L'Arabie saoudite confirme la mort de Khashoggi : "le déni était une position intenable"

Des fouilles au consulat saoudien, en Turquie.
Des fouilles au consulat saoudien, en Turquie. © OZAN KOSE / AFP
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Guillaume Perrodeau , modifié à
Sur Europe 1, David Rigoulet-Roze, chercheur rattaché à l’Institut français d’analyse stratégique (IFAS), revient sur l'annonce de Ryad, qui a reconnu que le journaliste saoudien Jamal Khashoggi avait été tué à l'intérieur de son consulat à Istanbul.
INTERVIEW

L'Arabie saoudite a admis, dans la nuit de vendredi à samedi, que Jamal Khashoggi était bien mort à l'intérieur de son consulat à Istanbul, en Turquie. Une bagarre aurait conduit à son décès, selon l'explication officielle de Ryad. Le journaliste était porté disparu depuis 17 jours. Jusqu'ici, l'Arabie saoudite avait expliqué que Khashoggi était entré et ressorti vivant du consulat et dénonçait des accusations "sans fondements".

"La pression internationale se faisait de plus en plus forte". "Le déni était une position intenable", estime David Rigoulet-Roze, chercheur rattaché à l’Institut français d’analyse stratégique (IFAS), interrogé samedi sur Europe 1. "Il fallait reconnaître qu'il y avait eu disparition, mais aussi le décès du journaliste. C'était indispensable car la pression internationale se faisait de plus en plus forte, y compris de la part des Américains", souligne le spécialiste. Vendredi, le président américain, Donald Trump, avait adressé une nouvelle mise en garde à l'Arabie saoudite. Après cette annonce de Ryad, il dit juger les explications saoudiennes crédibles.

"Un défi de crédibilité". Dans le même temps, deux hauts responsables du renseignement, Ahmed Al-Assiri et Saoud Al-Qahtani, proches collaborateurs du prince héritier Mohammed Ben Salman ("MBS") et sur lesquels des soupçons pesaient depuis la disparition du journaliste, ont été destitués. Dix huit personnes ont par ailleurs été arrêtées. "C'était aussi un défi de crédibilité", analyse David Rigoulet-Roze. "Les personnes qui ont été destituées sont des gages qui sont donnés à l'administration Trump pour proposer une version crédible", estime le spécialiste.

"Ceux qui sont formellement incriminés sont juste en-dessous du prince héritier", indique le chercheur. Mohammed Ben Salman, pressenti pour bientôt régner pendant des décennies, s'est-il définitivement mis hors-jeu sur le plan international ? "Cela dépend de son père (le roi Salmane, ndlr)", mais l'affaire "pose un problème de fond pour cette gouvernance", avance en tout cas David Rigoulet-Roze.