Le Brésil, coincé entre crise économique et scandales politiques

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M.D avec AFP , modifié à
Trois millions de Brésiliens ont manifesté dimanche pour réclamer le départ de la présidente Dilma Rousseff, embourbée dans une crise politique majeure.

Le contexte. Le Brésil est au bord de l’implosion. Géant émergent d'Amérique latine de plus de 200 millions d'habitants, le Brésil est confronté simultanément à l'une des pires crises économique et politique de son histoire. Le tout envenimé par le méga-scandale de corruption autour du géant étatique Petrobras qui éclabousse la coalition au pouvoir.                

Trois millions de mécontents. Des manifestations d'une ampleur historique ont rassemblé dimanche plus de trois millions de Brésiliens pour réclamer le départ de la présidente de gauche Dilma Rousseff, embourbée dans une crise politique majeure. Dans le même temps, l’ancien président, Lula, est quant à lui au cœur du scandale de corruption Petrobras.

Le départ de Dilma Roussef sur la table. Ce raz-de-marée représente un sérieux coup de semonce pour Dilma Rousseff, sous la menace d'une procédure parlementaire de destitution. L'opposition a remporté son pari d'une mobilisation massive. L'objectif était de faire pression sur les députés hésitants qui devront se prononcer pour ou contre le départ de la présidente, réélue démocratiquement en 2014.

" C'est le chaos et cela nous affecte tous "

Deuxième année de récession. Cette crise politique trouve ses fondements dans une situation économique alarmante. Le gouvernement du Parti des travailleurs (PT), au pouvoir depuis 2003 semble paralysé au milieu de cette tempête. Il ne parvient pas à faire adopter par un parlement rebelle son programme d'austérité. La 7e économie mondiale est entrée dans sa deuxième année de récession. Le PIB a chuté de 3,8% en 2015, l'inflation dépasse les 10%, les déficits publics se creusent, le chômage augmente.

"C'est le chaos et cela nous affecte tous", a commenté, amer, l'architecte Sergio Sampaio, 61 ans, parmi la foule des manifestants de Sao Paulo. "Nous avons besoin d'un Macri ici" pour relancer l'économie, avait déclaré plus tôt à Rio Luis Adolfo Dabkiewicz, 57 ans, admirateur du nouveau chef de l'Etat argentin Mauricio Macri, un libéral qui a succédé à la présidente de gauche Cristina Kirchner.

Le scandale Petrobras. La corruption est également un des fléaux qui gangrènent le pays. Depuis 2009, une enquête est ouverte au Brésil sur le groupe pétrolier Petrobras après des dénonciations de détournements de fonds pour un montant de 2,1 milliards de réais (668 millions d’euros). La semaine dernière, des perquisitions ont été menées au domicile de l'ex-président Lula à Sao Paulo et de plusieurs de ses collaborateurs, soupçonnés de corruption et blanchiment d'argent. L’ancien président brésilien devait être entendu lundi comme témoin dans un volet du scandale, mais l’audience a été annulée, selon plusieurs médias brésiliens.

Finalement, le seul à faire l'unanimité des manifestants réunis dimanche partout dans le pays était le juge Sergio Moro, chef de l'enquête sur le scandale Petrobras. A Brasilia, les manifestants avaient gonflé une grande poupée en plastique représentant Lula, mentor de l'actuelle présidente, en tenue de prisonnier à rayures blanches et noires. Outre l'affaire Petrobras, Lula est visé par des procureurs de Sao Paulo qui réclament des poursuites contre lui pour "occultation de patrimoine" et son placement en détention dans le cadre d'une enquête parallèle.

La semaine qui s'ouvre s'annonce donc difficile pour la présidente brésilienne avec la réactivation de la procédure d'impeachement lancée contre elle en décembre par l'opposition, une fois que le tribunal suprême fédéral (STF) en aura fixé les règles, mercredi.