Hollande, un président en "première ligne"

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Fabienne Cosnay , modifié à
En fixant un cap et un calendrier, le président a voulu répondre à ceux qui le jugent indécis.

"Je suis en situation de combat". Invité du journal télévisé de TF1, dimanche soir, François Hollande a voulu montrer aux Français sa détermination, fixant un cap pour sa politique avec deux objectifs : la baisse du chômage et la réduction des déficits publics.

Critiqué de toutes parts ces dernières semaines, le chef de l'Etat a mené la contre-offensive, endossant l'image du capitaine qui fixe le cap, comme l'avait fait son prédécesseur, Nicolas Sarkozy. "Je ne me défausse pas, je suis en première ligne", a rappelé le chef de l'État. "J'ai ma responsabilité : je dois fixer le cap et donner le rythme et les étapes. (...) Je resterai ce que je suis. J'ai demandé une présidence qui soit exemplaire, simple, proche mais en même temps, je suis pour une présidence d'action et de mouvement", a-t-il assuré.   

"Il a tenté de faire taire tous les doutes sur son investissement total dans les affaires du pays", a analysé pour Europe 1 Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.

"Je vais m'engager pleinement"

Interrogé sur son style de présidence, François Hollande a tenu à affirmer qu'il serait en première ligne aux côtés de son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, rompant avec le partage des rôles instauré au début de son mandat. "Je vais m'engager pleinement dans la bataille que j'ouvre contre le chômage et la dette. Le Premier ministre, fort de cet agenda, de cette étape qui doit être franchie, de ce cap que je fixe (...) il anime, coordonne et met en œuvre", a détaillé le président.

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Pour autant, pas question pour François Hollande de voir en Jean-Marc Ayrault un simple collaborateur. "Vous savez, Jean-Marc Ayrault, c'est un homme sérieux, c'est un homme respectueux, c'est un homme avec lequel j'ai toujours travaillé en bonne intelligence (…) Vous savez, moi, je n'ai jamais considéré que le Premier ministre devait être un collaborateur", a pris soin de préciser François Hollande, dans une allusion au qualificatif utilisé par Nicolas Sarkozy pour évoquer François Fillon, au début de son quinquennat.

Hollande donne des échéances

En donnant un calendrier précis des réformes à venir, le président a aussi voulu répondre à ses détracteurs qui pointent du doigt son indécision et son manque de réactivité face à la crise. Tout au long de l'interview, François Hollande a en effet donné des échéances. Un an pour inverser la courbe du chômage. Deux ans pour voir les résultats de "l'agenda du redressement", qu'il a annoncé, dimanche soir. Et l'objectif du quinquennat au final.

"Il l'a fait pour essayer de casser le carcan du temps court", explique Frédéric Dabi. "Ce qui a été très compliqué pour le chef de l’Etat, pour le Premier ministre, c’est cette impatience des Français en matière de résultats, leurs attentes de résultats dans un temps très court, et donc, en inscrivant son action dans le temps, il essaye de faire comprendre que l’amélioration du pays prendra du temps", poursuit l'analyste.

Redevenir populaire ? "Ce sera difficile"

Sur la réforme du marché du travail, le président a aussi donné une date butoir aux syndicats et au patronat, fixant à la fin de l'année les résultats de la délicate négociation. "C'est une réforme considérable (...) Mais je fixe une limite. A la fin de l'année, les partenaires sociaux peuvent trouver ce compromis historique : protéger mieux les salariés, permettre aux entreprises d'être d'une certaine façon elles aussi protégées (...) Mais si les partenaires sociaux ne le trouvent pas, alors l'Etat prendra ses responsabilités", a prévenu le président.

Reste à savoir si cette interview aura l'effet escompté, celui d'enrayer la chute de François Hollande dans les sondages. "Ce sera difficile, mais l'avenir le dira", avance prudemment Frédéric Dabi. "Il a inscrit son action dans la durée, et il a laissé une petite lumière au bout du chemin, 2017, avec cet objectif : que la France vive mieux qu’en 2012. C’est assez finement joué, parce qu’un des ressorts majeurs de l’angoisse sociale en France, c’est la notion de déclin, surtout le sentiment qu'ont les Français que leurs enfants vont vivre moins bien qu’eux", explique le sondeur.