La colère monte en Haïti

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Alors que le bilan du séisme atteint plus de 200.000 morts, la population commence à se soulever.

Quatre semaines après le séisme de magnitude 7 qui a dévasté le pays, le bilan ne cesse de s’alourdir en Haïti. "Plus de 200.000" Haïtiens ont perdu la vie, a annoncé jeudi le Premier ministre Jean-Max Bellerive, révisant à la hausse un précédent bilan de 170.000 morts. Il a également parlé de 300.000 blessés et annoncé que 4.000 personnes avaient été amputées à la suite de la catastrophe. "C'est un désastre au niveau planétaire."

Mais c’est surtout la colère croissante au sein de la population qui inquiète désormais les autorités locales autant qu’internationales. Cette grogne s’est exprimée au travers de plusieurs manifestations mardi et mercredi. "Le gouvernement haïtien n'a rien fait pour nous, nous n'avons pas trouvé de travail. Ils ne nous ont pas donné la nourriture qu'il faut", a déclaré à Sandrac Baptiste, qui manifestait à Pétion-Ville, dans la banlieue de Port-au-Prince. Un autre protestataire, un bloc de ciment à la main, a crié qu'il était prêt à se battre. "Si la police tire sur nous, nous mettrons le feu", ont dit en choeur les manifestants.

"Quasi-anarchisme des ONG"

Ce ressentiment, Didier Le Bret, ambassadeur de France en Haïti, le comprend parfaitement. "Vous ne pouvez pas pendant 4 semaines brasser des millions d’aide et exiger d’une population qu’elle reste calme. L’aide a du mal à arriver. Elle arrive, mais y a toujours un sentiment d’impatience", a-t-il expliqué jeudi sur Europe 1. "Il y a une tradition de quasi-anarchisme des ONG dans ce pays. Elles font un travail merveilleux, mais il faut remettre un peu tout le monde au pas." Pour le diplomate, une seule solution : "Tant qu’on n’aura pas remis le gouvernement et les autorités haïtiennes au cœur du dispositif, on n’y arrivera pas", a-t-il assuré.

Didier Le Bret a également refusé d’alimenter la polémique sur les amputations qui auraient été pratiquées parfois avec négligence, notamment par certains chirurgiens américains. "On ne peut pas faire de mauvais procès a posteriori. Un chirurgien est un chirurgien. Il prend une décision en son âme et conscience. Et il y avait des décisions à prendre dans l’urgence."