Un Sarkozy "déboussolé", en "autoanalyse"

Nicolas Sarkozy, Martine Aubry, Dominique de Villepin et Ségolène Royal
Nicolas Sarkozy, Martine Aubry, Dominique de Villepin et Ségolène Royal © REUTERS
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Hélène Favier , modifié à
D'Aubry à Villepin ou Bayrou, l'opposition juge sévèrement sa prestation. Son camp est satisfait.

C'est un Nicolas Sarkozy "déboussolé" et "sans aucune vision" qui s'est exprimé, pour l'opposition, mardi soir, sur les trois chaînes de télévision TF1, France 2 et Canal +.

Un président "affaibli" pour le PS

"J'ai entendu un président de la République hésitant, je dirais déboussolé qui donne l'impression de ne pas savoir où il va", a jaugé la première secrétaire du PS, Martine Aubry, au siège de son parti à Paris.

"J'ai entendu un président qui a l'air de ne pas comprendre le pays", a-t-elle poursuivi avant que Ségolène Royal ne renchérisse : "Je l'ai trouvé affaibli par ses échecs, et enfin, j'ai trouvé un président qui était discrédité par ses mensonges", a-t-elle affirmé. "Le plus gros mensonge, c'est quand il nous dit qu'il n'a pas pris sa décision pour 2012, alors que tous les ministres nous disent le contraire depuis la formation du gouvernement Fillon".

"Au cinéma de la politique"

En somme, "Nicolas Sarkozy a beaucoup parlé de lui, une forme de justification, et d'autoanalyse", a assené, pour sa part, le président du Modem François Bayrou. Le président n'a donc fait qu'effleurer les vrais sujets, "effeuiller la marguerite politique", a estimé aussi l'ancien Premier-ministre, Dominique de Villepin. "Mais est-cela dont la France a besoin ?" Il faut retrouver "le chemin de la justice sociale" et "l'autorité de l'Etat", a-t-il plaidé.

Le président aurait dû évoquer aussi "la pauvreté", selon l'écologiste Cécile Duflot qui a rappelé : "il y a quasiment 15% des habitants de ce pays et essentiellement des personnes âgées qui cet hiver n'auront pas les moyens de se chauffer". "On n'est pas au cinéma de la politique", a ajouté la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts qui juge sévèrement l'intervention de Nicolas Sarkozy.

"Ce soir le sarkozysme est mort"

Reste que la pire charge contre le président est venue du FN et de sa vice-présidente, Marine Le Pen. "Ce soir le sarkozysme est mort (...). Aucune grande vision, aucune solution, comme si Nicolas Sarkozy était vaincu, en quelque sorte, vaincu parce que soumis à la mondialisation à laquelle il veut adapter la France", a-t-elle insisté sur France 2 avant de souligner : "Monsieur Sarkozy a compris que cette arrogance qui était sa marque de fabrique agaçait les Français, alors il nous fait un exercice de modestie imposée en quelque sorte".

"Une feuille de route respectée"


Au final, le chef de l'Etat n'aura trouvé grâce qu'aux yeux de son propre camp. Ainsi Jean-François Copé, chef de file des députés UMP, s'est fendu d'un communiqué pour louer un "Nicolas Sarkozy qui a su trouver le ton et les mots justes pour remettre en perspective et expliquer l'action que nous conduisons depuis 2007 et tracer un cap clair et ambitieux pour la suite du quinquennat".

"On a un président de la République qui, une nouvelle fois, a donné l'image d'un président de devoir. Chacun a pu, en l'écoutant, mesurer à quel point il fait passer l'intérêt du pays avant sa propre image, avant sa popularité. (...) Le visage qu'a donné le président c'est d'abord le visage d'un président à la hauteur de la hauteur des attentes des Français", a ajouté Frédéric Lefebvre, secrétaire d'Etat au Commerce.

Mercredi matin, sur Europe 1, Alain Juppé, ministre de la Défense, s'est dit "satisfait" : "ce que j’ai apprécié c’est qu’il reconnaisse qu’il y avait des inflexions à apporter, en particulier sur le bouclier fiscal, je l’avais souhaité", a-t-il commenté, tout en précisant que s’inspirer du modèle allemand au niveau fiscal était "une bonne démarche". "La feuille de route est pleinement satisfaite, qu’il s’agisse de la dépendance, de la réforme fiscale ou de l’emploi des jeunes", a-t-il ajouté.