Venezuela : une élection présidentielle au milieu de la pire crise de l'histoire du pays

Nicolas Maduro, Venezuela, vote, élection crédit : LUIS ROBAYO / AFP - 1280
Nicolas Maduro est vu comme le grand favori de cette élection alors que le pays est exangue © LUIS ROBAYO / AFP
  • Copié
avec AFP
Les Vénézuéliens sont appelés aux urnes pour l'élection présidentielle pour laquelle l'actuel président Nicolas Maduro est vu comme le grand favori.

Les Vénézuéliens, épuisés par une profonde crise économique, sont appelés à voter dimanche pour la présidentielle où Nicolas Maduro vise la réélection lors d'un scrutin sans rival de poids, boycotté par l'opposition et non reconnu par une grande partie de la communauté internationale.

Une élection anticipée à un tour. Les 14.638 bureaux de vote ouvriront à 6 heures locales (12 heures à Paris) pour y accueillir 20,5 millions d'électeurs inscrits pour cette élection anticipée à un seul tour. Ils doivent fermer à 18 heures (minuit à Paris). Quelque 300.000 militaires et policiers seront déployés. Le mandat du président est de six ans, le prochain doit commencer en janvier 2019. 

Un pays en pleine crise générale. Maduro est le grand favori, bien que 75% des Vénézuéliens désapprouvent sa gestion, lassés par les pénuries de nourriture, de médicaments, d'eau, d'électricité et de transports, conjuguées à la hausse de l'insécurité et du coût de la vie. Le tout avec un salaire minimum qui ne permet d'acheter qu'un demi-kilo de viande. Des centaines de milliers de personnes ont préféré quitter le pays. 

Pouvoirs électoral et militaire en main, opposition divisée : la route semble dégagée pour le dirigeant socialiste qui se dit héritier du chavisme, la doctrine politique créée par Hugo Chavez, prédécesseur de Nicolas Maduro de 1999 à 2013.

Des candidats d'opposition faibles. Face à Nicolas Maduro, le chaviste dissident Henri Falcon (56 ans) s'est présenté malgré le boycott de la coalition d'opposition, la Plateforme de l'unité démocratique (MUD). Henri Falcon et l'autre candidat de l'opposition, le pasteur évangélique Javier Bertucci, 48 ans, se disputent le vote sanction d'une population abattue, renforçant les chances de victoire de Maduro, ancien chauffeur de bus de 55 ans, corpulent et à la moustache noire fournie. La plupart des instituts de sondages donnent Maduro et Falcon à égalité, alors qu'une forte abstention devrait être favorable au président sortant.

Une communauté internationale contre Maduro. Outre l'opposition, les États-Unis, l'Union européenne et le groupe de Lima, une alliance de 14 pays d'Amérique et des Caraïbes qui dénonce la radicalisation du gouvernement de Caracas, rejette ce scrutin qu'elle juge ni démocratique, ni libre, ni transparent. Tous accusent également Maduro de saper la démocratie.

Un "dictateur" ? Quatre mois de manifestations quasi quotidiennes de l'opposition qui ont fait 125 morts à la mi-2017, ont été écartés d'un revers de main avec la mise en place d'une assemblée constituante, toute puissante arme politique au service du camp au pouvoir.

"Ça me glisse dessus qu'on me traite de 'dictateur'(...). Nous ne céderons pas au chantage. Peu importe qu'ils ne reconnaissent pas [les élections] : le président du Venezuela est élu par le peuple, pas par Donald Trump", lance Nicolas Maduro au son du reggaeton qui accompagne ses meetings, où il esquisse souvent quelques pas avec sa femme Cilia Flores.

 

Touché par l'effondrement des cours du brut depuis 2014, le Venezuela, qui tire 96% de ses revenus du pétrole, souffre d'un manque de devises qui l'a plongé dans une crise aiguë.  En cinq ans le PIB a fondu de 45% selon le FMI, qui anticipe une contraction de 15% en 2018 et une inflation de 13.800%. "La crise est tellement sévère qu'elle pourrait provoquer des tensions au sein de l'alliance civile et militaire au pouvoir ou une rupture sociale plus importante", estime le centre International Crisis Group.