Libye : "c'est tardif, mais positif"

La classe politique française est unanime concernant l'intervention en Libye, mais l'opposition la juge trop tardive.
La classe politique française est unanime concernant l'intervention en Libye, mais l'opposition la juge trop tardive.
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avec agences , modifié à
En France, au sein de l'opposition, on juge que la décision de l’ONU intervient trop tard.

Soulagée, mais déçue par le délai de réponse. Alors que l’ONU a donné son feu vert vendredi à une intervention militaire en Libye, la gauche applaudit l’initiative, mais la juge trop tardive. Le député socialiste de Seine-Maritime Laurent Fabius a ainsi salué "une initiative positive". "Malheureusement c'est tardif, mais c'est positif. Cela permet maintenant d'empêcher Kadhafi de continuer son action sanguinaire", a jugé l’ancien Premier ministre sur Europe 1.

"La question, c'est ce qui va se passer ensuite, ce qui est exclu, c'est que Kadhafi puisse continuer jusqu'à Benghazi et massacrer la population, en revanche ce qui est ouvert, c'est : est-ce qu'il acceptera un cessez-le-feu et à quelles conditions. L'objectif est de le chasser (du pouvoir) et de le remplacer par un régime plus démocratique", a-t-il aussi développé.

Même son de cloche du côté du Patri radical de gauche (PRG). Jean-Michel Baylet, s’est ainsi "félicité" de l’adoption de la résolution de l’ONU."Une nouvelle fois on ne peut que constater les difficultés de la communauté internationale à réagir rapidement face à une situation dramatique", a-t-il plus loin déploré.

Le rôle de l’UE sujet à discussions

Du côté du Modem, le soulagement est aussi de mise. "In extremis, la communauté internationale, y compris la Ligue arabe, s'est rangée aux côtés des insurgés libyens afin de les aider à résister et à chasser Kadhafi du pouvoir. Désormais les Libyens ne sont plus seuls: nous sommes à leurs côtés", a analysé la vice-présidente du mouvement démocrate, Marielle de Sarnez. "Ma joie est toutefois teintée d'une forte déception concernant l'Union européenne, qui n'a joué, en tant que telle, aucun rôle", a-t-elle toutefois nuancé.

Un avis que ne partage pas Jean-Luc Mélenchon, qui, lui, ne veut pas attribuer le mérite des négociations à Nicolas Sarkozy, mais au Parlement européen. "Dire merci à Nicolas Sarkozy, ‘ça sèmerait la confusion’", a-t-il déclaré sur RMC. "La ‘résolution commune’ de l'ONU est partie du Parlement européen (...) c'est ça cette résolution, c'est à elle qu'il faut dire merci", a ainsi soutenu le leader du Parti de gauche.

Paris doit consulter les pays arabes

Sur son blog, Jean-Pierre Chevènement, qui s’était farouchement opposé à une action militaire française en Afghanistan et avait été jusqu'à quitter le gouvernement en 1991 après la décision française de participer à la guerre en Irak, appelle Paris à ne pas céder à la tentation de l’"ingérence". "Cette responsabilité de protéger définie par l'ONU en 2005 ne se confond nullement avec un droit d'ingérence ouvert à la France, à la Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et aux pays volontaires. Il faut souhaiter que la résolution du Conseil de sécurité soit interprétée strictement", développe-t-il.

Jean-Pierre Chevènement souhaite ainsi que Paris travaille de concert avec les pays arabes. "La France serait bien inspirée d'agir en contact étroit avec les pays arabes, notamment l'Egypte et les pays du Maghreb", juge dans son billet le président d’honneur du Mouvement républicain et citoyen.

Un sommet Union Africaine-Ligue arabe sur la Libye doit d’ailleurs se tenir samedi à Paris, en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.