Donald Trump serait-il atteint de démence précoce ? Des médias et des experts s'inquiètent

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Les supposées difficultés de Donald Trump pour lire font partie des arguments utilisés par ses détracteurs. © SAUL LOEB / AFP
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Anaïs Huet
L'animateur américain David Pakman, ainsi que plusieurs scientifiques, émettent l'hypothèse selon laquelle le comportement parfois étrange de Donald Trump pourrait être le signe d'une démence précoce.

Donald Trump nous a habitués à des saillies parfois incohérentes, voire incompréhensibles, et à un vocabulaire pour le moins limité. Aux Etats-Unis, un collège de scientifiques, parmi lesquels des psychiatres, évoque des symptômes pouvant laisser craindre une forme de démence précoce du 45e président des Etats-Unis. Récemment, un animateur américain, David Pakman, en a fait une démonstration clairement orientée, au moyen de séquences vidéo à charge. Imparable, ou presque.

L'animateur avait déjà souligné les difficultés rencontrées par le président américain pour lire un texte de manière fluide, et les excuses que Donald Trump trouvait parfois pour éviter d'avoir à lire en public. S'appuyant sur les travaux d'experts psychiatriques, il avance que ces difficultés pourraient être l'un des symptômes d'une forme de dégénérescence mentale, comme la maladie d'Alzheimer par exemple.

Inhibition, oublis et erreurs factuelles. Une hypothèse qui trouve un certain écho parmi les détracteurs de Donald Trump, qui constatent, avec effarement et depuis la campagne présidentielle, son absence d'inhibition, ses réponses à côté de la plaque, ses difficultés à se concentrer, ou encore ses oublis ou erreurs sur des sujets récents et cruciaux. Il y a quelques jours, le président américain était interrogé par une journaliste suite aux frappes américaines en Syrie. Donald Trump avait alors confondu la Syrie avec l'Irak. Certains ont alors supposé que le président avait ordonné ces frappes sans trop réfléchir, sans maîtriser le dossier, et par pure impulsivité. Or, pour Jean-Eric Branaa, spécialiste de la politique américaine interrogé par Europe1.fr, il est "très réducteur de penser que Donald Trump est seul à décider à la Maison-Blanche. C'est caricatural, et les gens méritent mieux comme explication". 

Un champ lexical très pauvre. Selon David Pakman, un autre élément vient appuyer la thèse d'une démence précoce : le champ lexical très limité du président. "Bad thing", "good thing", "great guy", "bad guy", "amazing"… Des expressions présentes dans toutes ses allocutions, ou presque. L'animateur américain compare ainsi la pauvreté de son vocabulaire à celui utilisé par l'ancien président Reagan, lui-même atteint de démence. A l'époque, le 40e président des Etats-Unis utilisait des mots très simples, des "mots-valises", comme ceux employés par Donald Trump. "Est-ce que le fait de formuler des phrases légères et mal construites fait de lui quelqu'un de dément ? Est-ce que les SMS sont une forme de démence ?", interroge Jean-Eric Branaa, qui dénonce "une attaque en dessous de la ceinture, qui ne mène nulle part".

Des professionnels s'alarment. Si les présomptions de démence autour de Donald Trump peinent à convaincre le peuple américain, elles sont toutefois étayées par d'éminents professionnels de la santé mentale. Nos confrères de L'Obs ont notamment interrogé le docteur John Gartner, psychologue spécialiste des troubles de la personnalité, et professeur à l'université John-Hopkins de Baltimore. Il préside l'association Duty to Warn ("devoir d’alerte", en français) qui affirme que Donald Trump est bel et bien malade. Il y a deux mois, cette association avait lancé une pétition pour demander un examen clinique du chef de l'Etat, signée par plusieurs dizaines de milliers de personnes. Le Dr Gartner affirme que "Donald Trump est mentalement malade. Il est toujours notre président, et il continue à générer autour de lui du chaos."

La transgression d'une règle déontologique. De son côté, Jean-Eric Branaa doute fortement du sérieux de ces informations. "C'est un peu incroyable de s'en prendre à la santé mentale d'un président, sans avoir établi aucun diagnostic", dénonce-t-il. "Pendant la campagne présidentielle de 1964, le candidat républicain Barry Goldwater avait été ouvertement accusé de folie par des scientifiques. L'association psychiatrique américaine avait alors établi une règle, censée être toujours en vigueur aujourd'hui, selon laquelle les psychiatres ne doivent jamais faire ce type de commentaires sans avoir établi un réel diagnostic, après une vraie visite médicale", indique Jean-Eric Branaa. "Là, la règle déontologique n'est pas respectée. On franchit des lignes quand on attaque les hommes politiques sur des sphères dans lesquelles on n'a pas à rentrer", dénonce-t-il.

Pour le spécialiste de la politique américaine, cette stratégie visant à mettre en doute la santé mentale de Donald Trump "fait surtout partie du 'fantasme de l'impeachment'", la procédure permettant de destituer un président aux Etats-Unis. Depuis l'installation du magnat de l'immobilier à la Maison-Blanche, ses très nombreux opposants en rêvent. Quitte à user de tous les arguments ?