Cantonales : candidats vs. suppléantes

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Hélène Favier , modifié à
Sur le papier : la loi favorise la parité. Dans les faits : les femmes passent au second plan.

Comment dit-on "candidat" au féminin ? Réponse : "une suppléante". Cette blague, bien connue, semble particulièrement bien adaptée aux élections cantonales : les conseils généraux restent composés d'hommes à 87 %.

En théorie, cette année, cet écart pourrait se réduire, puisque, pour la première fois, chaque candidat doit se présenter avec un suppléant du sexe opposé. Datant de la loi du 26 février 2008, cette disposition a pour but de "renforcer la parité au sein des conseils généraux". Le texte précise qu’en cas de démission pour cause de cumul de mandats locaux ou de décès du titulaire, le suppléant est appelé à le remplacer de façon automatique, sans élection préalable. Ce dispositif est donc susceptible d’élargir la représentation des femmes dans les conseils généraux.

Les femmes rarement candidates titulaires

"Seulement voilà, dans 90% des cas, les partis ne choisissent des femmes que comme suppléantes", dénonce Pierre Schweitzer, candidat "Indépendants, démocrates, écologistes, européens et solidaires" (IDEES), sur le canton de Strasbourg-2.

Soucieux de promouvoir la parité en politique, Lucia D'Apote et lui ont départagé leur candidature à pile ou face. C’est elle qui a remporté la mise : elle est donc candidate et lui suppléant. "Si un tel tirage au sort était généralisé, il en résulterait une parité parfaite au sein du conseil général", car "les lois du hasard sont neutres", estime le binôme qui espère avoir interpellé l’opinion sur les problèmes de parité.

Le "collectif de la barbe"

Selon l’Observatoire de la parité entre les femmes et les hommes, cette année, seulement 23% des candidats sont des candidates cette année. Autre chiffre de l'OPFH : depuis 2008, les conseils généraux sont constitués à 87% d’hommes. Certains le sont même à 100%, comme c’est le cas dans le département du Tarn-et-Garonne qui ne compte aucune femme sur une trentaine d’élus.

Pour dénoncer cette situation, quatre femmes affublées de belles barbes ont d’ailleurs interrompu, le 24 février dernier, la séance budgétaire du conseil général pour interpeller l'assemblée et son président : Jean-Michel Baylet, président du PRG. "C'est exceptionnel en France puisque, avec l'Ariège, vous êtes les deux seules assemblées départementales à avoir résisté à la présence des femmes : encore bravo !", ont lancé ironiquement ces femmes, membres du "collectif de la barbe".

Sur les 101 conseils généraux que compte la France, seulement 6 sont présidés par une femme.

>> DOSSIER SPECIAL - Les cantonales 2011