Les "salles de shoot" vues d'ailleurs

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avec Rémy Pierre , modifié à
REPORTAGE - La Suisse est l'un des premier pays à avoir expérimenté, à la fin des années 80, les salles d'injection.

Faut-il créer des "salles de shoot" en France ? La question a été relancée par le socialiste Jean-Marie le Guen. Argument avancé par le député de Paris : de nombreux centres d'injection ont déjà été expérimentés dans des pays européens tels que l’Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Espagne, la Norvège ou encore la Suisse, sans que cela n'entraîne de hausse de la toxicomanie.

La Suisse a été l'un des premiers pays à installer, il y a plus de 20 ans, des salles de ce type. Dans ces salles, les toxicomanes bénéficient de bonnes conditions d’hygiène, utilisant notamment des seringues neuves. Les usagers amènent leur drogue, car il est évidemment hors de question d’en vendre dans ces structures. Europe 1 s'est rendu au quai 9, une salle de shoot, à Genève.

Éviter la consommation dans la rue

Bastien, jeune français de 21 ans, habite juste de l'autre côté de la frontière. Il prend le train deux ou trois fois par semaine pour venir au quai 9, un bâtiment étonnant, un cube vert pomme, situé juste derrière la gare ferroviaire, en plein centre ville de Genève.

Le jeune homme explique qu'il vient davantage pour les seringues que pour se piquer.  "En général je viens pour prendre du matériel, changer des seringues, avoir des seringues propres et temps en temps pour consommer. Au moins on a un lieu où on est sûr que l'on peut consommer tranquille. Ca évite que les habitants voient des gens qui se droguent dans la rue", commente-t-il au micro d'Europe 1.

"Une faune un peu dérangeante"

Thomas, un autre Français, se rend, lui, dans une autre salle de shoot, à quelques kilomètres de Genève. A la sortie du centre, il titube sous l'effet de l'héroïne. Une scène quotidienne, observée par Monica depuis sa boutique située juste en face du quai 9.

"C'est vrai que c'est censé être un centre d'injection, mais les gens ne s'injectent pas toujours sur place, puisqu'une partie va chercher le matériel et s'injecte plutôt dans les alentours, les allées, les parkings, les parcs. C'est clair que ça amène une faune pas particulièrement violente, mais un peu dérangeante, pour l'image du quartier," estime-t-elle.

La tolérance des voisins a en effet ses limites. A Bienne, près de Neuchâtel, les riverains excédés ont d'ailleurs obtenu le déménagement du centre d'injection.