Hollande : "j'ai été meurtri"

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Fabienne Cosnay , modifié à
Le chef de l'Etat a eu des mots très durs envers son ancien ministre Jérôme Cahuzac.

Fini le temps où le président se laissait aller à la petite blague. Lors de son allocution télévisée, mercredi, François Hollande est apparu très solennel. Visage grave, voix ferme, mâchoires serrées, le chef de l'Etat a profité de son intervention pour rappeler son cap, assurant qu'il n'avait pas l'intention de "changer de politique". Présentant les grandes lignes du projet de loi sur la moralisation publique, François Hollande a distillé quelques messages personnels. Aux Français, à qui il avait promis "une République exemplaire". A son ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac. A ceux des membres du gouvernement, qui confient en avoir assez de l'austérité.

"Une affaire qui va contre mes engagements"

Pour la première fois, François Hollande a abordé l'affaire Cahuzac sous un angle plus personnel. "J'ai été blessé, meurtri " avec cette affaire qui va "contre mes engagements", a confié celui qui avait promis pendant sa campagne "une République exemplaire". Le président a eu des mots très durs à l'égard de son ancien ministre du Budget qui envisage de revenir à l'Assemblée. "Il y a, je pense, une question de conscience, si encore elle est possible d'être évoquée. Comment venir au Parlement, là où un mensonge a été prononcé ?", a fustigé le chef de l'Etat.

Pour prévenir tout conflit d'intérêt, l'exercice d'un mandat sera incompatible avec certaines activités professionnelles. Invité à préciser lesquelles, François Hollande a pris l'exemple des médecins travaillant pour des laboratoires. Un cas de figure qui rappelle celui de Jérôme Cahuzac quand il était député.

Nouveau recadrage des ministres

"Je ne peux pas laisser cette affaire sans une réponse à la hauteur", a confié François Hollande. Le chef de l'Etat est apparu soucieux de l'héritage qu'il entendait laisser à la fin du quinquennat. "Je veux laisser des réformes qui auront permis aux Français d'avoir un lien, une confiance à l'égard de ceux qui les représentent" (...) "C'est la République elle-même qui est menacée", a estimé le président.

Soucieux de démontrer son autorité, François Hollande a répondu fermement aux ministres Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Cécile Duflot qui réclament un débat sur l'austérité. "Aucun ministre ne peut remettre en cause la politique menée par le gouvernement", a-t-il prévenu. "C'est le sérieux qui permet la croissance" et assure "l'indépendance pour la France", qui lui donne "sa capacité pour parler, pour décider, pour agir" en Europe. "Le sérieux, c'est le cap, l'objectif, c'est la croissance", a-t-il martelé, déterminé à donner l'image du président "en première ligne".