Pakistan : au moins 31 morts dans un attentat suicide de l'EI près d'un bureau de vote

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Le kamikaze s'est fait exploser au moment où des policiers ont tenté de l'arrêter à l'entrée d'un bureau de vote. © AFP
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avec AFP , modifié à
Selon les premiers éléments, un kamikaze s'est fait exposer alors que la police tentait de l'empêcher de rentrer dans un bureau de vote où se déroulent les élections législatives.

Au moins 31 personnes ont été tuées et 70 blessées mercredi, le jour des élections législatives au Pakistan, dans un attentat suicide revendiqué par le groupe État islamique près d'un bureau de vote de Quetta, dans le sud-ouest du pays. Le kamikaze "a essayé d'entrer dans le bureau de vote et quand la police a tenté de l'arrêter, il s'est fait exploser", a déclaré un haut responsable de l'administration locale, Hashim Ghilzai, ce qu'a confirmé un autre responsable local. 

Les bureaux de vote ont officiellement fermé mercredi à 13h au Pakistan pour des élections législatives sous haute sécurité. D'après la Commission électorale pakistanaise, les personnes présentes dans les bureaux de vote à l'heure de la fermeture pourront quand même glisser leur bulletin dans l'urne. Dans l'après-midi, des journalistes de l'AFP avaient observé de longues files d'électeurs devant les centres électoraux. 

Une province où les attentats sont fréquents. Le bilan, dans un premier temps de 28 morts et 35 blessés, est désormais de 31 personnes tuées, dont cinq policiers et une fillette de huit ans, et 70 blessés, a déclaré le Dr Wasim Baig, porte-parole de l'hôpital Sandeman de Quetta, la capitale de la province méridionale du Baloutchistan, où les attentats sont fréquents. Un policier a confirmé ces chiffres. "Soudainement, il y a eu une énorme explosion. Et ensuite des cadavres, du sang, des cris, partout", a raconté Mehmood Khan, 18 ans, allé voter pour la première fois avec ses amis. Deux d'entre eux ont péri dans l'attentat. Arrivé à proximité du bureau de vote, "j'ai été jeté à terre. Je pensais que j'allais mourir", a dit Hafiz Kareem, 40 ans, un enseignant dans une madrasa, interrogé de son lit d'hôpital.

"Cela ne peut pas empêcher les gens de voter". Sur la scène de l'attentat, des flaques de sang et des chaussures appartenant aux victimes jonchent le sol. Si les carcasses des voitures détruites dans l'explosion ont été enlevées et un large cordon policier mis en place pour fouiller chaque véhicule pénétrant dans la zone, les riverains restent terrifiés. L'un de ses voisins a tenté, en vain, de dissuader Abdul Razzaq d'aller voter après l'attentat, a expliqué cet homme de 50 ans tout en faisant la queue. "Les attaques continuent de se produire mais la vie continue", s'est-il expliqué. Ali Khan, 30 ans, qui est allé rendre visite à des proches et des amis à l'hôpital, assure qu'il "votera, assurément, maintenant". Ce qui s'est produit "ne peut pas empêcher les gens de voter", a-t-il ajouté.

Une attaque à la grenade dans un autre bureau de vote. L'attentat a été revendiqué par le groupe État islamique sur Amaq, son agence de propagande. Il s'est produit au moment même où un scrutin tendu se déroulait au Pakistan pour élire le prochain Parlement. Il a été précédé tôt mercredi par une attaque à la grenade dans un bureau de vote du district de Khuzdar, également au Baloutchistan, qui a provoqué la mort d'un policier tandis que trois autres ont été blessés.

153 morts dans un autre attentat le 16 juillet à Mastung

La ville de Quetta avait déjà été endeuillée à la mi-juillet par un autre attentat suicide, qui avait fait au moins 153 morts au cours d'une réunion électorale à Mastung, à une quarantaine de kilomètres de la capitale provinciale. Le groupe État islamique avait là aussi revendiqué l'attentat. Le Baloutchistan, frontalier de l'Iran et de l'Afghanistan, est la province la plus pauvre du Pakistan, malgré des gisements d'hydrocarbures et de minéraux, mais aussi la plus instable. En plus de groupes séparatistes baloutches, des insurgés islamistes tentent d'infiltrer cette région, par ailleurs l'une des principales zones de violences entre communautés.