Empoisonnement d'un ex-espion : Londres rompt ses contacts avec Moscou

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Theresa May a aussi dit regretter "la voie" suivie par le président russe Vladimir Poutine. Image d'illustration. © Pavel Golovkin / POOL / AFP et JONATHAN BRADY / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Theresa May a annoncé mercredi l'expulsion de 23 diplomates russes et le boycott diplomatique du Mondial de football 2018.

La tension est encore montée d'un cran mercredi entre l'Angleterre et la Russie. La Première ministre britannique Theresa May a annoncé mercredi l'expulsion de 23 diplomates russes du Royaume-Uni, après avoir jugé la Russie "coupable" de l'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal sur le sol britannique. L'ambassade russe en Grande-Bretagne a aussitôt dénoncé une réaction "hostile, inacceptable et injustifiée".

"Un usage illégal de la force". "Il n'y a pas d'autre conclusion que celle selon laquelle l'État russe est coupable de la tentative de meurtre" ayant visé Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, a déclaré la dirigeante devant le parlement britannique. "Cela constitue un usage illégal de la force par l'État russe contre le Royaume-Uni", a ajouté Theresa May, qui s'exprimait après l'expiration, mardi à minuit, d'un ultimatum qu'elle avait fixé à la Russie pour fournir des explications sur l'empoisonnement, survenu le 4 mars à Salisbury. "Il était juste d'offrir à la Russie l'opportunité de fournir une explication mais sa réaction trahit un mépris total pour la gravité de ces événements", a-t-elle dit, insistant : "ils n'ont fourni aucune explication crédible". "Au lieu de cela, ils ont traité l'utilisation d'un agent neurotoxique militaire en Europe avec sarcasme, mépris et défiance", a ajouté la Première ministre.

23 diplomates expulsés. En représailles, Theresa May a annoncé une série de sanctions à l'encontre de la Russie, à commencer par l'expulsion de 23 diplomates russes, dont le Royaume-Uni considère, a-t-elle ajouté, qu'ils sont en fait "des agents du renseignement non déclarés". "Ils ont une semaine pour partir", a précisé Theresa May. La Russie disposait jusqu'ici de 59 diplomates accrédités au Royaume-Uni. Soulignant la gravité de l'affaire, elle a rappelé qu'après la mort de l'ancien agent secret russe, empoisonné au polonium-210, en 2006, quatre diplomates russes avaient été expulsés.

Suspension des contacts bilatéraux. La Première ministre britannique a également estimé qu'à la suite de "cet acte épouvantable" contre le Royaume-Uni, la relation entre les deux pays ne pouvait "pas être la même" qu'auparavant. "Nous allons donc suspendre tous les contacts bilatéraux de haut niveau prévus entre le Royaume-Uni et la Russie", a-t-elle dit, précisant que cela incluait "la révocation de l'invitation faite au ministre des Affaires étrangères (Sergueï Lavrov) de visiter" le Royaume-Uni.

Une décision "tragique" de la part de Moscou. Évoquant Vladimir Poutine, Theresa May a dit regretter "la voie" suivie par le président russe en matière diplomatique. "Beaucoup d'entre nous ont tourné leurs regards avec espoir vers la Russie post-soviétique. Nous voulions une meilleure relation et il est tragique que le président Poutine ait choisi de suivre cette voie", a-t-elle dit. 

Boycott diplomatique et royal du Mondial-2018 en Russie. Theresa May a également annoncé un boycott de la prochaine Coupe du monde de football en Russie par les membres du gouvernement et de la famille royale britannique. "Je confirme qu'aucun ministre, ou membre de la famille royale, n'assistera à la Coupe du monde de football en Russie cet été", a déclaré la cheffe du gouvernement. Le ministère britannique des Affaires étrangères a par ailleurs mis en garde les Britanniques souhaitant se rendre en Russie des risques de réactions hostiles. 

Une décision qui n'affectera pas l'événement, a répondu mercredi dans la foulée Moscou. "Le choix revient à chaque supporter de venir à la Coupe du monde ou de ne pas venir. Cela n'aura pas d'impact sur la qualité du tournoi. Nous avons toujours l'intention de l'organiser au plus haut niveau", a déclaré à l'agence de presse RIA Novosti Alexeï Sorokine, à la tête du Comité d'organisation du Mondial-2018. "C'est dommage que tout le monde n'adhère pas au principe de laisser le football en dehors de la politique", a-t-il ajouté.