Turquie : une Franco-Tunisienne parmi les 39 morts de l'attentat

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L'attaque a débuté vers 1h15 (23h15 en France) et a visé une boîte de nuit huppé de la rive européenne d'Istanbul. © YASIN AKGUL / AFP
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avec AFP , modifié à
Une "chasse à l'homme" a été lancée pour retrouver l'auteur de cette attaque survenue dans la nuit de samedi à dimanche. Une Franco-Tunisienne fait partie des victimes, trois autres Français ont été blessés. 

Au moins 39 personnes dont 15 étrangers ont été tuées dans une "attaque terroriste" menée par au moins un assaillant déguisé en père Noël dans une discothèque huppée d'Istanbul où des centaines de Turcs et étrangers célébraient le Nouvel An. Selon le Quai d'Orsay, une Franco-Tunisienne fait partie des victimes, et trois autres Français ont été blessés. Selon les informations d'Europe 1, la jeune femme était âgée de 32 ans. Les blessés sont eux âgés de 24, 28 et 35 ans. En conséquence, le parquet antiterroriste de Paris a ouvert une enquête.

Les principales informations à retenir :

  • Vers 1h15 dimanche, un homme armé a fait feu sur des personnes rassemblées au Reina, une boîte de nuit située sur les bords du Bosphore.
  • 39 personnes ont trouvé la mort dont 15 étrangers, 69 ont été blessées, dont 4 grièvement.
  • Une Franco-Tunisienne de 32 ans fait partie des victimes décédées, et trois autre Français ont été blessés.
  • L'assaillant, qui a pris la fuite, est activement recherché par les forces de l'ordre turques.

"Il a mitraillé". Cette attaque a débuté vers 1h15 (23h15 en France). Avant de pénétrer dans la Reina et d'ouvrir le feu au hasard, le tireur a abattu un policier et un civil qui se trouvaient devant la discothèque, a précisé le gouverneur de la ville Vasip Sahin. Puis, une fois à l'intérieur de l'établissement, il a tiré au hasard sur la foule rassemblée là pour fêter la Saint-Sylvestre. "D'une façon sauvage et impitoyable, il a mitraillé des personnes qui étaient simplement venues célébrer le Nouvel An", a ajouté Vasip Sahin. "Nous étions venus pour passer un bon moment aujourd'hui, mais tout s'est soudain transformé en chaos et en nuit d'horreur", a raconté Maximilien, un touriste italien. Selon la chaîne d'informations NTV, plusieurs des 700 à 800 personnes présentes dans la boîte de nuit stambouliote ont d'ailleurs plongé dans les eaux glacées du détroit pour échapper aux balles. 

"On était venu célébrer la nuit du Nouvel An. Et tout à coup il y a eu une bousculade, des coups de feu", raconte une rescapée. "Les gens sont sortis en courant, en nous marchant dessus. Mon mari a été touché par trois balles. Et je suis sorti, c’était vraiment terrifiant. Ils ont ouvert le feu, il y avait comme du gaz. Je me suis évanouie. Il y avait des gens plein de sang, inconscients. Certains les yeux ouverts, d’autres les yeux fermés. C’était effrayant."

Trois Français blessés. Parmi les 39 morts figure une Française, également de nationalité tunisienne. Son mari, un Tunisien, est lui aussi décédé. Par ailleurs, une Israélienne et des ressortissants arabes sont décédés. 21 corps ont été identifiés, rapportait Reuters dimanche matin. 69 personnes ont aussi été blessées, dont quatre grièvement. Selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères, trois Français figurent parmi les blessés.

"Chasse à l'homme". L'auteur de l'attaque, qui aurait parlé en arabe selon plusieurs témoins, est toujours recherché, a indiqué dimanche le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu. "Les recherches pour retrouver le terroriste sont toujours en cours. J'espère qu'il va être rapidement capturé", a-t-il ajouté en parlant de véritable "chasse à l'homme".

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Un club très sélect aux entrées filtrées. La cossue boîte de nuit Reina est un haut lieu de la vie nocturne à Istanbul prisé de la jeunesse branchée, des célébrités et des touristes étrangers. Situé au bord du Bosphore dans la partie européenne d'Istanbul, le club, qui a ouvert en 2002, est aussi accessible par bateau directement depuis le détroit. Il faut généralement montrer patte blanche pour y passer la soirée et trouver grâce aux yeux de videurs qui ne laissent entrer que des clients triés sur le volet. Les soirées commencent souvent bien après minuit dans ce club très select doté de plusieurs restaurants, pistes de danse et d'un bar central.

La France et les États-Unis condamnent. Plusieurs pays occidentaux ont condamné aussitôt ce nouvel attentat. "Les États-Unis condamnent dans les termes les plus vifs l'horrible attaque terroriste contre une discothèque d'Istanbul", a ainsi déclaré Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. "De telles atrocités perpétrées sur des innocents venus pour la plupart célébrer le Nouvel An souligne la sauvagerie des assaillants", a-t-il ajouté.  François Hollande a dénoncé pour sa part "avec force et indignation l'acte terroriste qui a provoqué la mort d'au moins 39 personnes". "La France exprime sa solidarité avec la Turquie dans cette épreuve et poursuivra impitoyablement la lutte contre ce fléau avec ses alliés", a poursuivi la présidence française dans un communiqué. Le pape François a aussi condamné l'attentat. "Malheureusement, la violence a encore frappé dans cette nuit de vœux et d'espoir", a déclaré le pape argentin, devant quelque 50.000 fidèles rassemblés place Saint-Pierre à l'occasion de la prière de l'angelus. "Triste, j'exprime ma proximité avec le peuple turc", a assuré Jorge Bergoglio, ajoutant qu'il priait pour "les nombreuses victimes et blessés".

Une année marquée par les attentats. L'attaque n'a pas encore été revendiquée, mais la Turquie a été la cible de nombreux attentats attribués à l'Etat Islamique ou liés à la rébellion séparatiste du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont notamment frappé Istanbul et Ankara. Pourtant, après une année 2016 sanglante, les autorités turques étaient sur leurs gardes en ce jour de réveillon et 17.000 policiers avaient été déployés en ville.

La Turquie présente en Syrie contre l'EI. Membre de la coalition internationale qui combat l'EI en Syrie et en Irak, la Turquie a déclenché en août une offensive dans le nord de la Syrie pour repousser les djihadistes vers le Sud, mais aussi les milices kurdes syriennes. Des rebelles syriens soutenus par l'armée turque assiègent depuis plusieurs semaines la ville d'Al-Bab, un fief de l'EI dans le nord de la Syrie. En réaction à ces opérations militaires, l'EI a à plusieurs reprises menacé d'attentats la Turquie, devenue une des principales cibles des djihadistes.