Le Japon accueille avec prudence, voire scepticisme, l'engagement nord-coréen

Le Premier ministre japonais attend "de savoir si cette décision conduira à l'abandon complet du développement nucléaire" en Corée du Nord.
Le Premier ministre japonais attend "de savoir si cette décision conduira à l'abandon complet du développement nucléaire" en Corée du Nord. © KAZUHIRO NOGI / AFP
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avec AFP
Le Japon rappelle notamment que la décision nord-coréenne ne mentionne pas les missiles balistiques de courte et moyenne portée.

Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a salué avec prudence l'engagement de Pyongyang à cesser ses essais nucléaires et le lancement de missiles intercontinentaux, mais son ministre de la Défense a prévenu que Tokyo maintiendra une pression maximum sur Pyongyang. "Nous saluons (la décision nord-coréenne) comme une initiative d'avenir [...] mais le point important est de savoir si cette décision conduira à l'abandon complet du développement nucléaire et celui des missiles d'une façon vérifiable et irréversible", a déclaré Shinzo Abe à la presse. "Nous voulons surveiller cela de près", a-t-il ajouté.

Tokyo maintient la pression. Mais son ministre de la Défense, Itsunori Onodera, avait lui adopté un peu plus tôt une position beaucoup plus tranchée, en déclarant à des journalistes à Washington: "Nous ne pouvons pas être satisfaits", du fait que, selon lui, la Corée du nord n'avait pas mentionné "l'abandon de missiles balistiques de courte et moyenne portée". Cité par la télévision japonaise, il a ajouté que le Japon n'allait pas modifier sa politique de pressions sur Pyongyang jusqu'à "l'abandon définitif d'armes de destruction massive, armes nucléaires et missiles". Le Japon, allié des Etats-Unis, est à portée de tir des missiles nord-coréens et a déjà été survolé à deux reprises en 2017 par ces engins, ce qui avait fait monter en flèche la tension avec Pyongyang.

Le vice-Premier ministre japonais, Taro Aso, également ministre des Finances, a fait part lui aussi de son scepticisme, rappelant que Pyongyang avait dans le passé "fait beaucoup de promesses". "Nous avons donné de l'argent (à la Corée du nord) à la condition qu'ils abandonnent les sites d'essais, mais ils ont continué", a-t-il ajouté.

Une rencontre historique.Washington et Séoul ont en revanche salué l'annonce spectaculaire de Pyongyang qui intervient moins d'une semaine avant le sommet prévu entre Pyongyang et Séoul et préfigure un sommet historique qui devrait avoir lieu entre Kim Jong Un et le président américain Donald Trump, en principe début juin.

Des armes "opérationnelles". "Comme le caractère opérationnel des armes nucléaires a été vérifié, il n'est plus nécessaire pour nous de mener des essais nucléaires ou de lancer de missiles à moyenne et longue portée ou ICBM" (missiles balistiques intercontinentaux, ndlr), a dit Kim Jong Un lors d'une réunion du parti unique au pouvoir en Corée du Nord. "A partir du 21 avril, la Corée du Nord va cesser ses essais nucléaires et les lancements de missiles balistiques intercontinentaux", selon l'agence nord-coréenne KCNA. "Le Nord va fermer un site d'essais nucléaires dans le nord du pays afin de prouver son engagement à suspendre les essais nucléaires", a ajouté KCNA, citant le dirigeant nord-coréen.