"Shutdown" aux États-Unis : quelles conséquences concrètes pour les Américains ?

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M.R. avec agences , modifié à
Alors que sénateurs républicains et démocrates s'affrontent toujours sur le budget au Sénat, certaines activités sont paralysées dans tout le pays.

Les sénateurs républicains et démocrates ne sont pas parvenus à s'entendre sur le budget fédéral vendredi soir, ce qui a conduit au "shutdown" de l'administration fédérale. Un statut qui signifie que de nombreuses activités fédérales sont suspendues le temps qu'un compromis soit trouvé et que la loi soit votée. En attendant, entre les fermetures de parcs, du services de délivrance des passeports ou encore d'une partie de l'administration fiscale, les conséquences sont directes sur le quotidien des Américains, mais aussi des touristes.

Fermeture de la Statue de la Liberté pendant deux jours. L'un des symboles de cette paralysie temporaire est sans doute la fermeture de la Statue de la Liberté à partir de ce week-end. Une source de grande déception pour les touristes qui comptaient profiter de leur séjour new-yorkais pour visiter cet incontournable.

Statue de la Liberté crédit : EDUARDO MUNOZ ALVAREZ / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Mais contrairement au dernier "shutdown" (en 2013) pendant lequel le monument était resté fermé au public pendant deux semaines, le gouverneur démocrate de l'État de New York a annoncé dimanche sa réouverture dès lundi. "Nous ne voulons pas perdre les recettes visiteurs. Et symboliquement, on peut fermer le gouvernement mais pas la Statue de la Liberté", a-t-il expliqué. Et la Statue de la Liberté n'est pas le seul moment à pâtir de ce blocage. À Philadelphie, le site abritant la Cloche de la liberté n'a pas ouvert ses portes depuis ce week-end.

De nombreux parcs touchés. De nombreux lieux ouverts au public sont gérés et financés par l'administration fédérale, parmi lesquels, les parcs. D'après la National Parks Conservation Association, un tiers des 417 sites dépendant du service fédéral des Parcs nationaux ont dû fermer leurs portes dès dimanche.

Dans le Dakota du Sud, l'administration a décidé de ne pas prendra pas le relais des services fédéraux au Mont Rushmore. Résultat, les sculptures monumentales des visages de quatre anciens présidents resteront loin des yeux des visiteurs.

Si dans l'Arizona, le gouverneur républicain Doug Ducey a promis de financer la continuité de services comme le ramassage des poubelles ou le déneigement des voies d'accès pour que le Grand Canyon pour qu'il reste ouvert ; le parc de Yellowstone, dans le Montana, un des parcs nationaux les plus connus du pays, est quant à lui resté ouvert depuis l'annonce du "shutdown", les visiteurs ont trouvé porte close dans les centres d'accueil du site et les rangers étaient absents. 

Ni passeports ni nouveaux patients. Si les écoles, bibliothèques, tribunaux, prisons fédérales, services postaux et aéroports resteront en activité, ce ne sera pas le cas des services de délivrance des visas et de traitement des passeports qui seront ralentis.

Quant à la recherche scientifique, les Instituts nationaux de Santé, n'accepteront plus de nouveaux patients pour des traitements expérimentaux et les études au long terme seront également impactées. "Je sais que par exemple si vous travaillez sur une étude et que vous devez prélever des échantillons sanguins sur des patients chaque jour pour les analyser, cela doit s’arrêter", a expliqué à RFI Bruce Gellan médecin, qui travaillait à l’institut national de santé lors du dernier "shutdown". "Donc cette étude s’arrête et l’argent investi est perdu, et tout ce qu’on aurait pu tirer de l’étude est perdu", 

L'impôt sur le revenu sera bien collecté. Le domaine des services fiscaux va également être touché alors que le recouvrement de l'impôt sur le revenu doit commencer lundi. L'Internal Revenue Service (IRS) a d'ores et déjà annoncé que 43,5% de ses employés seront bien au travail, selon CNN Money. Par ailleurs, le blocage retardera également les autorisations de mise sur le marché de médicaments, les prêts publics, l'assurance publique pour les acheteurs immobiliers… 

De son côté, la Commodity Futures Trading Commission, chargée de surveiller les marchés de produits dérivés, a annoncé qu'elle mettrait en congé 95% de ses employés avec la possibilité d'en faire revenir en cas de situation d'urgence.

La justice et les militaires, deux domaines peu concernés. Au département de la Justice, un peu moins de 10% des 115.000 employés devraient être concernés par le "shutdown". Certains tribunaux fédéraux, considérés comme "essentiels", dont la Cour suprême, bénéficient eux des budgets suffisants pour continuer de fonctionner pendant encore trois semaines.

Le Pentagone a précisé de son côté que les 1,3 million de militaires en service actif continueront leurs activités bien que le paiement de leur solde accusera sans doute un certain retard si le blocage se poursuit en février. Mais en cas de crise prolongée, les opérations de maintenance de la flotte pourraient être menacées et les avions de guerre pourraient ne plus décoller. En revanche, les 721.000 employés civils du département de la défense considérés comme "non-essentiels" seront mis en congé forcé, selon le Washington Post.

Les cas particuliers : Washington et la Maison-Blanche. La capitale fédérale étant gérée directement par le Congrès, les musées du Smithsonian le mémorial de Lincoln, la Bibliothèque du Congrès, les Archives nationales et le Zoo national, qui disposaient de réserves budgétaires, ont accueilli le public dimanche et pourront rester ouverts lundi.

En revanche, les services de ramassage des ordures, de nettoyage des rues et les bibliothèques seront fermés tandis que les écoles et les transports publics seront maintenus.

Quant à la Maison-Blanche, seuls les 659 employés considérés comme "essentiels" seront actifs. Plus de 1.000 des 1.715 employés au siège de la présidence seront mis en congé. Les activités de Donald Trump, en revanche, ne seront pas concernées : son déplacement la semaine prochaine à Davos, en Suisse, pour le Forum économique mondial est maintenu.

Des pertes à prévoir en dizaines de milliards de dollars. Au total, ce sont 850.000 employés qui pourraient être concernés par ces journées de congé sans solde forcé, selon les prévisions de CNN basées sur le "shutdown" de 2013. Quant aux conséquences économiques d'un tel blocage national, elles dépendent du temps dont il va durer.

Cinq ans plus tôt, les pertes s'étaient chiffrées à 0,3% du PIB du pays, rappelle FranceInfo, soit environ "20 milliards" de dollars (16 milliards d'euros). Et le coût total des compensations pour les salariés des administrations concernées s'était élevé à 2,5 milliards de dollars (soit deux milliards d'euros), rappelle le HuffPost.