La gauche a essuyé une nouvelle gifle. La majorité présidentielle a perdu 25 départements dimanche soir, et n'en a gagné qu'un, la Lozère, à l'issue du second tour des départementales. Seuls 34 département restent donc aux mains du PS et de ses alliés, la droite régnant désormais sur 66 départements.
Symboles de la défaite, la Corrèze et l'Essonne, fiefs respectivement de François Hollande et de Manuel Valls, ont été gagnés par la droite. "Autres symboles", se désolait un proche de François Hollande : "les terres d'élection de plusieurs personnalités du gouvernement et du PS ont aussi été perdues: les Deux-Sèvres de Ségolène Royal, la Saône-et-Loire d'Arnaud Montebourg, le Nord de Martine Aubry, l'Isère d'André Vallini, ou encore la Seine-Maritime de Laurent Fabius". Sont aussi perdus les bastions de la Drôme ou des Côtes-d'Armor.
>> Face à ces résultats, nombreux sont ceux, à gauche, qui réclament des comptes et du changement au gouvernement. Gouvernement qui devrait, pourtant, maintenir le cap.
Les frondeurs réclament des comptes. Pour les ténors de droite, la leçon est claire : les électeurs rejettent la politique gouvernementale. Comprendre, ce scrutin a pris des envergures nationales. Et du côté des frondeurs du PS, ces élus qui réclament un virage plus à gauche de la politique exécutive, on pense exactement la même chose. "Tout cela nécessite une analyse sur ce vote de contestation par rapport à la politique nationale", a commenté Martine Aubry, la maire de Lille, après les résultats, parlant de "triste journée". "Nous attendons que le président de la République amplifie encore l'effort pour que la croissance et l'emploi soient là et qu'il y ait des mesures qui portent l'égalité, notamment sur l'égalité des chances, pour que la gauche puisse se réunir", a-t-elle martelé.
Les frondeurs réclament un "contrat de rassemblement", et vite. "On ne peut pas continuer d'aller dans le mur en klaxonnant et en accélérant", a averti l'ex-ministre Aurélie Filippetti, tandis que Benoît Hamon demandait de ne pas "accélérer" dans des "choix politiques qui ont échoué". Jérôme Guedj, qui a perdu le fief socialiste de l'Essonne, a lui aussi exigé un "sursaut" car "sinon, ce soir ça n'aura été qu'une répétition générale de ce qui va nous arriver en 2017".
Encore un peu plus à gauche, le message est le même : le duo Hollande-Valls est responsable et doit changer de gouvernail. Pierre Laurent (PCF) a ainsi dénoncé la "responsabilité" du couple exécutif "dans le retour aux affaires de la droite. "Le gouvernement doit résolument s'engager dans une nouvelle voie", a renchéri Emmanuelle Cosse, la patronne des écologistes.
L'exécutif a "entendu le message"… Du côté du gouvernement, on reconnaît au moins une chose : il va falloir se rabibocher avec le reste de la gauche. "La gauche, trop dispersée, trop divisée au premier tour, connaît un net recul malgré les bons bilans des exécutifs départementaux", a pour sa part commenté Manuel Valls, peu après les résultats. Et le Premier ministre l'assure, le message des urnes est entendu : "j'ai entendu message des électeurs, leur exigence de résultats concrets, mon gouvernement continuera d'y répondre sans relâche", a-t-il assuré. Et le chef du gouvernement d'ajouter : "notre gouvernement redoublera d'énergie, avec comme priorité l'emploi, l'emploi, l'emploi".
… Mais ne changera pas de cap. Pour autant, il n'y aura pas de révolution majeure à attendre. Si l'exécutif prévoit de nouvelles mesures pour "relancer l'investissement", il n'y aura pas de changement de cap. "Pour redresser ce pays, cela prend un peu de temps. Ce n'est pas au moment où l'économie va retrouver de la vigueur qu'il faut commencer à indiquer ou commenter des changements. Il faut avoir une ligne et la tenir", a martelé Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, dimanche soir sur France 2. Pas de remaniement à attendre dans l'immédiat non plus, à en croire les proches de François Hollande. "On ne peut pas remanier à chaque défaite", ironise l'un d'eux, cité par l'AFP. Le président, convaincu d'une prochaine embellie économique, n'entend pas changer le "cap" de sa politique, poursuit ce proche.
Les tractations commencent maintenant. Du côté du PS, toutefois, on se dit prêt à tendre la main à "l'autre gauche". "Dire qu'on ne changera pas de cap ne veut pas dire qu'on n'entend rien", explique un cadre de Solferino. D'où la démarche lancée par le parti pour renouer avec ses partenaires, avec des réunions "au sommet", dont la première aura lieu avec EELV lundi à 15h. D'autres formations (Parti communiste, Parti radical de gauche) devraient suivre. Le Parti de gauche, convié, a dit à l'AFP n'avoir pas reçu d'invitation. Son leader, Jean-Luc Mélenchon, appelle d'ailleurs déjà à agir sans le couple exécutif, au sein d'une "nouvelle alliance populaire" avec "les partis (...) d'opposition de gauche".
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