Université : le mouvement de grogne prend de l'ampleur

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Dix universités sur 85 sont bloquées depuis mercredi par le mouvement de protestation contre la réforme sur l'autonomie de l'université. Une grogne menée jusqu'à présent par les syndicaux étudiants situés à l'extrême gauche. Mais après une entrevue avec la ministre de l'Enseignement supérieur, l'Unef, le principal syndicat étudiant, a à son tour appelé à l'amplification du mouvement que le gouvernement continue de minimiser.

Dix universités bloquées, des assemblées générales qui se multiplient : contrairement aux prévisions de François Fillon, invité sur Europe 1, qui prévoyait qu'il n'y aurait pas de "contagion", le mouvement de grogne des étudiants semble bien prendre de l'ampleur. Cinq nouvelles universités ont voté mercredi un blocage total ou partiel. La colère a gagné Caen, Nantes, Strasbourg ou Bordeaux. A la Sorbonne, les forces de l'ordre sont intervenues pour la première fois dans la nuit de mardi à mercredi pour déloger des étudiants qui protestent contre la réforme de l'université. Mercredi soir, la police a évacué environ 75 étudiants qui occupaient les locaux de la fac de Tolbiac à Paris. Evacuation aussi de l'université de Lettres à Nantes occupée depuis mercredi midi.

Signe que le mouvement est en train de se durcir, l'Unef a à son tour appelé les étudiants à "amplifier le mouvement". Bruno Julliard, le président du principal syndicat étudiant, leur a également demandé de "décider de la grève dans un maximum d'universités", après une rencontre avec Valérie Pécresse, la ministre de l'Enseignement supérieur, mercredi. Jusqu'à présent, l'Unef était plutôt restée en retrait du mouvement, ne demandant pas l'abrogation pure et simple du texte et généralisant les revendications à la question du pouvoir d'achat.

Pour le Premier ministre, ces mouvements de protestation étudiants sont "souvent inspirés par des considérations très politiques". Cette protestation "n'a évidemment pas de sens parce que nous avons fait d'énormes efforts pour l'université", a précisé François Fillon, s'appuyant sur les "1,8 milliard d'euros de budget supplémentaire" inscrits pour l'enseignement supérieur et la recherche. La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a elle estimé que ces blocages allaient "contre les intérêts des étudiants" et qu'ils avaient "plus à gagner dans le dialogue". "Ce sont toujours les étudiants les plus fragiles qui sont victimes du blocage des facs, c'est pas les étudiants qui n'ont aucun problème, qui réussissent", a estimé la ministre en précisant que sa porte restait ouverte.

Les revendications des étudiants concernent en priorité la loi sur la réforme de l'université, rédigée par Valérie Pécresse et adoptée en août dernier. Ce texte prévoie de donner plus de pouvoir de gestion au président du site. Les syndicats étudiants disent notamment craindre que les possibilités de financement privé des universités accentuent les inégalités entre établissements. Mais tous ne sont pas d'accord sur la stratégie à adopter : demande d'abrogation ou aménagements du texte. Par ailleurs, l'Unef, le principal syndicat étudiant, propose également de rejoindre le mouvement de grève de la fonction publique prévu le 20 novembre sur la question du pouvoir d'achat des étudiants.