Dossier spécial : L'Europe regarde la conservatrice Pologne voter

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Dimanche, les Polonais sont appelés à voter pour renouveler leurs députés. Les conservateurs frères Kaczynski ont perdu dans l'été leur majorité gouvernementale et ces élections anticipées prennent des allures de véritable référendum. Dans les derniers sondages, les libéraux, anti-Kaczynski, semblent avoir pris l'avantage. Ce scrutin est déterminant pour Varsovie mais aussi pour l'avenir de l'Union européenne.

Les derniers sondages font désormais des libéraux les grands favoris des élections législatives polonaises prévues dimanche. La Plateforme civique, menée par Donald Tusk, semble désormais en position d'ébranler le pouvoir des frères Kaczynski. Car au-delà du renouvellement des députés, ce scrutin prend de plus en plus la forme d'un référendum "pour ou contre les jumeaux Kaczynski". Alors que les libéraux étaient en retard sur le parti conservateur Droit et Justice, ils seraient désormais crédités de 8 à 10 points d'avance. Signe que le vent tourne : le débat entre Jaroslaw Kaczynski et Donald Tusk la semaine dernière a largement tourné en faveur de celui qui n'était qu'un outsider il y a quelques semaines.

Les jumeaux Kaczynski dirigent la Pologne depuis 2005, Lech comme président, Jaroslaw comme Premier ministre. Un gouvernement conservateur, crispé sur les questions de société, religieux et souvent intransigeant dans ses relations avec le reste de l'Union Européenne. Avec leur parti Droit et Justice, ils ont été contraints d'organiser des élections législatives anticipées pour renouveler Parlement et Sénat, après la chute de leur coalition gouvernementale et l'auto-dissolution du Parlement. Dans l'hypothèse d'une défaite, c'est bien Jaroslaw qui perdrait son poste alors que le président Lech resterait au pouvoir avec un nouveau gouvernement à ses côtés.

La Plateforme civique de Donald Tusk est également un parti situé à la droite de l'échiquier politique. Mais la Plateforme civique est plus libérale et surtout plus pro-européenne que le parti Droit et Justice. Son principal mot d'ordre : la lutte contre la corruption. Une coalition de centre-gauche est également en lice, menée par l'ancien président polonais Alexandre Kwasniewski entre 1995 et 2000. Mais cette Liste de gauche et des démocrates (LiD), regroupant des anciens communistes et certains de leurs opposants, ne serait créditée que de 10% d'intentions de vote.

L'Union européenne suivra en tous cas de très près l'issue de ce scrutin. La Pologne a semblé au cours des deux dernières années, à de nombreuses reprises, à contre-courant du reste du continent. Outre-passant l'UE ou bloquant certains processus d'intégration. Donald Tusk est un ami de longue date d'Angela Merkel, la chancelière allemande, et pourrait se montrer plus modéré que les frères Kaczynski. Mais l'équilibre des coalitions en Pologne reste fragile et les ultraconservateurs gardent la possibilité de faire pencher la balance européenne.

Cette élection se déroulera sous surveillance, celle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Problème de formule ou véritable mise en garde, l'OSCE a du envoyer deux notes diplomatiques au ministère polonais en charge des élections, avant de recevoir un feu vert. Le président polonais a longtemps refusé ce regard extérieur sur l'organisation des élections législatives dans son pays, avant de céder face aux pressions internationale. Pour Varsovie, cette surveillance faisait de la Pologne un "un pays du Tiers-Monde", alors que le fait de superviser les élections est automatique pour tous les pays membres de l'OSCE.