NKM victorieuse d'une primaire UMP houleuse

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RÉCIT - Après nombre de polémiques, la primaire UMP a finalement couronné la favorite.

 La victoire de Nathalie Kosciusko-Morizet n’a surpris personne. Pas même ses adversaires. Pourtant, la désormais candidate de l’UMP à Paris s’est livrée à un vrai parcours d’obstacles pour conquérir le droit de briguer la mairie de Paris, en 2014. Retour sur une campagne dont on connaissait la fin avant le début.

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 Episode 1 : Les Drôles de Dames. Le casting faisait saliver. Rachida Dati, l’ancienne chouchou de la sarkozye, face à NKM, la plus ambitieuse des ambiteuses, saupoudré d’un jeune loup aux dents longues (Pierre-Yves Bournazel) et d’un vieux grognard de la droite parisienne (Jean-François Legaret), sans oublier la relève de Christine Boutin (Franck Margain), il y avait de quoi affoler les gazettes.

Fidèle à elle-même, Rachida Dati n’a pas déçu et a attaqué bille en tête la favorite des sondages, élue de l’Essonne, sur son parachutage à Paris. "Vous savez, aujourd’hui, les électeurs supportent mal que vous puissiez faire du tourisme électoral", tacle l’ancienne garde des Sceaux dès le mois de décembre 2012. Des accusations répétées pendant de longues semaines, sans que NKM ne daigne répondre. Pour exister, Dati cogne. Pour rassembler, NKM esquive.

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Episode 2 : Stop ou encore ? Partie de loin, Rachida Dati a très vite compris qu’elle ne fait pas le poids face à NKM, adoubée par les caciques de l’UMP. Alors le 23 avril, elle dit stop. « NKM est déjà choisie par les médias et le système, la réalité est celle-là, même si je le regrette pour les autres candidats. Dans ce contexte, je retire ma candidature", annonce-t-elle dans Le Point.

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"Nous avons besoin de Rachida Dati comme de tous les autres", réagit NKM. L’ancienne porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy a besoin d’un vrai succès populaire  - et démocratique - pour légitimer sa candidature, insuffler un souffle. Sans sa principale rivale, les dés sont pipés. "Rachida était une personnalité qui pouvait attirer les médias et donc les votants. S’il y a moins d’enjeu, il y aura moins de participation. Est-ce bien utile de maintenir le scrutin", confirme un baron parisien. "Nathalie a besoin de moi. Je signe des autographes, pas elle », se marre Rachida Dati. Ce jour là, Europe1.fr écrit : "à Paris, une primaire UMP pour du beurre".

Episode 3 : La Grande Pagaille. Après le succès de la primaire socialiste en 2011, le parti de Jean-François Copé - même si lui n’en veut pas - veut s’essayer à la démocratie interne. Mais à l’UMP, on a la culture du chef. Un candidat, il est naturel ou il ne l’est pas (candidat). Et ça se sent.

Pierre-Yves Bournazel

Dans sa dernière ligne droite, la campagne a en effet tourné au cauchemar : problèmes techniques, votes impossibles ou mal sécurisés, démobilisation des électeurs, attaques violentes contre NKM, coupable de s’être abstenue sur la question du mariage gay…  Vendredi, premier jour du scrutin, Pierre-Yves Bournazel tente même un coup, politique autant que médiatique : "il convient de suspendre le processus d'un vote publiquement ridiculisé". Il n’est pas le seul à critiquer l’organisation. Branle-bas de combat à l’UMP. Une réunion est organisée en urgence. Pour le bien d’une famille qui s’est entredéchirée quelques mois plus tôt pour choisir son président, on cache la poussière sous le tapis. Un jour, il faudra bien passer l’aspirateur…

Episode 4 :  le "happy end". Lundi, la bataille est finie. Si on a cru un temps que la mobilisation des anti-mariage gay pourrait redistribuer les cartes, que nenni. La grandissime favorite s’est très largement imposée. Pierre-Yves Bournazel, si hargneux trois jours plus tôt, reconnaît calmement sa défaite. Car l’heure est aux tractations…

Même le si critique Guillaume Peltier y est allé de son tweet de félicitation. Jean-François Copé, qui n’est pas son plus grand supporter, appelle lui aussi "l'ensemble des candidats à se retrouver aux cotés de Nathalie Kosciusko-Morizet dans un esprit de rassemblement et de mobilisation". La famille est unie derrière sa candidate. Après des mois de désunion. Pendant ce temps là, la socialiste Anne Hidalgo a le sourire.