Jérusalem : un ministre palestinien dénonce des "menaces" américaines à l'ONU

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley (photo) a envoyé une lettre à ses homologues pour les dissuader de condamner les États-Unis.
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley (photo) a envoyé une lettre à ses homologues pour les dissuader de condamner les États-Unis. © AFP
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avec AFP , modifié à
Mercredi, le ministre palestinien des Affaires étrangères s'est élevé contre une lettre envoyée par l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, à plusieurs de ses homologues.

Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki a dénoncé mercredi "les menaces" et "intimidations" américaines destinées à dissuader les membres de l'Assemblée générale de l'ONU de condamner la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par Washington.

L'ONU appelée à voter jeudi. Lors d'une conférence de presse à Istanbul, Riyad al-Malki s'est élevé contre une lettre envoyée par l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley à plusieurs de ses homologues les mettant en garde contre une telle condamnation selon lui "en les menaçant et en tentant de les intimider". "Ils (les États-Unis) leur ont dit qu'ils allaient noter leurs noms pour s'occuper d'eux plus tard", a-t-il ajouté. L'Assemblée générale de l'ONU est appelée à voter jeudi sur une résolution condamnant la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d'Israël, ce qui a suscité mardi une très ferme mise en garde des États-Unis.

Des tentatives d'intimidation américaines ? "Le président (Donald Trump) observera attentivement ce vote et il a demandé que je lui signale les pays qui auront voté contre nous", a ainsi écrit l'ambassadrice américaine Nikki Haley dans une lettre qu'elle a adressée aux ambassadeurs à l'ONU de plusieurs pays. "Nous prendrons note de chacun des votes sur cette question", a-t-elle averti dans sa lettre. Ce langage rappelle celui utilisé lundi par Nikki Haley à l'adresse de ses 14 partenaires au Conseil de sécurité après avoir eu recours au droit de veto pour bloquer l'adoption d'une résolution similaire par le Conseil de sécurité de l'ONU. À la différence de ce qui se passe au Conseil de sécurité, il n'y a pas à l'Assemblée générale de droit de veto et les textes qui y sont adoptés n'ont pas de valeur contraignante. Le projet de résolution à l'Assemblée générale reprend globalement les termes du texte proposé lundi au Conseil de sécurité. Y sont ajoutés des rappels des résolutions concernant Jérusalem et adoptées par l'Assemblée générale, y compris les plus récentes.

 "La logique du 'Je suis fort donc j'ai raison' a changé". Riyad al-Malki parlait à l'aéroport d'Istanbul lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu avant de s'envoler au bord du même avion pour New York afin d'assister au vote à l'Assemblée générale. "Nous voyons maintenant que les États-Unis ont pris la voie des menaces (...) Qu'allez-vous faire en prenant les noms ? Allez-vous permettre que ces pays soient eux aussi occupés ? Ou allez-vous les punir ?", a lancé le ministre turc.  "Le monde a changé. La logique du 'Je suis fort, donc j'ai raison' a changé. Désormais, le monde se soulève contre l'injustice. Désormais, aucune nation qui a de l'honneur, aucun État qui se respecte ne courbe l'échine face à ce genre de pressions", a-t-il ajouté. Le texte de résolution soumis à l'Assemblée générale est proposé par le Yémen et la Turquie au nom du groupe des pays arabes et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI).

La semaine dernière, les dirigeants de l'OCI réunis à Istanbul ont proclamé Jérusalem-Est "capitale de l'État de Palestine" et ont appelé les autres pays à reconnaître un État de Palestine et Jérusalem-Est comme sa capitale occupée. Israël a annexé la partie orientale de Jérusalem, dont elle a pris le contrôle pendant la guerre de 1967, puis voté une loi faisant de la Ville sainte sa capitale "indivisible". Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale et les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur État.

Trump menace de couper les fonds américains

Le président des États-Unis a brandi mercredi la menace de couper les fonds aux pays tentés de voter à l'ONU la condamnant la décision américaine. "Nous prenons note de ces votes", a-t-il lancé depuis la Maison-Blanche, dénonçant "tous ces pays qui prennent notre argent et ensuite votent contre nous au Conseil de sécurité voire à l'assemblée générale". "Ils prennent des centaines de millions de dollars et même des milliards de dollars et, ensuite, ils votent contre nous", a-t-il tempêté à l'occasion d'une réunion en présence de l'ensemble de son cabinet.