais) où Dominique Bernard a été poignardé à mort vendredi, plusieurs dizaines d'élèves et d'enseignants ont quitté aux alentours de 10h30 l'établissement, où a été mise en place une cellule psychologique. Selon une source proche du dossier, cette alerte intervient après un appel téléphonique signalant un objet explosif.

Ailleurs, les enseignants se sont retrouvés dès 08h00 dans leurs collèges et lycées pour échanger. Les collégiens et les lycéens n'ont commencé les cours qu'à 10h. Le ministre de l'Éducation Gabriel Attal s'est rendu au collège Charlemagne à Paris pour échanger avec la communauté éducative et assister à un cours de lettres avec une classe de 3ᵉ. Dans toutes les écoles de France, une minute de silence est prévue à 14h00 "en mémoire des victimes des attentats commis contre notre école", selon Gabriel Attal. "Aucune contestation" ni "aucune provocation" ne sera "toléré" lors de cet hommage, a prévenu Gabriel Attal, en évoquant "des sanctions disciplinaires et une saisine systématique du procureur de la République".

Pour ce moment de recueillement, le ministre de l'Éducation sera aux côtés de la Première ministre Elisabeth Borne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), au collège de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie lui aussi assassiné dans un attentat islamiste il y a trois ans jour pour jour, le 16 octobre 2020, et à qui la journée est aussi dédiée. Élisabeth Borne a ouvert lundi matin la conférence sociale sur les salaires par une minute de silence en hommage à Dominique Bernard.

Nouvelle réunion de sécurité

Trois jours après l'attaque d'Arras, Emmanuel Macron a promis de son côté que l'école resterait un "rempart contre l'obscurantisme" et "un sanctuaire pour nos élèves et pour tous ceux qui y travaillent", dans un message sur X (ex-Twitter) adressé aux "professeurs, chefs d'établissements, personnels de l'Education nationale et des collectivités territoriales" et aux "élèves de France". Le chef de l'État, qui présidera une nouvelle réunion de sécurité à midi, affiche sa détermination contre les porteurs de "haine". Il veut également que les préfets passent au peigne fin le fichier des personnes radicalisées susceptibles d'être expulsées de France pour s'assurer qu'il n'y ait pas eu "d'oubli" dans l'examen des procédures.

De nombreuses communes vont aussi organiser des rassemblements, à l'instar de la ville de Paris, qui rendra hommage à Dominique Bernard à 12h00, invitant les Parisiens à se retrouver devant les mairies d'arrondissement. L'intersyndicale éducation d'Ile-de-France a également appelé à un rassemblement Place de la République à 18h00. À Arras, plusieurs milliers de personnes ont déjà honoré dimanche le professeur de français, non loin de la cité scolaire Gambetta où a eu lieu le drame. Dans ce collège-lycée, une cellule de soutien médico-psychologique a été installée, mais les élèves n'auront pas cours. Ils devraient reprendre mardi matin, selon plusieurs enseignants.

Roses blanches à Arras

Beaucoup d'élèves étaient lundi matin devant l'établissement, certains les yeux rougis, quelques-uns avec des roses blanches, a constaté l'AFP. Avant de reprendre les cours après le week-end, les professeurs étaient appelés à se retrouver pour un temps de recueillement dans leurs établissements. "C'était très important de se retrouver, ça fait retomber les tensions car quand on est profs, on est très seuls", a témoigné auprès de l'AFP Benjamin Marol, professeur d'histoire-géographie dans un collège de Montreuil en Seine-Saint-Denis.

Trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, qui avait suscité une émotion considérable dans tout le pays, l'attentat au couteau d'Arras, a de nouveau jeté l'effroi, en particulier chez les enseignants, dont certains appréhendent le retour en classe. "C'est la figure même du professeur qui est attaqué", a dénoncé lundi matin sur RTL Maître Virginie Le Roy, avocate de la famille Paty, estimant que les choses avaient "encore empiré" en trois ans.

Le gouvernement a renforcé la sécurité autour de tous les établissements scolaires. Gabriel Attal réunira prochainement "l'ensemble des collectivités locales" pour discuter de la sécurité "sans tabou". La France a été placée vendredi en alerte "urgence attentat", avec 7.000 soldats déployés sur le territoire. Depuis son arrestation, l'assaillant d'Arras, Mohammed Mogouchkov, qui aurait crié "Allah Akbar" selon des témoins, "ne s'est pas exprimé", selon une source policière. Huit autres personnes étaient encore en garde à vue dimanche.