À l'Assemblée, ces très précieux groupes d'amitié

Les groupes politiques se sont disputé les groupes d'amitié avec les pays étrangers.
Les groupes politiques se sont disputé les groupes d'amitié avec les pays étrangers. © AFP
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Jean-Sébastien Soldaïni, avec T.LM. , modifié à
L'ENQUÊTE DU 8H - Chaque parlementaire peut intégrer un groupe d'amitié avec un pays étranger. Une structure convoitée par chaque famille politique, qui apporte influence, relais diplomatique… et cadeaux.
L'ENQUÊTE DU 8H

Mercredi, les groupes d'amitié parlementaires doivent être finalisés à l'Assemblée nationale. Ces petits groupes d'une poignée de députés entretiennent des relations avec leurs homologues en Syrie, au Liban, aux Etats-Unis ou ailleurs dans le monde. Avec la nouvelle législature, il a fallu tout recomposer et cela a donné lieu à une rude bataille entre partis politiques.

Traditions non-écrites. Des députés d'opposition affirment que La République en Marche, voulant tout rafler, n'a pas forcément respecté les règles. Or, il ne s'agit pas vraiment de règles, mais de traditions non écrites. Logiquement, l'Allemagne va à la majorité, et c'est encore le cas cette fois. Mais l'un des trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) revient habituellement à la principale force d'opposition. Sauf que Les Républicains n'ont cette fois-ci eu droit qu'à la Mauritanie, héritant malgré tout de l'Espagne ou des États-Unis.

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C'était le marché de Brive-la-Gaillarde

"Marchandage". Pour Cuba, ce sont habituellement les communistes qui président ce groupe d'amitié. Mais pas cette fois. "En face de chaque pays, il y avait écrit REM, REM, REM… Pratiquement devant tous les pays. Il ne restait que des petits pays qui n'ont pas une influence très importante, donc on discutait pour avoir un groupe à la place d'un autre. C'était le marché de Brive-la-Gaillarde", s'amuse Guy Teissier, député des Bouches-du-Rhône qui a participé aux discussions pour Les Républicains.

Carole Bureau-Bonnard, vice-présidente de l'assemblée, ne conteste pas cette ambiance de marchandage. Pour elle, la répartition s'est faite par continent, au prorata du nombre de députés. "Le groupe REM doit obtenir 85 groupes sur les 154. Il y a obligatoirement quelques groupes, appartenant auparavant au groupe LR, qui sont maintenant à la majorité", indique-t-elle, laconique.

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Maurice, par exemple, ce sont des intérêts avant tout touristiques

Diplomatie parallèle. Reste une question : pourquoi se déchirer pour un groupe d'amitié ? L'influence, avant tout, comme une sorte de diplomatie parallèle. Cela permet de faire passer des messages directs à certains pays, bien loin des ambiances feutrées des ambassades. Au-delà de ça, les intérêts sont parfois très personnels. L'ancien député Gérard Bapt reconnaît ainsi que certains voyagent dans les îles à moindres frais : "Maurice, par exemple, ce sont des intérêts avant tout touristiques, dans le cadre d'échanges économiques. On va pousser ses propres entreprises, pour certains avec des pays du Golfe", explique-t-il.

Produits de luxe. Parfois, il y a un même un retour sur investissement. Les petits cadeaux des pays visités ne sont pas exclus, à l'image de produits de luxe. Et puis, c'est aussi un bon moyen pour rembourser des notes de frais par des associations. Prenon le cas de l'Azerbaïdjan : il faut savoir que les "Amis de l'Azerbaïdjan" peuvent prendre en charge des repas ou des déplacements. 

Travail fantôme ? Bien souvent, intégrer un groupe d'amitié particulier a pour but non avoué de plaire à une communauté dans sa circonscription. Car, dans les faits, le travail est superficiel. Selon un ancien député, 80% de ces groupes ne se réunissent jamais.