2012 : qui est le plus Bayrou-compatible ?

Présidentielle : Bayrou, en "homme libre", propose aux Français d'ouvrir "un autre chapitre"
Présidentielle : Bayrou, en "homme libre", propose aux Français d'ouvrir "un autre chapitre" © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à
DECRYPTAGE - Entre Sarkozy et Hollande, de quel côté penche le compatibilomètre de Bayrou ?

Et de trois. François Bayrou sera bien candidat à la présidentielle pour la troisième fois. Le leader centriste doit officialiser sa candidature, mercredi à la Maison de la Chimie à Paris. Pour la campagne qui s’annonce, le leader centriste se dit "grave, heureux" et confiant.

Dans les sondages en revanche, le troisième homme de 2007 n’est crédité que 7% à 9% des intentions de vote. Pour continuer à exister François Bayrou devra donc se positionner dans l’entre-deux-tours de la présidentielle. Lui-même a promis "un choix clair" pour 2012. Mais, vers quel camp penchera la balance ? Pour Hollande ? Pour Sarkozy ? Pour essayer d’y voir plus clair, Europe1.fr a ressorti son compatibilomètre.

> Du côté des électeurs : avantage Hollande

"Au fur et à mesure depuis 2007, l’électorat de François Bayrou s’est restreint. Ceux qui sont restés et qui l’entourent aujourd’hui sont clairement anti-Sarkozy. Et ce, dans une large mesure", explique, à Europe1.fr, le politologue Roland Cayrol, directeur de recherche au Cevipof. Un sondage LH2 publié, mardi, confirme cette tendance : 51% des sympathisants MoDem estiment que le leader de leur parti est effectivement plus proche de François Hollande. A l'inverse, seulement 30% jugent que la balance penche plus vers Nicolas Sarkozy.

L’ensemble de l’électorat français le perçoit d’ailleurs comme tel : selon ce même sondage, 42% des personnes interrogées estiment qu’il a plus d’accointances avec l’élu de Corrèze qu’avec le président de la République. 8% répondent "ni l'un ni l'autre", 20% ne se prononcent pas.

> Du côté des réseaux : avantage Hollande

"Même si on a du mal à cerner son positionnement personnel, son passé et ses prises de position s'affichent très clairement dans notre famille politique". Pour Nadine Morano pas de doute : François Bayrou a un passé et des réseaux de droite. Certes la ministre de l'Apprentissage a concédé, mercredi sur Europe 1, que le président du MoDem pouvai être "très virulent" à l’encontre de la majorité, mais elle "observe que François Bayrou a gouverné avec la droite il fût un temps et il est très clairement dans cette famille de pensée politique". L’élu du Béarn a été ministre de l’Education dans les gouvernements Balladur et Juppé.

"Il a eu un passé et des réseaux de droite. Mais aujourd’hui la donne est différente", analyse, pour sa part, Roland Cayrol. De ses soutiens proches ou des militants de 2007, ceux qui voulaient rejoindre Nicolas Sarkozy l’ont fait dans le sillage d’Hervé Morin et du Nouveau centre. "Les choses se sont simplifiées pour lui :  le noyau dur de ses soutiens est composé désormais d’anti-Sarkozistes", ajoute le politologue.

Et de fait ceux qui ont résisté aux revers électoraux (Marielle de Sarnez, Robert Rochefort ou Jean-Luc Bennahmias) et ceux qui l'ont rejoint pour la présidentielle (Jean Arthuis, Alain Lambert, Bernard Bosson, Anne-Marie Idrac ou Dominique Versini et l'ex-patron de presse, Jean-François Kahn) ne sont pas connus pour être proches de Sarkozy.

> Du côté du programme : avantage Sarkozy

"Il est très conservateur et ne comprend pas un certain nombre de défis du monde contemporain. Il est bon dans le constat mais ne propose aucune solution. J’ai tenté de le faire évoluer sur certains sujets, je n’y suis pas arrivée", commente, dans une interview au JDD.fr, son ex-soutien Corinne Lepage, ayant visiblement du mal à qualifier le programme du président du MoDem. "Son projet peut être lu aussi bien avec la grille de l’UMP, qu'avec celle du PS", renchérit Roland Cayrol.

"Le programme de François Bayrou, on ne le connaît pas encore", ajoute sur Europe1.fr Valérie Rosso-Debord, délégué adjointe au programme UMP. "On constate quand même que François Bayrou tombe à bras raccourcis sur le projet socialiste, qu’il juge irréaliste", ajoute-t-elle. Le leader du MoDem avait, en effet, estimé, mercredi dernier, que François Hollande était "prisonnier d'un programme et d'alliances qui ne peuvent pas répondre aux difficultés du pays". François Bayrou s'est également - depuis longtemps - prononcé en faveur "d'une règle d'or" sur l'équilibre budgétaire. Règle à laquelle s'oppose le PS.

> Le bilan

Au final, François Bayrou semble plus proche de François Hollande. Il faut bien voir, selon Roland Cayrol, que "depuis le départ d’une partie de ses équipes pour le Nouveau centre, les jeux sont faits pour Bayrou : tout l’amène à voter pour François Hollande". Comment expliquer sinon son positionnement depuis 2007 ?