2017 : Hollande, le grand flou

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A un an de la présidentielle, la candidature du président de la République en place ne paraît plus automatique. 

C’est une petite musique qui agite depuis plusieurs semaines le landernau politique : et si François Hollande renonçait à se présenter en 2017 ? Dans Le Monde de mardi, certains proches du président de la République doutent ouvertement de la possibilité de le voir briguer un nouveau mandat. Le chef de l’Etat lui-même en est conscient. Ces derniers temps, il reçoit des petits groupes de députés et de proches à l’Elysée. Il multiplie aussi les sorties culturelles, souvent discrètes, pour tâter le terrain. Et fait savoir qu’il tranchera avant la fin de l’année 2016, sas doute peu après le résultat de la primaire des Républicains, fin novembre. Pour l’instant en tout cas, la réponse n’a plus rien d’une évidence. L’impopularité du chef de l’Etat crève tous les plafonds, et les résultats en matière économique ne sautent pas franchement aux yeux. Alors à l’Elysée, on s’active. 

Une séquence catastrophique. L’enchaînement Déchéance de nationalité-Loi El Khomri des dernières semaines a été pour le moins calamiteuse pour le chef de l’Etat. François Hollande a provoqué avec ces deux propositions l’éclatement du Parti socialiste, censé lui préparer la rampe de lancement pour sa réélection. Il a en outre perdu, peut-être définitivement, le soutien de la gauche de la gauche en s’enferrant dans une ligne social-libérale incarnée par Manuel Valls. D’autant que parallèlement, les résultats ne suivent pas. Certes, l’Insee a revu à la hausse sa perspective de croissance, et a fait état d’un bénéfice de l’Etat plus faible que prévu. Mais les chiffres du chômage de février, marqué par une nouvelle hausse et un nombre de demandeurs d’emploi record, sont venus doucher, une fois de plus, tous les espoirs élyséen. D’autant que François Hollande a fait de la baisse du chômage le préalable unique à sa candidature.

Une impopularité définitive ? Chacun sait que si l’élection présidentielle avait lieu dimanche, François Hollande serait en fort mauvaise posture. Il est d’ores et déjà le président de la République le plus impopulaire de l’histoire de la 5e République. Dans le baromètre Odoxa pour la presse régionale de février, 20% des personnes interrogées seulement estiment qu’il fait un bon président de la République. C’est pire encore dans le baromètre Ifop pour le JDDde mars. Seules 17% des personnes interrogées se déclarent satisfaits de François Hollande.

"Par comparaison, Nicolas Sarkozy n'était jamais descendu en dessous de 30%", rappelle Jérôme Fouquet, directeur du département Opinion de lIfop, dans Le Figaro de mardi. "La différence entre les deux présidents, à ce moment de leur quinquennat, alors même que Sarkozy était considéré comme un chef d'État impopulaire, est donc de plus de 10 points, ce qui est considérable". Cette impopularité, Nicolas Sarkozy, lui, ne s’en était jamais relevée.

"Il ira" contre "il n’ira pas". Entre enchaînement de séquences manquées et impopularité durable, l’entourage de François Hollande est désormais dans un flou artistique total, quand il s’agit d’évoquer une candidature pour 2017. "Il ira, bien sûr", assure la sénatrice PS Frédérique Espagnac dans Le Figaro. "Il n’ira pas", répond en écho un membre du gouvernement dans Le Monde. "Il sera sensible aux sondages. S’il voit qu’il n’est pas au second tour et que la campagne va tourner au procès en sorcellerie, il abandonnera", abonde un proche dans le quotidien du soir.

Des rendez-vous en pagaille. En attendant de se prononcer publiquement, probablement au mois de décembre 2016, François Hollande veut mettre toutes les chances de son côté. Il tente de renouer les liens distendus, avec son camp tout d’abord. Le 16 mars dernier, il a réuni sa garde rapprochée, dont les ministres Jean-Yves Le Drian et Stéphane Le Foll à l’Elysée. Il continue également à recevoir régulièrement au palais présidentiel des petits groupes de parlementaires, histoire de tâter le terrain, et de faire passer des messages. Il se déplace aussi, plus discrètement, à des manifestations culturelles, comme le concert d’Alain Chamfort à l’Olympia, vendredi dernier. Des rendez-vous de toutes sortes qui se multiplieront sans doute dans les semaines et les mois à venir.

Reste une dernière inconnue : François Hollande a-t-il encore le feu sacré ? Le président de la République pourrait être lassé des critiques incessantes qui accompagnent chacune de ses initiatives. En témoigne l’un de ses amis, qui cite le chef de l’Etat, dans Le Monde, au sujet de ses multiples, et de plus en plus nombreux, déplacements à l’étranger : "Pendant les V.O. [voyages officiels], je n’ai pas de compte à rendre. A personne !"