Parkland : cette génération qui s'apprête à faire trembler l'Amérique des armes à feu

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Xavier Yvon, édité par R.Da. , modifié à
Les élèves du lycée de Parkland, frappé en février par une fusillade meurtrière, organisent samedi une marche monstre contre les armes à feu à Washington.
L'ENQUÊTE DU 8H

Leurs noms sont désormais tristement connus : Columbine, Sandy Hook, Roseburg... Aux Etats-Unis, le même scénario se rejoue après chaque fusillade de masse. L’émotion suscité par le drame laisse rapidement place à un énième débat sur la circulation des armes à feu dans la société américaine, mais finalement rien ne change. Pourtant, depuis l’attaque qui a fait 17 morts le 14 février dans un lycée de Parkland, en Floride, la grogne ne désenfle pas. Les élèves organisent samedi une marche contre les armes à Washington qui s’annonce historique. Après des années de luttes de certains politiques et d'associatifs contre le lobby des armes à feu, la jeunesse américaine serait-elle en train de faire bouger les lignes ?

Un cri de colère... et un écho national

Un demi-million de personnes sont ainsi attendues dans la capitale fédérale samedi. Les lycéens de Parkland font même la Une du prestigieux Time magazine. Tout a commencé par le ras-le-bol d'un élève meurtri, venu dire sa colère aux caméras de télévision présentes sur place le soir du drame. Un exemple suivi par d'autres lycéens avant qu'ils ne se réunissent, à une vingtaine un soir dans une chambre, pour lancer leur mouvement "Never Again" (Plus jamais). Les rôles sont vites répartis : Leonor Munoz, 17 ans, se retrouve ainsi chargée des contacts avec les autres lycées de Floride. Comme elle le raconte à Europe 1, les réseaux sociaux leur ont servi de premier support pour diffuser leurs messages, touchant en priorité la jeune génération.

"On a dit : Hé ! Viens à la veillée demain. Hé ! Il y a un rassemblement ici, et là. Hé ! mettons le mot-clé ‘Plus Jamais’ en tête des tendances sur Internet, en le postant tous ensemble à 15 heures précises", rapporte Leonor Munoz. "Nous savons nous servir des réseaux sociaux, nous sommes des ados, c’est notre truc ! Nous ne sommes pas des flemmards anti-sociaux sur nos téléphones. En fait, on est justement plus sociaux parce que nous échangeons avec des gens dans tout le pays", fait-elle valoir.

De petite victoire en petite victoire

Et le buzz a été au rendez-vous. Les élèves de Parkland sont rapidement invités partout. George Clooney leur a même donné un demi-million de dollars pour organiser leur marche. La tête d’affiche du mouvement, Emma Gonzalez, avait scotché le monde entier avec son puissant discours anti-armes quelques jours après le drame. Elle compte désormais plus d’un million d’abonnés sur Twitter, plus que la NRA, le lobby des fabricants d’armes. Ce dernier a rapidement contre-attaqué, et pourtant la Floride, laboratoire de la NRA, a fait passé une loi impensable auparavant, relevant début mars l'âge minimum d'achat d'une arme. Une mesure limitée, certes, mais une première victoire pour les jeunes de Parkland qui savent aussi que leur vrai pouvoir est dans les urnes.

La génération post-Columbine dans les urnes

Nés juste après la première tuerie de masse dans un lycée, celle de Columbine, le 20 avril 1999, qui a fait 15 morts dont les deux auteurs, ces jeunes arrivent désormais à l'âge de voter. "Nous sommes la génération qui a grandi avec des exercices de confinement, des simulations de fusillade à l’école. Nous avons appris à nous cacher dans les recoins de nos classes depuis la maternelle ! C’est normal pour nous", raconte Trevor. "Et maintenant que notre génération peut voter, que va-t-il se passer aux élections pour le congrès cette année ? Qui sera notre prochain président ? Quelles seront nos politiques quand nous serons au pouvoir ?", interroge-t-il.

Les leaders du mouvement donnent déjà des consignes de vote, et surtout ils appellent tous les nouveaux majeurs à s’inscrire sur les listes électorales pour que cette "Génération Columbine" devienne la "Génération Parkland", celle qui aura enfin réussi à faire plier l’Amérique des armes à feu.